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- Coup de projecteur sur la vie bouleversante de Darline, une déplacée de la commune de carrefour-feuilles
Depuis quelques années, Haïti fait face à une crise sociopolitique sans précédente, marquée particulièrement par la violence des groupes armés. Chaque jour, le bilan des victimes s'alourdit dramatiquement. Dans ce chaos, les femmes et les filles sont les plus exposées, prises au piège dans ce fléau qui déchire le pays. Selon un rapport publié par le sous cluster VBG Haïti, en partenariat avec le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF), 3 804 incidents de VBG ont été rapportés, allant de janvier à mai 2025. Parmi ces cas, 77% sont des femmes adultes et 6% des filles de moins de 18 ans. 49% d’entre elles ont été violées. 53% sont des viols collectifs dont la majorité est recensée dans le département de l’Ouest. À la suite de ces cruautés, la vie de ces survivantes connait un tournant poignant. Darline, 48 ans, est une fière fille de la commune de carrefour-feuilles. Comme plusieurs générations de sa famille, elle a habité la zone depuis sa naissance jusqu’au dernier assaut des gangs. En un cillement de regards, elle a tout perdu. Aujourd’hui, elle est séparée de sa famille et de ses trois filles. Vêtue d’un jeans bleu et d’un t-shirt à fleur, Darline marche à pas de tortue. Dépassée par les évènements, elle se rend à l’organisation de Développement et de lutte contre la Pauvreté (ODELPA), à Delmas, pour un appui psychosocial. Elle raconte son histoire : « Les bandits m’ont tout pris : la vie de mes proches, ma maison, mon business, ma dignité et j’en passe. Il ne me reste plus rien. Tous mes efforts sont réduits à néant ». En dépit des différents tumultes de la zone, Darline n’aurait jamais pu imaginer qu’un jour qu’elle serait vraiment chassée de carrefour-feuilles. Après des années de résistance acharnée, cette battante a finalement dû s'avouer vaincue : fuir sans aucune destination. Une décision qui a précipité sa vie dans un nouveau gouffre. « Durant mon escapade, malheureusement j'ai été violée. Cette atrocité m'a changée à jamais. Je ne suis plus la même. Ma santé mentale est grandement affectée, une situation qui a des répercussions sur ma santé physique », confie-t-elle avec des yeux larmoyants. Dès l'horreur passée, Darline, infirmière avertie, s'est immédiatement rendue dans un centre hospitalier pour effectuer les suivis médicaux adéquats, afin d’éviter toutes maladies ou infections sexuellement transmissibles. Une vie volée en éclat Cette crise insécuritaire ne se limite pas à perturber le quotidien de la population ; elle détruit aussi leur avenir en emportant les fruits de travail de longue haleine. La professionnelle de la santé, possédait à Carrefour-Feuilles une pharmacie bien équipée, où elle vendait des médicaments à des prix raisonnables. Un matin, elle a fait l’acquisition de plus de cent-cinquante mille gourdes de marchandises. Dans l’après-midi même, elle s’est faite dépouillée. Aujourd’hui, cette femme qui menait une vie pleinement épanouie ne peut même pas se nourrir. Elle vagabonde dans les rues, les mains vides, avec l’espoir de trouver un morceau de pain. « Je ne suis pas habituée à vivre dans cette misère aussi accrue. J’ai fait l’essentiel pour avoir une vie décente. J’ai beaucoup lutté afin de vivre dignement et d’offrir une éducation de qualité à mes enfants. Chacun d’entre eux loge sous un toit différent, loin de leur mère. Et moi qui dors sur la galerie d’une simple connaissance à Juvénat », explique l’étudiante en droit et en comptabilité. Ne trouvant plus de mots pour mettre sur son vécu, Darline passe plus de 2 minutes à pleurer tout en secouant la tête. « À chaque instant, j'entends encore résonner les tirs des gangs. Ces moments sombres me hantent. Je revis le viol, alors qu'avant ce drame, j'avais fait le choix de ne partager ma vie et mon corps avec personne. Ils m'ont violée ». La militante féministe émit, un soupir après chaque mot. Celle qui, hier encore, luttait pour les droits des femmes, est aujourd'hui une victime de l'horreur qu'elle combattait. Le paradoxe est cruel : son combat, ses idéaux, tout semble s'être effondré sous le poids de ce même fléau. Professionnelle de son état, la mère célibataire circule avec une valise marron contenant toutes ses pièces (diplômes, certificats, pour ne citer que ceux-là). Son vœu le plus cher c’est de décrocher un travail afin de retrouver sa vie d’avant ; de pouvoir répondre aux besoins de ses filles. Darline comme tout le peuple réclame à cor et à cri la sécurité, la sécurité, encore et toujours la sécurité. Hier c’étaient les femmes de Martissant et de Carrefour. Aujourd’hui, celles de l’Artibonite, de Carrefour-feuilles, Delmas 30, du Centre-ville, de Kenscoff et autres. Demain, qui seront les prochaines victimes ? Chaque jour, un nouveau quartier tombe sous la brutalité des groupes armés. Alors que des vies s’éteignent, des biens sont détruits, des rêves se brisent, des innocences sont volées, la puissance publique se contente d’adresser des mots de sympathies et des promesses vides. Jusqu’à quand les femmes pourront-elles circuler en toute quiétude ? Quand est-ce que le respect de leur droit ne sera plus une utopie ? Darline : nom d’emprunt Esperancia Jean Noel esperanciajeannoel@gmail.com
- Participation de l’ODELPA à la 13eme Conférence de l'IAS sur la science du VIH
Soeurette Policar, Directrice executive de l'ODELPA « Je participe à la conférence de l’IAS, cette année, en tant que déléguée du Forum de la société Civile. Ma participation à cette initiative consiste à finaliser un travail déjà commencé en Haïti avec les leaders des Populations clés (PC). Il s'agit d'élaborer un plan détaillé pour plaider en faveur du rétablissement des financements alloués aux services spécifiques destinés à cette catégorie et de réclamer la poursuite des ressources financières du Community Lead Monitoring (CLM) suite à la coupure des fonds », a déclaré Mme Sœurette Policar, directrice exécutive de l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA). Elle a émis ces propos lors la 13 conférence de l'IAS sur la science du virus (VIH) tenu à Kigali, capital du Rwanda. Cette activité, qualifiée comme la plus influente au monde sur la recherche liée au VIH et ses applications, s’est déroulée du 13 au 17 juillet 2025. Elle a eu pour objectif de présenter les dernières études et innovations sur le VIH et les intégrer dans les politiques de santé publique. Aussi, les problèmes financiers actuels impactant les services offerts aux Populations Clés, ainsi que leurs implications pour l'Afrique et le monde entier, ont également été abordés. En prélude de la conférence, Mme POLICAR avait déjà pris part, du 11 au 13 juillet, à un atelier avec le GBGMC. Ce dit atelier était axé sur la finalisation d'un plan opérationnel avec les priorités et les besoins de financement pour les Populations Clés dans cette période de crise et de coupure de dotation. Joint au téléphone, l’activiste aux multiples chapeaux a confié que les objectifs visés par les organisateurs l’IAS ont été atteints. La rédaction des plans de travail, les