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Les réseaux sociaux, nouveau terrain de jeu des prédateurs en liberté

  • Photo du rédacteur: Odelpa
    Odelpa
  • il y a 13 minutes
  • 4 min de lecture

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Depuis des jours, un murmure glacé parcourt les plateformes sociales haïtiennes. Ce n’est pas le son habituel des débats ou des nouvelles, mais la confession crue, parfois même la revendication orgueilleuse, d’actes de violence sexuelle. Sur ce nouveau terrain de jeu numérique, les prédateurs ne se cachent plus dans l'ombre. Ils s’exhibent. Ils transforment leurs crimes en "trophées" et jettent un défi glaçant à une société déjà au bord du gouffre.


L’image est insoutenable : des hommes, parfois des beaux-pères, parfois de jeunes adultes, décrivent publiquement leurs agressions. L’un affirme qu’il « planifiait » un viol contre la fille de sa femme, un autre vante un crime passé avec une froideur terrifiante. Ces messages ne sont plus des confidences dissimulées, mais des publications qui s'affichent, se commentent et se partagent, témoignant d'une impunité si consommée qu'elle en devient une forme de louange assumée.


Quand le viol devient à la fois arme de guerre et spectacle public, que reste-t-il de l'âme du peuple ?


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En Haïti, l'exhibitionnisme criminel sur les réseaux sociaux et les viols systématiques documentés par Human Rights Watch dessinent les contours d'une même tragédie : la désintégration morale. D’après un rapport publié le 25 novembre 2024, le HRW a alerté sur la généralisation du viol à travers le pays. Les dénonciations d'abus sexuels impliquant des enfants ont été passées de 127 cas documentés en 2023 à plus de 1 400 cas en 2024, soit une augmentation de1000% sur la période. Cette vague de violence a resté largement sous-déclarée : les experts ont estimé que près de 80% des agressions ne sont jamais signalées aux autorités, ce qui alimente ce cycle d'impunité. Ce chiffre, qui faisait déjà état d'une situation critique, ne représentait pourtant que la partie émergée d'une crise qui n'a fait que s'aggraver depuis.


Les gangs armés, profitant de la déliquescence de l'État, ont érigé la violence sexuelle en mode de gouvernance par la peur. Le corps des femmes et des jeunes filles est devenu un champ de bataille, un territoire à conquérir et à marquer par la sauvagerie. Loin d'être des actes isolés, ces viols s'inscrivent dans une stratégie calculée de domination totale et de destruction du tissu social. La notion même de propriété privée s'applique désormais aux victimes, réduites à l'état de butin. Des témoignages recueillis par des organisations locales, particulièrement le bureau psychosocial de l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA) fait état de cette réalité.


Cette pratique des viols multiples et collectifs vise explicitement à briser psychologiquement les survivantes, à anéantir leur dignité et à instiller une terreur paralysante dans l'ensemble de la communauté. Aujourd’hui, les agresseurs ne se cachent plus ; ils se vantent, transformant les souffrances de leurs victimes en preuves de leur puissance et en monnaie d'échange numérique. Cette publicité du crime achève de dissoudre les derniers remparts moraux, normalisant l'innommable et piégeant les survivantes dans un cycle infernal de violence et d'humiliation.


Le tribunal inversé des réseaux sociaux



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« Face à l’arrogance de ces publications, les victimes restent muettes, étouffées par la peur de la vengeance, de l’humiliation ou de l’indifférence, prises en étau entre un code pénal insuffisant et un usage du silence social qui les emprisonne », analyse Tachina JOSEPH, PDG de Miltipasyone Groupe.


Et de poursuivre : « Grâce au système corrompu, ces hommes ne se voient même plus comme les agresseurs. Ils ne sentent plus la gravité de leurs gestes. Ils se sentent légitimes. Ils pensent que ce qu’ils font est normal. Le viol, l'abus, la domination seraient devenus un pouvoir hérité, un comportement pardonné d’avance par la société. Le crime peut s’afficher. Le tribunal peut se faire streaming. Le corps d’autrui peut devenir spectacle ».


L'appel à la vigilance familiale



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Face à cette déroute morale, Rechnaidine LERONCE, refuse de cantonner le fléau à un phénomène nouveau. L'étudiante finissante en Sciences infirmières à l’université Dr Jean Bertrand ARIDTIDE, souligne une mentalité où certains hommes, « pires que des bêtes », s'octroient le droit d'abuser.


« Mesdames, avant d’accueillir un homme dans votre vie lorsque vous avez des enfants, vous devez analyser ses valeurs morales et sa santé mentale. Écoutez toujours vos enfants. Ne négligez jamais un signal. Si votre enfant vous confie que “untel a fait ceci ou cela”, prenez-le au sérieux. » lance-t-elle aux mères.


Un front uni contre l'impunité


Le miroir que nous tend la sphère numérique est implacable : un pays où le viol se publie ne peut plus être laissé au silence. L'amertume du constat est vertigineuse, faisant écho à la prophétie de Richard Cavé en 2021 « Nou prèske pa moun ankò ». Trois ans plus tard, notre inaction valide cette sentence « Nou vrèman pa moun ankò ». Pourtant, cette déchéance n'est pas une fin. Ce constat doit devenir un point de départ. Il est temps que le crime devienne honte et que l’impunité devienne remord. Si Haïti veut se relever, elle doit défendre la dignité de ses enfants. Le silence est complicité ; seule la justice peut désormais sauver l'âme du pays.


Marc-Kerley FONTAL

 
 
 

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