Offrir un accompagnement psychosocial aux victimes de VBG : la nouvelle mission de l’ODELPA
- Odelpa
- 25 juin
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Le samedi 21 juin 2025, l'Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA) a organisé son premier focus groupe de suivi psychosocial. Cet événement a accueilli 25 femmes victimes de violences basées sur le genre (VBG) particulièrement la violence sexuelle. Il s’est déroulé en son local, à Delmas, autour du thème : « Ou ka leve ankò ! ». L’objectif visé : Apporter un support psychosocial à ces survivantes et permettre leur réhabilitation afin d’affronter les aléas de la vie.
Cette journée a été financée par le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (UNHCR), la Fondation pour la Santé Reproductrice et Familiale (FOSREF), le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le Forum de la Société Civile et l’Observatoire communautaire des services VIH (OCSEVIH).

« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l'espoir. Face à ces moments sombres que traverse le pays, ne vous découragez pas. Vous devez être forte, car cette situation ne peut pas durer éternellement. Elle doit changer .» Tels ont été les propos circonstanciels de Mme Ficeline RATEAU, Présidente de ladite institution pour ouvrir l'activité. Avec un sourire chaleureux, elle a salué le courage et la participation de ces femmes dont la majorité, des déplacées.

Sans plus tarder, l’assistante sociale, Myriame FRANÇOIS, a invité ces femmes, d'une part à lier connaissances et amitié entre elles. D'autre part, à exposer leurs ressentis psychologiques. Un exercice qui n'a pas été facile pour ces dernières. Elle a fait surgir des douleurs - des larmes - du désespoir - de la rage et surtout l'envie de vivre malgré tout.
« Je suis une déplacée à cause de la violence des groupes armés. J'ai été violée. Suite à cet acte ignoble, je souffre de douleurs abdominales continues. Le médecin m'a informé d'une inflammation du col de l'utérus. Je dois passer des examens médicaux et acheter des médicaments. Mais hélas! les coûts sont élevés et les moyens financiers me manquent », a relaté Joanne avec un visage pâle.
« Je revis par intermittence ces moment qui ont assombri ma vie. Mentalement je vais vraiment mal », a lancé Miranda, les yeux embués de larmes.
A lire l'expression faciale de ces femmes, on peut remarquer la désolation, la déception, le découragement pour ne citer que ceux-là. Certaines ont expliqué que leur existence n'a aucun sens et se demande pourquoi continuer à vivre si leur quotidien est empeigné de douleurs, d’incertitudes et de doutes.
Pour d'autres, la vie est un combat, chaque coup encaissé est une forme de résilience et les cicatrices ne doivent pas être perçues comme une barrière mais un échelon.
Marie, une jeune dame, dans la quarantaine, avec une voix assez ferme, a décidé de mettre des mots sur sa vie. Selon elle, le bonheur a été toujours loin de sa personne. Depuis sa tendre enfance jusqu'à aujourd’hui, elle n'a jamais connu une vie de rêve. Elle raconte : « À mes 9 ans, j'ai perdu ma mère. Depuis, je patauge de maison en maison. Parfois, chez des tantes, des oncles, des proches de mon père. Une situation qui a eu des répercussions néfastes sur mon bien-être. Ma foi a été le seul fil qui m'a accroché à la vie durant ces moments difficiles ».
Après un long moment de pause, Marie arrive à mettre des mots sur ces anciennes blessures : « Lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010, j’ai été fracturé aux pieds, j’étais clouée à une chaise roulante pendant plus de trois mois. Cette épreuve, je l’ai surmontée, bien qu'une certaine sensibilité demeure. Plus récemment, la situation actuelle du pays m'a forcée à fuir ma maison. Malgré tout, l'événement le plus traumatisant de ma vie, celui qui me pèse encore lourdement, est le viol collectif que j'ai subi de la part de douze agresseurs. J’ai toujours eu la chance de rencontrer des personnes qui m'ont aidées à aller de l'avant, j'espère que cette chance continuera de m'accompagner ».
Se vider pour se sentir mieux

Suite à ces échanges, les unes plus douloureuses que d'autres, le psychologue Robens DOLY a salué le courage de ces vaillantes femmes, qui ont accepté de partager leurs péripéties. Il les a fait savoir, que certaines fois, briser la glace contribue à se soigner psychologiquement. D’un air assez serein, le professionnel en santé mentale les aide à comprendre la VBG, mettre des mots sur leurs douleurs et apprendre des gestes simples et concrets pour se protéger ou aider une autre femme en danger.
Pour alléger l'atmosphère, des exercices de méditation ont été proposés. Les yeux clos, le dos droit, les mains posées sur les genoux, DOLY a invité les bénéficiaires à écouter leur fort intérieur, à se vider, à se laisser porter par les vagues d'un instrumental relaxant. Après ce moment de détente, une joie s'est dessinée sur les visages des femmes. Sous les rythmes entraînants de « Viva les difficiles », la salle s'est transformée en une piste de danse. Chants et fous rires ont alors rempli l'espace.
La séance s'est clôturée avec la distribution de kits hygiéniques. Les survivantes n’ont pas caché leur satisfaction avec des mots remplis de gratitude. Une aventure qui ne fait que commencer, un deuxième focus groupe est déjà prévu dans les jours à venir.
Noms d’emprunts : Joannse, Mirlanda, Marie
Esperancia JEAN NOEL
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