actions de protestation et de plaidoyer ont figuré à l’ordre du jour du début à la fin de la conférence. Les décideurs, ayant pris part à ce lancement, ont écouté et reçu avec une attention particulière les différents messages délivrés par les Travailleurs du Sexe (TS) et Populations clés. Ces derniers leurs réclamaient un accompagnent constant pour la poursuite des programmes de lutte contre le VIH, en dépit des différentes décisions de l’administration Trump à ce sujet. « Nous pouvons confirmer que les retombés sont positifs. Les actions de plaidoyer ont été fructueuses. En ce jour du 16 Juillet le programme PEPFAR a déjà annoncé des retours sur certaines décisions relatives au financement des programmes liées à cette pathologie. Suite à cette annonce, toutes les activités ne sont pas rétablies à 100%, mais nous espérons que la situation va changer », s’est réjouie Mme Policar. Cependant, pour la coordonnatrice du CLM, il est encore trop tôt pour crier victoire. Le combat pour le respect des droits des Populations Clés ne fait que commencer. En tant qu'être humain, cette frange de la société doit jouir de l’ensemble des privilèges accordés à la personne sans aucune forme de stigmatisation et de discrimination. Les plans de travail seront publiés sur le site de plaidoyer du GBGMC. Cette démarche permettra aux potentiels bailleurs d’avoir des informations essentielles sur les besoins des PC et de les offrir un support adéquat. Cette manifestation scientifique et sanitaire a réuni des activistes, experts et leaders de différentes organisations venus des quatre coins du monde. Tous souhaitent vivement que le financement de PEPFAR se fasse de manière complète et sans aucune restriction. Car chaque personne doit recevoir des services de santé sans distinction de race, de classe, de sexe, de genre ou d'orientation sexuelle. Par Esperancia JEAN NOEL esperanciajeannoel@gmail.com
- Les cris silencieux des femmes victimes de violences en Haïti
Par Jobenson Andou jandou08@gmail.com Au milieu des flammes et des ruines, Haïti s’effondre dans un silence assourdissant. Un silence peuplé de cris. Trop de cris. Ceux des enfants arrachés à leurs écoles. Ceux des vieillards oubliés dans des maisons éventrées. Ceux des mères qui hurlent, le regard vide, l’âme amputée. Chaque ruelle, chaque place publique, chaque camp de fortune abrite une douleur son nom. On n’écoute plus personne, parce que tout le monde crie en même temps. Mais si, juste un instant, on faisait taire notre propre douleur pour entendre celle des femmes ? Ces mères, sœurs, cousines, amies, tantes, ces inconnues qui portent dans leur chair les blessures les plus profondes de cette crise. Si on s’arrêtait un instant pour écouter ce que le chaos leur a volé… « Je suis partie sans rien, juste avec mes enfants et ma peur. Une balle a sifflé, j’ai couru. J’ai couru comme une folle. » – Dodone, 40 ans, déplacée de la Plaine du Cul-de-Sac. C’était il y a quelques mois. Dodone a fui son quartier envahi par les hommes armés. Elle a marché deux jours, dormant parfois sur des bancs de camionnette ou dans les rues, parfois à même le sol. À Kenscoff, une connaissance l’a accueillie pour quelques nuits. Mais dans un quartier qu’elle ne connaît pas, les dangers ne l’ont pas laissée en paix. « Trois hommes m’ont attrapée une nuit. Ils m’ont jetée par terre. J’ai crié, personne n’est venu. Ils m’ont violé. Depuis ce jour-là, je ne suis plus pareille. Les mauvais souvenirs me hantent. Je souffre d’une hémorragie, je n’ai personne vers qui me tourner. Heureusement, je n’ai pas contracté le VIH par ce que j’ai été sous PeP » Dodone baisse les yeux. Elle n’en dira pas plus. Elle n’a pas porté plainte. La honte, la peur, la solitude ont scellé sa bouche. Elle pense à ses enfants. Ce sont eux qui la forcent à tenir, jour après jour. Plus loin, dans un camp de fortune installé derrière un marché public de Carrefour, Mickaëlle enroule un foulard sur sa tête. Elle aussi a fui, avec sa mère et ses deux petites sœurs. Elle rêvait de devenir infirmière. Aujourd’hui, elle pense à survivre, simplement. « Ici, il faut tout négocier. Même un seau d’eau. Un jour, un homme m’a dit que si je voulais nourrir mes sœurs, je devais coucher avec lui. Il m’a pris dans une tente. J’ai vomi après. Je voulais mourir. » Ce n’était pas la première fois. Ni la dernière. Dans ce camp, comme dans tant d’autres, les femmes troquent leur corps contre du riz, du savon, un paquet de biscuits , entre autres. Certaines sont mineures. Beaucoup sont enceintes. Peu parlent. « Tu penses qu’on aime vivre comme ça ? Ce n’est pas une vie. Ce n’est même pas de la survie. C’est de l’humiliation. » Les deux femmes ne se connaissent pas. Elles vivent à des kilomètres l’une de l’autre. Mais leur douleur est identique. Elles n’attendent plus rien des autorités. « On nous dit de signaler les cas de viol. Mais à qui ? Et pourquoi faire ? Personne ne bouge. Personne ne protège. », dit Mickaëlle. Dans une salle communautaire de Port-au-Prince, une militante des droits humains confie sous anonymat : « Depuis le début de cette crise, le nombre de cas de violences sexuelles a explosé. Mais ce n’est que la partie visible. La majorité des femmes ne parlent pas, par peur des représailles. Ou parce qu’elles savent que la justice est faible. » À travers leurs récits, une chose revient avec force : les femmes ne demandent pas la pitié. Elles réclament leurs droits. Le droit de vivre sans violences. Le droit d’élever leurs enfants sans crainte. Le droit de marcher dans leur quartier sans avoir peur de se faire traîner dans un coin. « On est des êtres humains. On mérite de vivre comme tels. Ce n’est pas un luxe, cest notre droit », conclut Dodone. Dans le silence général qui s’abat sur Haïti, les cris des femmes doivent devenir notre alarme. Il ne suffit plus de compatir. Il faut agir. Parce qu’une société qui piétine ses femmes est une société déjà morte. Et elles, malgré tout, sont encore debout. Mais jusqu’à quand ? Dodone et Mickaëlle : Noms d'emprunt
- Haïti – 102 jeunes diplômés d’un programme d’insertion et d’autonomisation, une cérémonie marquée de solidarité et d’espoir
