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- L'OCSEVIH : des leaders départementaux lient connaissance avec l'Observatoire
L'initiative baptisée Observatoire Communautaire sur des services VIH (OCSEVIH) a été présentée à des dizaines de responsables départementaux et des membres de la société civile lors d'une séance de plaidoyer organisée le 11 novembre 2022 à l'hôtel Kinam, à Pétion-Ville. Une démarche qui participe de la dynamique de sensibilisation et d'information des personnels soignants et des leaders communautaires autour de la nécessité d'offrir de meilleurs services dans les centres de santé. " Le Community Led monitoring (CLM) se donne pour mission de collecter des données en les traduisant en rapport basé sur les établissements ", souligne Johnny Clergé, secrétaire général de l'Organisation Arc-en-ciel d'Haïti (ORAH) et vice- président du comité de plaidoyer. À la suite de ces collectes, des réunions de solutions sont programmées avec les responsables des sites dans l'objectif de faire des plaidoyers pour le changement. A en croire M. Clergé, par principe, le CLM est indépendant, " c'est-à-dire, il doit être mené par des organisations communautaires locales, indépendantes et exécuté indépendamment des systèmes gouvernementaux, de PEPFAR, et des partenaires de PEPFAR ". La propriété des données, y compris les décisions concernant le moment et la manière de partager les données, appartient exclusivement à la communauté, précise-t-il. " Il est orienté vers l'action, il met l'accent sur la génération de volonté politique et de responsabilité ". Le cycle complet du CLM doit inclure le développement de solutions aux problèmes et le plaidoyer (au niveau des établissements, du gouvernement et de l'international) pour que les problèmes soient résolus, ajoute-t-il. " Routine régulière, il doit renforcer la capacité des organisations de mise en œuvre à mener la collecte de données et le plaidoyer ", conclut le leader d'ORAH. Selon Sœurette Policar Montjoie, directrice exécutive de l'organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA) et représentante du secteur ONG local au Comité de coordination multisectoriel (CCM-Haïti) : " Pour réaliser ses enquêtes, l'Observatoire utilise quatre types de formulaire : un formulaire d'enquête pour les patients, un formulaire d'enquête pour les responsables des sites, un formulaire d'enquête pour les infirmières et un formulaire d'observation ", explique-t-elle. En utilisant des formulaires différents pour chaque catégorie, l'OSCEVIH vise à obtenir des données de meilleure qualité, estime Mme Montjoie. " Il se peut qu'un patient ait peur de s'exprimer, d'étaler des griefs en présence d'un personnel soignant. Lui parler en privé c'est lui permettre de s'exprimer librement ". Pour Mme Montjoie qui fait également office de coordonnatrice de l'OCSEVIH, " les résultats des différents travaux prouvent clairement qu'à travers les sites il y a des problèmes presqu'à tous les niveaux : non-respect des règles d'hygiène, pas d'infrastructures entre autres ". Pour permettre au public d'avoir une idée de la situation, des images montrant l'état délabrant de certains centres de santé et le changement opéré après des séances de plaidoyer ont été projetées en présence des leaders départementaux. Une démonstration qui a laissé l'assistance sans voix. On pouvait lire sur le visage de certains participants de la colère, un sentiment de dégoût et sur d'autres la satisfaction. Esperancia Jean Noel
- OCSEVIH : Offrir de meilleurs services de santé aux PVVIH, l'affaire de tout le monde
L'initiative de l'Observatoire Communautaire sur des services VIH (OCSEVIH) de présenter aux leaders communautaires la situation dans les centres de santé n'est pas le fruit du hasard. L'amélioration des services aux Personnes vivant avec le VIH (PVVIH) doit devenir une préoccupation pour tout le monde sans exception. Des images projetées à des dizaines de ces leaders le 11 novembre 2022 à l'hôtel Kinam, à Pétion-Ville, montrent combien la création de l'observatoire a été une nécessité pour redresser et améliorer les services dans les hôpitaux. Comme l'avait souligné l'ancien Président américain Bill Clinton, lors d'une visite en Haïti, les projets implémentés dans le secteur de santé doivent servir à résoudre globalement un ensemble de problèmes auxquels le secteur fait face. En 2022, soit plus de 15 ans après le début des financements des projets VIH en Haïti, pourquoi les centres de santé font encore face à autant de problèmes notamment sur la question d'assainissement ? La population particulièrement les leaders communautaires doivent participer aux solutions à ces problèmes qui constituent des goulots d'étranglement aux programmes de soins aux populations clés. Ils sont plus de 150 000 PVVIH à recevoir des soins et des médicaments dans les centres hospitaliers. Si ces derniers abandonnaient la routine ce serait une vraie catastrophe pour le pays. Ce nouveau numéro de notre Newsletter continue de donner la parole aux membres de l'OCSEVIH afin de renforcer le plaidoyer de ce secteur dans la perspective d'une réelle amélioration des soins de santé aux minorités. ET/ Rédaction