Par Louiny FONTAL Photo de groupe avec les bénéficiaires Vendredi 27 juin 2025, l’Hôtel Montana, à Pétion-Ville, a accueilli la cérémonie de remise de certificats à 102 jeunes issus de différents quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et plusieurs sites de déplacés internes. Cette activité s’inscrit dans le cadre du programme « Sensibilisation, éducation, appui psychosocial et renforcement économique », mis en œuvre par l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA) avec le soutien de plusieurs partenaires internationaux. Les personnalités présentes La cérémonie a réuni un parterre de personnalités, parmi lesquelles l’Ambassadeur de Taïwan en Haïti, le représentant de l’ONUSIDA, Dr Christian Mouala, des délégués du HCR, des représentants de l’UNESCO, de l’UNFPA, de l’Hôpital DASH et du Forum de la société civile. Leur présence a témoigné d’un intérêt commun pour la formation et l’autonomisation des jeunes dans un contexte national marqué par l’insécurité et la précarité. En ouverture, l’hymne national a été interprété par Daïka Fanfan, suivi des propos de bienvenue et d’un rappel du contexte du projet. La présidente de l’ODELPA, Mme Ficeline Rateau, a souligné dans son discours que « ce projet n’est pas une fin, mais une graine, une méthode qui a fait ses preuves », appelant à un engagement durable des partenaires pour la pérennisation des acquis. Les interventions des récipiendaires ont apporté un éclairage concret sur les impacts du programme. Pour Adassa Neïla Claude, bénéficiaire de la formation en coupe et couture, cette expérience « a redonné confiance et offert des perspectives professionnelles ». De son côté, Geralda Cheristin, formée sur les violences basées sur le genre, a rappelé les défis quotidiens des jeunes des quartiers vulnérables et l’importance de renforcer les espaces de résilience. La remise des certificats s’est déroulée en trois séquences, ponctuées d’intermèdes musicaux et d’un vibrant chant de remerciement interprété par Jeansmide Jocelyn. Moment particulièrement attendu, le défilé de mode présenté par les apprenants en coupe et couture a permis de mettre en valeur leur savoir-faire et leur créativité. Les robes, jupes et corsages confectionnés durant les deux mois de formation ont suscité admiration et fierté. Dans son allocution, Dr Mouala, représentant de l’ONUSIDA, a salué une « initiative courageuse » et encouragé la poursuite des efforts en faveur de l’insertion sociale et économique des jeunes. Le représentant du HCR à cette cérémonie, M. Remy Junior Mauvais, a également réaffirmé l’engagement de son organisation à soutenir les populations vulnérables et déplacées. Pour les organisateurs, cette cérémonie vient clôturer une première étape d’un processus d’autonomisation, dans un contexte où l’instabilité et le manque d’opportunités pèsent lourdement sur les perspectives d’avenir. La présidente de l’ODELPA a insisté sur la nécessité de « faire éclore une seconde phase » et de créer des passerelles concrètes entre formation et emploi. L’événement s’est achevé par un appel collectif à renforcer la solidarité entre les acteurs publics, privés et communautaires, afin d’élargir la portée de ce programme et d’en garantir la continuité.
- Offrir un accompagnement psychosocial aux victimes de VBG : la nouvelle mission de l’ODELPA
Le samedi 21 juin 2025, l'Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA) a organisé son premier focus groupe de suivi psychosocial. Cet événement a accueilli 25 femmes victimes de violences basées sur le genre (VBG) particulièrement la violence sexuelle. Il s’est déroulé en son local, à Delmas, autour du thème : « Ou ka leve ankò ! ». L’objectif visé : Apporter un support psychosocial à ces survivantes et permettre leur réhabilitation afin d’affronter les aléas de la vie. Cette journée a été financée par le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (UNHCR), la Fondation pour la Santé Reproductrice et Familiale (FOSREF), le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le Forum de la Société Civile et l’Observatoire communautaire des services VIH (OCSEVIH). « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l'espoir. Face à ces moments sombres que traverse le pays, ne vous découragez pas. Vous devez être forte, car cette situation ne peut pas durer éternellement. Elle doit changer .» Tels ont été les propos circonstanciels de Mme Ficeline RATEAU, Présidente de ladite institution pour ouvrir l'activité. Avec un sourire chaleureux, elle a salué le courage et la participation de ces femmes dont la majorité, des déplacées. Sans plus tarder, l’assistante sociale, Myriame FRANÇOIS, a invité ces femmes, d'une part à lier connaissances et amitié entre elles. D'autre part, à exposer leurs ressentis psychologiques. Un exercice qui n'a pas été facile pour ces dernières. Elle a fait surgir des douleurs - des larmes - du désespoir - de la rage et surtout l'envie de vivre malgré tout. « Je suis une déplacée à cause de la violence des groupes armés. J'ai été violée. Suite à cet acte ignoble, je souffre de douleurs abdominales continues. Le médecin m'a informé d'une inflammation du col de l'utérus. Je dois passer des examens médicaux et acheter des médicaments. Mais hélas! les coûts sont élevés et les moyens financiers me manquent », a relaté Joanne avec un visage pâle. « Je revis par intermittence ces moment qui ont assombri ma vie. Mentalement je vais vraiment mal », a lancé Miranda, les yeux embués de larmes. A lire l'expression faciale de ces femmes, on peut remarquer la désolation, la déception, le découragement pour ne citer que ceux-là. Certaines ont expliqué que leur existence n'a aucun sens et se demande pourquoi continuer à vivre si leur quotidien est empeigné de douleurs, d’incertitudes et de doutes. Pour d'autres, la vie est un combat, chaque coup encaissé est une forme de résilience et les cicatrices ne doivent pas être perçues comme une barrière mais un échelon. Marie, une jeune dame, dans la quarantaine, avec une voix assez ferme, a décidé de mettre des mots sur sa vie. Selon elle, le bonheur a été toujours loin de sa personne. Depuis sa tendre enfance jusqu'à aujourd’hui, elle n'a jamais connu une vie de rêve. Elle raconte : « À mes 9 ans, j'ai perdu ma mère. Depuis, je patauge de maison en maison. Parfois, chez des tantes, des oncles, des proches de mon père. Une situation qui a eu des répercussions néfastes sur mon bien-être. Ma foi a été le seul fil qui m'a accroché à la vie durant ces moments difficiles ». Après un long moment de pause, Marie arrive à mettre des mots sur ces anciennes blessures : « Lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010, j’ai été fracturé aux pieds, j’étais clouée à une chaise roulante pendant plus de trois mois. Cette épreuve, je l’ai surmontée, bien qu'une certaine sensibilité demeure. Plus récemment, la situation actuelle du pays m'a forcée à fuir ma maison. Malgré tout, l'événement le plus traumatisant de ma vie, celui qui me pèse encore lourdement, est le viol collectif que j'ai subi de la part de douze agresseurs. J’ai toujours eu la chance de rencontrer des personnes qui m'ont aidées à aller de l'avant, j'espère que cette chance continuera de m'accompagner ». Se vider pour se sentir mieux Suite à ces échanges, les unes plus douloureuses que d'autres, le psychologue Robens DOLY a salué le courage de ces vaillantes femmes, qui ont accepté de partager leurs péripéties. Il les a fait savoir, que certaines fois, briser la glace contribue à se soigner psychologiquement. D’un air assez serein, le professionnel en santé mentale les aide à comprendre la VBG, mettre des mots sur leurs douleurs et apprendre des gestes simples et concrets pour se protéger ou aider une autre femme en danger. Pour alléger l'atmosphère, des exercices de méditation ont été proposés. Les yeux clos, le dos droit, les mains posées sur les genoux, DOLY a invité les bénéficiaires à écouter leur fort intérieur, à se vider, à se laisser porter par les vagues d'un instrumental relaxant. Après ce moment de détente, une joie s'est dessinée sur les visages des femmes. Sous les rythmes entraînants de « Viva les difficiles », la salle s'est transformée en une piste de danse. Chants et fous rires ont alors rempli l'espace. La séance s'est clôturée avec la distribution de kits hygiéniques. Les survivantes n’ont pas caché leur satisfaction avec des mots remplis de gratitude. Une aventure qui ne fait que commencer, un deuxième focus groupe est déjà prévu dans les jours à venir. Noms d’emprunts : Joannse, Mirlanda, Marie Esperancia JEAN NOEL esperanciajeannoel@gmail.com
- Au-delà des données, le CLM renforce ses équipes sur les Premiers Secours Psychologiques et la Communication
« La santé mentale n’est pas juste l’affaire des psychologues. C’est une responsabilité collective et un enjeu transversal dans toutes les sphères de la société », cette affirmation du psychologue Robens DOLY a résonné avec une force percutante au sein d'un atelier de travail organisé sous l’égide du Community Lead Monitoring (CLM), les 21 et 22 mai 2025. Tenue à l'Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA), à Delmas, cette initiative visait à consolider les connaissances et à perfectionner les outils des moniteurs et coordonnateurs de zones du CLM. Au-delà de l'optimisation des techniques de collecte de données, ces deux journées ont révélé une ambition plus vaste : celle de doter les équipes du CLM d'une compréhension approfondie sur des enjeux humains et relationnels inhérents à leur mission. L'intervention de Robens DOLY sur les Premiers Secours Psychologiques (PSP) et celle de Johnny CLERGÉ, membre du Groupe Communautaire Consultatif (GCC), sur les règles de bonne communication constituent les deux nouvelles pierres angulaires de cette formation. Elles viennent enrichir les moniteurs et coordonnateurs, leur permettant d'aborder la prise en charge des patients avec une sensibilité accrue et une efficacité redoublée, comme l’avait annoncé la Coordonnatrice du CLM, Mme Sœurette POLICAR à l’ouverture de cette activité. Les premiers secours psychologiques : Une réponse à la détresse croissante Lorsque Robens DOLY a pris la parole, la salle s'est imprégnée d'une concentration attentive. Sous le halo d'un projecteur diffusant sa diapositive sur un écran, les participants, qu'ils soient présents physiquement ou connectés en ligne, suivaient chaque mot, prêts à interagir et à s'approprier de ces connaissances vitales. DOLY a déployé son expertise, offrant un cadre méthodologique clair et accessible pour l'application des premiers secours psychologiques. Son intervention a mis en exergue les objectifs fondamentaux des PSP, axés sur la réduction de la détresse initiale et la promotion de l'adaptation face aux événements traumatiques. Il a souligné la nécessité d'apporter un réconfort émotionnel, d'évaluer les besoins, les préoccupations des personnes et de les guider vers des ressources appropriées si nécessaire. Il a également identifié les populations cibles des PSP : individus ayant vécu ou été témoins d'un événement traumatisant (violences, accidents, catastrophes naturelles), ceux ayant subi une perte brutale ou un deuil difficile, les personnes en situation de crise émotionnelle aiguë (attaque de panique, dépression sévère, tentative de suicide) et les personnes vivant un déplacement forcé. « Dans un contexte où les violences basées sur le genre constituent une réalité sociétale préoccupante, il est essentiel d’orienter les survivantes de la VBG vers des ressources pouvant les assister. Voilà pourquoi cette formation essentielle s'inscrit dans l'objectif de transformer chaque participant en un maillon crucial de la chaîne de solidarité, capable d'apporter un réconfort immédiat et une orientation pertinente et appropriée aux victimes de VBG », a-t-il affirmé. Les règles de la communication: l'intervention tactique de Johnny CLERGÉ « Les règles pouvant faciliter une bonne communication entre les patients et les équipes sont fondamentales pour instaurer la confiance et assurer une meilleure observance des traitements », a déclaré l'éminent membre du Groupe Communautaire Consultatif (GCC) au CLM lors de son intervention. Après avoir défini ce concept, Johnny a abordé les éléments clés d'une bonne communication. Il a ensuite passé en revue les différents types et formes de communication, soulignant que celle-ci s'étend au-delà des mots pour englober les postures corporelles, le langage, l'écriture et même l'image. Plus important encore, il a détaillé les erreurs à proscrire en communication interpersonnelle, citant notamment l'utilisation excessive de jargon, des interprétations erronées dues à un manque d'écoute active, des généralisations et des ordres plutôt que des suggestions. L'objectif était de fournir aux participants des outils concrets pour établir une relation de confiance avec les patients, favoriser l'écoute active et désamorcer les situations potentiellement tendues. Deux Journées d'intensification et de Stratégie Cet atelier intensif s'est avéré particulièrement riche en connaissances et en échanges. La session technique, placée sous la tutelle de Joanne H. ISIDOR, Directrice des Données et de Stratégies et de ses assistants, a été spécifiquement dédiée à la révision et à l'ajustement des indicateurs des formulaires de surveillance de la tuberculose et du paludisme. En collaboration étroite avec l'assistance, des modifications précises ont été identifiées afin d'affiner les interrogations à inclure ou à retirer de ces fiches, garantissant ainsi une collecte de données plus pertinente et efficace. Par ailleurs, Francesca Juliyanah BUTEAU, dès la genèse, a présenté le CLM, détaillant son historique, son importance cruciale, ses principes directeurs, ainsi que les rôles et responsabilités incombant à chacun de ses membres. Pour une évaluation pédagogique ciblée, un pré-test et un post-test ont été administrés aux participants, permettant de mesurer leur niveau de connaissance avant et après la formation. L'activité s'est achevée par la planification détaillée du calendrier de collecte de données pour le mois à venir, clôturant ainsi deux journées fructueuses, intégralement dédiées à l'excellence opérationnelle et à l'humanité au service de la santé communautaire. Marc-Kerley FONTAL marckerleyfontal@gmail.com
- Commémoration de la journée internationale contre l'homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie en Haïti