- Séance d'informations à l'intention des Journalistes
Dans le souci de contribuer au bon fonctionnement du système sanitaire haïtien particulièrement de renforcer les démarches visant à apporter de meilleur soins aux patients et personnes atteintes du VIH Sida, une séance de formation a été organisée y relative. Des instances travaillant de concert avec l'observatoire dont entre autres, le Forum de la société civile et L'organisation de Développement de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA) se sont mis ensemble pour réaliser cette séance à l'intention des Journalistes,avec la Directrice Soeurette Polycarpe Monjoie. Les organisateurs ont définis trois grands objectifs dans le cadre de cette activité : 1- Sensibiliser les participants sur le rôle qu'ils doivent jouer dans la promotion du respect des droits humains en Haïti. 2- Renforcer la capacité des Journalistes sur la notion des droits humains,avant de réduire toutes formes de stigmatisation et de discrimination envers les PVIH et les populations clés. 3- Susciter l'intérêt des Journalistes pour la publication des sujets portant sur le respect des droits humains,afin de pousser pour l'égalité des services dans la lutte contre la propagation du VIH en Haïti.
- FOSREF : L’éducation par les pairs pour lutter efficacement contre le VIH chez les jeunes
En Haïti, la sexualité et le VIH sont des sujets tabous. Le plus souvent, par peur d’être critiqués ou rejetés, les jeunes sont de moins en moins enclin à se confier ou à demander conseils aux adultes (qui ne sont pas obligatoirement assez informés non plus sur ces questions). En réponse à ce constat, la Fondation pour la santé reproductrice et la planification familiale (FOSREF) a adopté comme stratégie l’éducation par pair. Qu’est-ce qui explique un tel choix ? « Les messages sur la santé, les promotions pour le changement de comportement sont mieux prises en compte quand ils sont annoncés par des membres d’un même groupe ou d’un secteur », constate le directeur exécutif de la FOSREF, Dr Fritz Moïse. De même, le jeune accorde une plus grande importance aux informations ou conseils provenant d’un autre jeune qui, comme lui, partage les mêmes vécus et/ou est confronté au même problème de santé. Qualités du pair-éducateur Dans le contexte de la FOSREF, le pair-éducateur est un jeune, membre d’un secteur ou d’un groupe, formé pour aider les autres membres de son groupe ou de son secteur à adopter un comportement sain et responsable en matière de sexualité et de santé de la reproduction. « Il a pour devoir de communiquer, d’informer, d’éduquer, de sensibiliser, de conseiller, d’orienter et d’accompagner les autres membres de son groupe », souligne Dr Moïse. Par ailleurs, pour bien exercer sa fonction de conseiller et de guide, le pair éducateur doit développer certaines qualités. « Il doit être discret, courtois, crédible, sociable, honnête, disponible et apprécié dans sa communauté », précise Dr Moïse. « Il doit également être un bon modèle à suivre », a-t-il ajouté. En outre, le pair-éducateur doit être une personne engagée, motivée, prête à améliorer ses connaissances, à écouter le point de vue des autres et à enseigner quand il le faut. La formation du pair-éducateur : un élément essentiel Pour remplir sa mission, le pair-éducateur doit être lui-même formé. Dans cette optique, la FOSREF — avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers — organise régulièrement des séances de formation pour les pairs-éducateurs. « La formation des pairs éducateurs dure cinq jours avec un maximum de vingt-cinq personnes par session. Elle est réalisée par des spécialistes de différents domaines. On y enseigne des notions telles que : rôle des pairs éducateurs, techniques de communication, sexualité, genre et équité, prévention du VIH/sida, droits humains, etc. », informe Dr Moïse. Après un peu plus d’une trentaine d’années, de nombreuses générations de pairs-éducateurs ont été formés et s’investissent corps et âme dans la riposte contre le VIH un peu partout à travers le pays. Et aujourd’hui, l’efficacité de cette stratégie, l’éducation par les pairs, en matière de lutte contre le VIH chez les