Le vendredi 17 mai 2025, l’Hôtel Montana, a accueilli la journée internationale contre l' homophobie , la lesbophobie , la biphobie et la transphobie , en Haïti. Cette activité s’est déroulée sous l’égide du Comité national de plaidoyer et des populations-clés en Haïti (CNPPCH), autour du thème : « le pouvoir des communautés ». Elle visait à promouvoir des actions de sensibilisation et de prévention au profit de la communauté LGBTQI+. Près d'une centaine de personnes, œuvrant pour le respect des droits de cette communauté, a pris part à cette initiative. On retient : Dr Fritz Moïse, Président du Forum de la Société Civile; Jhony LAFLEUR, Président du CNPPCH; Charles King, Président du conseil d'administration de Housing Works; Francesca Juliyanah BUTEAU, Présidente du Comité National Représentatif de la Communauté Trans Haïtienne; Soeurette Policar, Coordonnatrice du Community Lead Monitoring (CLM) ; Reginald DUPONT, Directeur Exécutif de la fondation SEROVIE; Dr Eva Marly STEIDE, Directrice Pays de Housing Works sans oublier les membres du CLM et de la communauté LGBTQIA+, pour ne citer que ceux-là. La programmation de cette activité hybride a été bien garnie. Discours circonstanciels, panel de réflexion et de sensibilisation, présentation du rapport de collecte de données TB/Malaria du CLM, partie musicale, chorégraphie, remise de plaques d’honneur et mérite, entres autres, ont été au cœur de cette célébration. IDAHOT à travers son prisme historique et social Johny Clergé, secrétaire générale de la fondation Arc-en -Ciel d’Haïti (ORAH) « La journée du 17 mai a pris naissance à partir d’une décision émanant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 1990, consistant à supprimer l’Homosexualité de la liste des maladies mentales. C’est une date de grande importance dans la lutte pour le respect des droits de la communauté LGBTQIA+ dans le monde particulièrement en Haïti », a déclaré Johny Clergé, secrétaire générale de la fondation Arc-en -Ciel d’Haïti (ORAH). Selon ce dernier, avec le poids des années, IDAHOT a pris beaucoup d’ampleurs. Cependant, en Haïti, en dépit des différentes avancées, la communauté est toujours confrontée à une spirale de violences. La stigmatisation et de la discrimination ne sont jamais trop loin. Elles pèsent lourdes. Avec les nouvelles technologies de communication, la situation s’intensifie au quotidien. Les membres de la communauté sont constamment au pilori à cause de leur orientation sexuelle, leur identité de genre et autres. Quel avenir du mouvement LGBTQIA+ en Haïti après la coupure budgétaire des programmes ? La dernière partie de la journée a été réservée au débat. Un panel composé de Jhony LAFLEUR, Francesca Juliyanah BUTEAU et Jhony CLERGÉ, a été constitué. Leurs réactions ont été portées sur le futur de la communauté suite au gel de fonds des programmes VIH. Le Président du CNPPCH, a souligné que IDAHOT ne doit pas être seulement perçue comme une célébration. Elle doit être aussi empeignée de réflexions, de sensibilisations et d’actions. « Le pouvoir des communautés, un thème qui nécessite la collaboration de tous les alliés. Ce thème nous rappelle nos principaux engagements envers nos communautés, peu importe l’endroit où nous sommes. Il est temps de se serrer les coudes pour avancer car l’union fait la force ». A droite, Johny Clergé, secrétaire générale de la fondation Arc-en -Ciel d’Haïti (ORAH) Cerné de regards, le premier citoyen de l'AJCDS a fait savoir que Le gel des fonds n’est sans conséquences sur la communauté. Elle impacte les activités devant être réalisées au profit de celle-ci. Pour pallier à ce problème, les leaders des différentes organisations doivent entreprendre des actions dans l’objectif de construire un avenir solide pour les membres. Pour sa part, Francesca a fait savoir que cette mauvaise passe doit être le moment opportun pour identifier les stratégies durables pour l’avenir de la communauté LGBTQIA+. Aussi, identifier ses vrais alliés et renforcer les liens avec les partenaires internationaux qui continuent de soutenir la lutte. D’un autre côté, Clergé a exprimé son inquiétude sur l’avenir du mouvement LGBTQIA+ en Haïti après la coupure budgétaire des programmes . « La rupture des fonds alloués aux programmes VIH, par l’administration de Donald Trump, est comme une épée de DAMOCLES pour le pays particulièrement pour la communauté. C’est une violation flagrante des droits de la personne humaine. On peut comprendre que rien n’est jamais acquis en matière de combat pour le respect des droits humains. Cela doit se faire de façon continue. Car du jour au lendemain on peut tout perdre », a-t-il souligné. Profitant du micro de l’ODELPA, le militant a exhorté l’ETAT de répondre à ses obligations régaliennes, vis-à-vis des LGBTQIA+ et des populations clés, conformément aux dispositions de l’art 19 de la Constitution Haïtienne. Car ces franges de la société doivent aussi jouir de l’ensemble des privilèges accordés, aux habitants de cette terre, suivant les instruments juridiques portant sur les droits humains. « Le taux de prévalence du VIH va accroitre chez les jeunes et les HARSAH en raison de ses suspensions étrangères. La propagation du VIH va atteindre le pic en Haïti », a-t-il relaté avec beaucoup d’inquiétudes. Le CNPPCH a profité de l’occasion pour décerner des plaques d’honneur et mérite à Frantzdy Napoleon, secrétaire de cette structure et Johny Clerge pour leur contribution et leur implication dans lutte pour le respect des LGBTQIA+. Esperancia Jean Noel esperanciajeannoel@gmail.com
- Remise d’une plaque de reconnaissance et de remerciement à l’ODELPA pour son support inconditionnel à la communauté Trans en Haïti
« En reconnaissance et remerciement à l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA), pour son soutien indéfectible et son rôle décisif, important et sa contribution à la réussite de notre mission en Haïti », tels sont les mots figurés sur cette distinction remise en main propre de Monsieur Dominique St VIL, à Mme Esperancia JEAN NOEL, Officière de communication de ladite institution. Vêtu d’une tunique rouge et noire, le responsable administratif du Comité National Représentatif de la Communauté Trans Haïtienne (CNRCTH), a lu avec beaucoup d’émotions les écriteaux traduisant leur considération à l’égard des travaux effectués par l’ODELPA pour le respect des droits humains. Il a parallèlement félicité les leaders de cette organisation, qui, en dépit de leur foi religieuse, luttent aux côtés de la communautés Trans. Cette marque de gratitude du CNRCTH et du Réseau National la Communauté Trans Haïtienne (RNCTH), s’inscrit dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la visibilité des personnes Trans. Une activité tenue le lundi 31 mars 2025, par cette structure en partenariat avec Housing Works, à l’hôtel El Rancho, Pétion-ville. Elle a réuni plus d’une centaine de personnes issues de sphères différents mais luttant pour une seule et unique cause : le respect des droits de la personne humaine. Elle relevait de donner une voix à la communauté Trans, aussi de renforcer les actions de plaidoyer afin de construire une société plus juste et équitable ou l’identité de genre ne sera pas entachée de marginalisation. « Aujourd’hui marque la journée internationale de la visibilité des personnes Trans, une journée très importante pour cette communauté. Elle doit être aussi considérée comme une journée de réflexion menant vers des actions concrètes afin de changer le sort des personnes Trans en Haïti. Les droits de cette communauté sont violés en permanence surtout avec la montée exorbitante de l’insécurité. Lorsque vous rencontrez une personne qui s’identifie comme telle, la première chose qu’il faut savoir, c’est une personne à part entière, devant jouir de l’ensemble des droits consacrés à la personne humaine », a déclaré Mme JEAN NOEL. Et de poursuivre : « Au nom de l’ODELPA, je salue la détermination de chaque Trans ici dans cette salle, la détermination de chaque Trans du pays qui, malgré les multiples défis confrontés, s’arment toujours de courage afin de lutter pour le respect de leurs droits. L’ODELPA renouvelle son engagement afin de continuer à soutenir cette communauté et lutter à ses cotées afin de changer la donne ». Un moment truffé d’émotions… Cet évènement a été l’occasion parfaite pour les différents partenaires et leaders d'organisations présents de placer un mot en signe de motivation, d’encouragement et de félicitations à cette communauté souvent victime d’une spirale de violences. Aussi, de réitérer leur promesse à son égard. On retient : Dr Fritz MOISE, Président du forum de la société civile ; Dr Eva STEIDE, Directrice pays de Housing Works ; Dr Christian MOUALA, Directeur Pays de l’ONUSIDA ; Rebecca DORCE, membre de Negès Mawon, pour ne citer que ceux-là. Dans un discours vibrant, Francesca Juliyanah BUTEAU, Présidente du CNRTCH, a levé la voix pour raconter l’histoire souvent douloureuse des personnes trans au sein de notre société. Son cri de secours et porteur d’espérance, a resonné comme un appel urgent à l’empathie et à l’action. « Cette journée n’est pas seulement une célébration de notre identité mais aussi un appel à l’action pour l’égalité et l’équité, le respect, la dignité et la reconnaissance des personnes Trans à travers le monde. Aujourd’hui nous célébrons la résilience, la force du respect et l’amour de soi des personnes Trans. Nous célébrons notre existence qui ne doit plus être réduit au silence ou à l’invisibilité. Nous célébrons notre courage à vivre pleinement malgré les défis que la société nous impose au quotidien », a-t-elle déclaré. La femme Trans a fait savoir que cette journée fait place également à la réflexion en raison de l’inégalité et de l’injustice qui règnent vis-à-vis de cette communauté. Selon cette dernière, les personnes Trans sont souvent sujets à la stigmatisation, la discrimination, la peur du rejet, le non-accès à la santé et à l’éducation pour ne citer que ceux-là. Pour pallier à ces obstacles, œuvrer pour le changement des mentalités, des préjugés et de la promotion d’un environnement libre et serein pour tout un chacun sans tenir compte de son identité de genre et de son orientation sexuelle est plus qu'importante.. « Nous avons besoin que vous soyez des alliés visibles, que vous utilisez vos ressources, vos plateformes et vos voix pour nous aider à faire entendre les nôtres. Nous avons besoin de vous garantir que les investissements dans notre communauté ne se limitent pas à des actions ponctuelles mais s’inscrivent dans une démarche pérenne de transformation sociale, politique et économique », a-t-elle souligné. L’activité a aussi été marquée par la présentation des premiers résultats de l’enquête lancée le 10 mars dernier par Housing Works et le CNRCTH/RNCTH auprès des personnes trans. Cette dite enquête menée dans les dix départements géographiques du pays a pour objectif, d’une part, de mieux comprendre leur vie quotidienne par rapport à leur identité de genre. D’autre part, de recueillir leurs recommandations pour des actions de plaidoyers. L’atmosphère régnant au terminus de cette festivité a été dynamisée par des prestations culturelles insufflant une énergie enflammée chez le public. La Rédaction
- Quand le CPMCV veut protéger la Population haïtienne contre l'hypertension artérielle
« Mesurez votre tension artérielle avec précision, contrôlez-la et vivez plus longtemps », tel est le thème autour duquel se déroulera la campagne nationale de dépistage contre l’hypertension artérielle. Cette initiative du Centre de Prevention de Maladies Cardiovasculaires (CPMCV) sera organisée du 14 au 17 mai 2025, sur tous les départements géographiques du pays. Elle relève de partager au public des informations telle que la prévention, la détection et la prise en charge de cette maladie. « Depuis quelques années, nous assistons à une transition épidémiologique due à la mondialisation des échanges, l'urbanisation sans précédent et à des modes de vie malsains. Ces situations entraînent une augmentation de l'incidence et la prévalence des maladies cardiovasculaires, telles que l’hypertension artérielle, l’infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux. Etant donné que plus de 80% de ces maladies sont largement évitables si certains facteurs de risque sont détectés à temps. Alors, nous au CPMCV, nous misons exclusivement sur la prévention, d’où la réalisation de cette initiative combien louable et prometteuse », a déclaré Dr Francois Willy Staco, directeur exécutif du centre. Selon les données fournies par le spécialiste en Santé Publique, Haïti, est l’un des pays ou l'hypertension artérielle fait rage. Pour illustrer ses propos, il a fait état de cette pathologie qui, durant l’année 2023, a été la principale cause de morbidité dans la cité. Les départements de l'Ouest et du Sud ont enregistré le plus grand nombre de cas suivis du Nord et de l'Artibonite. Autrefois, ce problème de santé publique touchait les personnes âgées. Aujourd'hui, elle est aussi fréquente chez les jeunes. « Près de la moitié de la population haïtienne ne sait pas si elle est affectée par cette pathologie considérée comme un tueur silencieux. 50% des malades ne présentent aucun signe et symptôme, d’où la dangerosité de cette maladie. Une situation qui peut occasionner de graves complications : des crises cardiaques, des AVC et la mort », a relaté Dr Staco. Qui sont les principaux bénéficiaires ? Face à la montée des cas de l’hypertension artérielle ces dernières années, les responsables du CPMCV ont jugé bon de permettre à un grand nombre de personnes de prendre part à ce rendez-vous médical. « Nous avons prévu de recevoir 10 000 bénéficiaires pour cette campagne. Toute personne âgée de plus de 18 ans sur le sol haïtien, avec ou sans une assurance médicale. Cependant, Un accent particulier sera porté sur les personnes ayant des antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires (HTA) ; celles ayant au moins un risque ou présentant un signe de maladies cardiovasculaires », a fait savoir le disciple d’Hippocrate. Et de poursuivre : « tous les services seront offerts gratuitement. Les patients ayant des chiffres tensionnels élevés seront immédiatement pris en charge et référés au besoin. » Qu’en est-il de la programmation ? Le menu de cette initiative sera bien garni. A côté des séances de dépistage, des conférence-débats axées sur l’HTA et les mesures comportementales et hygiéno-diététiques seront prévues. La divulgation de messages de sensibilisation sur la prévention et le contrôle de l’HTA, des distributions de dépliants, des Campagnes en ligne : partage de dépliants sur toutes les plateformes et d'autres médias sociaux seront aussi de la partie. Ces activités seront organisées dans les différentes institutions sanitaires du pays ainsi qu’au niveau des partenaires du ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). Partager des informations sur l'hypertension artérielle pour sauver des vies « Après cette tournée, nous avons 2 grands projets : premièrement, offrir un cours combiné suivant un format pratique : la formation se portera sur les techniques de base de la Réanimation Cardio-Pulmonaire pour adultes et enfants et l'utilisation d'un défibrillateur externe automatisé (DEA). Le cours permettra également aux participants de reconnaître les signes d'une crise cardiaque, d'un accident vasculaire cérébral et d'un arrêt cardiaque. Deuxièmement, le Centre procèdera au lancement de la phase pilote du programme communautaire de prévention de l’hypertension artérielle au niveau de 3 départements du pays. Cette toute première innovation que représente l’implantation de ce Centre de Prévention des Maladies Cardiovasculaires s’appuiera sur une approche holistique et intégrée », a confié le médecin généraliste. Il est à noter que cette campagne a le soutien technique du MSPP, de l’Institut Panos, de la FOSREF et de l’OPS/OMS. Elle sera clôturée, au Cap-Haitien, par un rassemblement visant à joindre les services de santé au profit de la population, en facilitant l’accès à des consultations, l'exposition des matériels éducatifs pour ne citer que ceux-là. Esperancia Jean Noel
- ODELPA explore les racines et perspectives du féminisme haïtien
Le 3 avril 2025, l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA) a célébrée la journée nationale du mouvement des femmes en Haïti à travers l’émission "Attitude". Ce programme a exploré en profondeur le sujet du féminisme haïtien, de son héritage historique à ses perspectives d'avenir. Commémorée pour la première fois le 3 avril 1986, cette initiative a pris une résonance particulière dans un contexte où les violences faites aux femmes atteignent le pic. On peut citer l'Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS-VI) qui révèle qu'une femme sur huit en est victime d’une forme de violence au moins une période de sa vie. Racines historiques et courants du féminisme haïtien Cette émission en deux parties a été animée par la journaliste Esperancia JEAN NOEL avec la participation de Clyfane SAINTIL, secrétaire générale de la Fondation TOYA, militante féministe et gestionnaire. La première a été consacrée à la déconstruction des racines profondes des inégalités de genre qui persistent au sein la société haïtienne. La militante a offert une reconstitution historique captivante du mouvement féministe local. Elle a mis en lumière l'héritage souvent méconnu des pionnières haïtiennes et les résistances sociales tenaces auxquelles elles ont été confrontées. Elle a également pris le temps de détailler les différents courants féministes, insistant sur le fait que l'on ne peut se dire féministe sans s'inscrire dans une pensée, une action ou un courant féministe. Le débat sur le rôle des hommes dans le féminisme « Est-ce qu’un homme peut se qualifier de féministe, Clyfane ? » , a demandé la présentatrice. « Un homme peut être pro-féministe, un allié de la cause, mais pas un acteur du féminisme en tant que tel, car il n'a pas vécu l'oppression systémique vécue par les femmes au sein de notre société » a-t-elle affirmé avec fermeté. Cependant, elle reconnaît l'existence d'autres opinions et précise que certains hommes qui se disent féministes se sentent très impliqués dans la lutte pour l'égalité des sexes. Témoignages et analyse des violences L'émission a pris une tournure particulièrement concrète et révélatrice avec le micro-trottoir réalisé par Marc-Kerley FONTAL, qui a clôturé cette première séquence. Les témoignages recueillis dans les rues animées de Port-au-Prince ont dressé un portrait saisissant d'une société haïtienne en pleine mutation. Les opinions divergentes exprimées, allant d'un homme percevant le féminisme comme « une guerre contre les hommes » à une jeune fille consciente des violences mais n'en saisissant pas toutes les implications. Chaque réponse a offert un instantané précieux des mentalités haïtiennes contemporaines. C'est sur cette matière brute et authentique que s'est ouverte la seconde partie de l'émission, introduite par l'analyse rigoureuse et éclairante de Jobenson ANDOU. Le journaliste a décortiqué avec précision les mécanismes complexes des violences basées sur le genre, tout en rendant hommage au travail de terrain essentiel réalisé par les associations féministes. « Derrière chaque chiffre se cache une histoire humaine, et derrière chaque progrès accompli, des années de combat acharné », a-t-il rappelé, soulignant la nécessité d'une approche multidimensionnelle pour lutter efficacement contre ce fléau. Perspectives d'avenir pour le féminisme haïtien Le débat qui a suivi a exploré des pistes concrètes et novatrices pour l'avenir du féminisme haïtien : renforcement du cadre légal, éducation dès le plus jeune âge pour promouvoir l'égalité, meilleure coordination entre les différents acteurs de la société civile et les institutions étatiques. Le féministe a insisté sur l'urgence d'une mobilisation qui dépasse les cercles féministes traditionnels pour embrasser l'ensemble de la société haïtienne. Cette émission a ainsi relevé avec succès le défi de concilier analyse historique approfondie et prospective sociale éclairée. En retraçant les racines profondes des inégalités et en proposant des solutions d'avenir concrètes, en alternant expertise pointue et voix de la rue authentiques, « Attitude » a offert une vision complète et nuancée des enjeux féministes en Haïti. La structure même du programme, avec sa transition naturelle entre micro-trottoir et analyse experte, a incarné cette nécessaire articulation entre réalité sociale et réflexion stratégique. Pour ODELPA, avec le soutien du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNCHR) et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), cette édition spéciale confirme le rôle crucial des médias en tant qu'espace de dialogue social et de sensibilisation. Marc-Kerley FONTAL marckerleyfontal@gmail.com
- À ODELPA, l’aiguille devient outil de résilience : un atelier de coupe-couture pour renforcer les jeunes face aux violences basées sur le genre
Dans les locaux de l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté ODELPA, à l’angle de Delmas 52 et 54, c’est une ambiance mêlée d’espoir et de concentration qui règne ce lundi 21 avril 2025. Sous un soleil discret et un air chargé de promesses, l’ODELPA a lancé un atelier de coupe-couture, au profit de 30 bénéficiaires, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation, d’éducation, d’appui psychologique et de renforcement économique, ciblant les jeunes des quartiers vulnérables comme Fort National, Saint Martin, Delmas, Tabarre, et des camps de déplacés internes. Un fil conducteur : autonomisation et prévention des VBG Cet atelier de couture, loin d’être une simple formation artisanale, se veut un outil de transformation sociale. Organisé avec le support financier du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Refugies (UNHCR) et de l’ONUSIDA, il s’inscrit dans une stratégie de réponse aux violences basées sur le genre (VBG), encore trop fréquentes en Haïti. Quand l’aiguille donne une seconde chance Après les propos de bienvenue proférés par Mme Esperancia Jean Noel, officière de communication de l’ODELPA , M. Dudley St Jean, représentant de UNHCR, a apporté un message inspirant sur la détermination : “Autrefois, on laissait la couture à quiconque présente des difficultés d’apprendre en classe, aujourd’hui des personnes ont déjà fait fortune dans ce domaine. C’est pour vous dire qu’il n’y a pas de sauts métiers, a-t-il déclaré en s’inspirant de Paul Profilien, un jeune jérémien, ayant appris la couture dans un camps d’été, a aujourd’hui un site web ou il vend ses produits de partout. Pour présenter le projet, Mme Jean Noel a exposé les liens entre précarité économique, vulnérabilité sociale et violences basées sur le genre. Selon les dernières données humanitaires, 1.2 million de personnes ont besoin d’un soutien face à la VBG en Haïti, et les jeunes des zones ciblées figurent parmi les plus à risque. L’objectif est clair : “faire de la couture un tremplin vers l’indépendance, une voie concrète vers l’autonomie financière pour celles qui, souvent, ont vu leur avenir compromis par la violence ou la misère.” Aussi a-t-elle présenté les facilitateurs spécialisés : Mme Elisabeth Sylvestre Jean et M. Ismaël Lainé, deux couturiers professionnels, encadreurs psychosociaux qui guideront les jeunes dans l’apprentissage de la coupe-couture, tout en leur offrant un espace d’écoute et de soutien. La formatrice Daïka Fanfan, sans ambages, enchaine après l’officière de communication. Elle a animé un atelier sur la VBG, aidant les participantes à mieux comprendre les formes de violence, les mécanismes de consentement, et les ressources disponibles. Des échanges ont émergé, renforçant l’idée que cet atelier allait bien au-delà des tissus et des patrons. Une initiative porteuse d’avenir Avec cette activité, l’ODELPA tisse plus qu’un simple fil entre les jeunes et une nouvelle compétence. Elle recoud des liens sociaux, redonne de la dignité, et surtout, montre que même dans l’adversité, il est possible de créer, d’apprendre, et de bâtir un avenir meilleur. Une prochaine session est déjà prévue dans les jours à venir, preuve que le changement, à l’instar d’un bon vêtement, se construit point par point, avec patience, volonté et solidarité. Jobenson ANDOU, jandou08@gmail.com
- Rencontre de bilan du community Lead Monitoring (CLM) sur la tuberculose et le palusdisme
À l’hôtel Villa Thérèse, Pétion‑Ville, l’Observatoire Communautaire des Services VIH (OCSEVIH) ou le community Lead Monitoring (CLM) a présenté, au grand public, le jeudi 10 avril 2025, les résultats des différentes enquêtes menées dans les sites de prise en charge des patients souffrant de la tuberculose et du paludisme. Cet évènement hybride a réuni plusieurs partenaires techniques et financiers comme le Ministère de la Santé publique et de la population (MSPP) à travers UCMIT/PNLT/ PNCM ; le Forum de la société civile, le PNUD, l’ONUSIDA, l’ODELPA, Housing Works. Aussi, l'équipe du CLM composée : du comité directeur, du Groupe Communautaire Consultatif (GCC), des assistants de données, des coordonnateurs et moniteurs de zone. Ces enquêtes ont été menées, de juillet à aout 2024, dans 34 établissements sanitaires sur 53, à travers les 10 départements géographiques du pays. Au cours de ces dites enquêtes, 934 patients ont été interrogés parmi lesquels 531 atteints par la tuberculose ont été répertoriés. La directrice de données de Housing Works, Johanne HYPOLLYTE ISODOR, a exposé des statistiques reflétant la situation de ces patients et l’image de ces sites de prise en charge. Que révèlent les chiffres ? Sur 934 patients interrogés, 8% d’entre eux ont affirmé n’avoir jamais entendu parler de la tuberculos e. Sur 849 patients interrogés, 12 % ont confié qu’ils n’ont jamais reçu d'information relative à la prévention de la tuberculose lorsqu'ils viennent dans l’établissement. Selon Madame HYPPOLITE, ces données révèlent un manque d'information, de sensibilisation et d'éducation liée à la prévention de la tuberculose dans les établissements de santé. Qu’en est-il de l’observation des équipes de terrain ? La tuberculose est une maladie contagieuse qui se propage particulièrement dans les milieux confinés. Elle se transmet part la toux ou l'éternuement d'une personne infectée, le non-respect des normes de prévention pour ne citer que ceux-là. Le bilan fait état que lors de la collecte des données, les moniteurs ont observé que dans 18 % des sites visitées, les fenêtres des salles de consultation sont fermées. Ils ont aussi observé que, dans 30 % des sites, il n'y a pas d'affiches visibles sur la tuberculose rappelant aux personnes de se couvrir la bouche lorsqu'elles toussent ou éternuent. « nous pouvons comprendre que dans certain établissement qu’il y a une mauvaise ventilation dans les salles de consultation , occasionnant une multiplication des cas relatives à cette maladie, ces données traduisent un manque de communication et de sensibilisation ainsi qu'un besoin d’amélioration des pratiques de prévention au niveau des sites », a relaté l’assistante technique pour le CLM. Et de poursuivre : « 7% des responsables affirment qu'il n'y a pas d'agents communautaires chargés du traçage des patients et des familles de patients infectés par la tuberculose. Ces données montrent une carence d'agents communautaires pour le suivi des patients tuberculeux, ce qui nuit à l'efficacité des stratégies de prévention et permet une propagation accrue de la maladie ». En ce qui a trait à la susceptibilité des PVVIH d’attraper la tuberculose, selon les statistiques, soit 100 % des établissements interrogés offrent systématiquement un test de dépistage du VIH aux patients tuberculeux. Des données indiquant clairement que l'intégration du dépistage du VIH dans la prise en charge des patients tuberculeux est bien appliquée dans tous les établissements interrogés. La stigmatisation et la discrimination, deux problèmes résolus pour les patients TB La stigmatisation et la discrimination constituent deux obstacles majeurs rencontrés par nombreuses personnes souffrant d’une pathologie dans certaines régions du monde notamment en Haïti. Pendant les différentes visites de terrain, les moniteurs ont collecté des données montrant qu’un grand nombre de personnel offrant des services sanitaires aux patients TB a reçu des formations axées sur la stigmatisation et la discrimination liées à la maladie. Selon les chiffres avancés : « 85 % des responsables affirment que le personnel est formé. Parmi le personnel formé, on retrouve principalement les infirmier(ère)s (97 %) ; les médecins (94 %) ; les technicien(ne)s de laboratoire (77 %) ; les agents de santé communautaire (66 %) et les pharmacien(nes) 57%. » Selon Madame HYPOLLITE ISIDOR, la présentation de ces résultats est le fruit des sacrifices des différents membres de l’OCSEVIH spécialement les équipes terrain. L’insécurité grandissante, que connait le pays, ces derniers jours, entrave le traitement des patients tuberculeux. L’impraticabilité des routes provoque une rupture de stock de médicaments antituberculeux au cours des trois derniers moi. Un fait relaté par 59 % des responsables des sites interrogés. Après le partage de ces informations, le CLM espère vivement que les autorités étatiques, à travers le MSPP, puissent prendre des décisions afin de garantir l'accès continu aux traitements des TB. Esperancia JEAN NOEL esperanciajeannoel@gmail.com