jeunes, n’est plus a démontré. Tel un vin millésimé, elle se bonifie tout en s’adaptant à la modernité et en s’appropriant des outils du numérique. La FOSREF est une organisation non gouvernementale établit en Haïti depuis 1988. Elle intervient dans les dix départements géographiques du pays. Ses principaux domaines d’intervention sont la santé sexuelle, reproductive et maternelle, la violence basée sur le genre, le VIH et la planification familiale. Elle met en œuvre ses actions grâce au support de ses nombreux partenaires techniques et financiers, notamment le ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF), le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique (MJSAC), le ministère des Affaires sociales et du travail (MAST), l’Office de la protection du Citoyen (OPC), l’Agence américaine pour le développement international (USAID), les Centres de contrôle et de prévention des maladies du Plan d’Urgence présidentiel de lutte contre le Sida (CDC-PEPFAR), le Fonds Mondial, la Banque mondiale, le FNUAP, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) pour ne citer que ceux-là. Marie Juliane DAVID mj.david@rhjs.ht
- Jeunesse et VIH : L’influence des pairs, élément d’un mauvais cocktail dans la lutte contre la propa
Si les jeunes figurent parmi la population clé, dans la lutte contre la propagation du VIH, l’influence négative des pairs est l’une des principales raisons. Ici en Haïti, le contexte général n’arrange en rien la situation. En effet, les problèmes auxquels les jeunes sont exposés revêtent multiples formes et augmentent leur niveau de vulnérabilité : chômage, extrême pauvreté, inexistence de services sociaux de base, insécurité, entre autres. Selon Gladimy Ibraïme, Secrétaire général du Réseau Haïtien des Journalistes de la Santé (RHJS) et ex-responsable de communication du Volontariat pour le Développement d’Haïti (VDH), plusieurs facteurs peuvent expliquer l’influence des pairs chez les jeunes. « D’abord, il faut souligner qu’entre l’adolescence et la période post-adolescence, le corps est à un carrefour ou beaucoup de changements s’y opèrent du point de vue biologique », explique-t-il. Sous la pulsion de ces changements, les jeunes sont curieux à l’idée de faire toute sorte d’expériences, ajoute M. Ibraïme. En plus, fait remarquer le responsable du RHJS, ils ne sont pas obligatoirement assez forts mentalement pour résister à la pression de leurs pairs ni celle venue d’autre source. « Aussi ont-ils tendance à croire à tout ce que racontent les membres de leur groupe, dit-il. D’où les expériences sexuelles précoces, l’usage de la drogue et la délinquance. Ils peuvent s’adonner à des pratiques néfastes rien que pour rester dans l’estime d’un ami », regrette-t-il. Et tout ceci explique pourquoi environ le tiers des nouvelles infections liées au VIH sont enregistrés au niveau des populations des 15-24 ans (EMMUS VI, 2018), explique M. Ibraïme. De la responsabilité des parents Pour Lochard Théodore, Secrétaire exécutif de l'association des jeunes contre la discrimination et la stigmatisation (AJCDS), les parents ont également leur part de responsabilité en termes d’influence des pairs. « Ce problème résulte d'une question familiale basée sur un manque de communication et de compréhension parentale », estime-t-il. Selon M. Théodore, également assistant conseiller à l’AJCDS, les jeunes n'ont pas vraiment de mentor ou de modèle pouvant les orienter vers un avenir sûr. Livrés à eux-mêmes, ils sont vulnérables face aux offres déplacées qui frôlent certaines fois l’indécence. « Ils sont incapables d’évaluer le poids des conséquences à venir », regrette-t-il. De l’avis de M. Théodore, l’absence et la négligence parentale restent des éléments clés par rapport à l’influence négative des pairs. « Les parents devraient changer de méthode en ce qui a trait à la façon d'éduquer leurs enfants, dit-il. Les parents doivent cesser de forcer leurs progénitures à ressembler à quelqu’un qu’ils ne seront probablement jamais. Selon lui, les parents devraient de préférence à les aider tout en acceptant leurs différences physiques, psychologiques ou sociales », recommande-t-il. M. Théodore soutient qu’il est préférable que le parent soit un ami, un conseiller et un soutien à leur épanouissement et non un bourreau voire un tyran. Le rôle de l’Etat Selon Gladimy Ibraïme du RHJS, s’attaquer aux conséquences de l’influence des pairs, notamment le VIH/sida chez les jeunes, implique une approche holistique et l’intervention de tous les secteurs dont l’Etat. Celui-ci doit mettre en place une bonne politique de jeunesse incluant, entre autres, l’accès à une éducation de qualité, au loisir sain et à l’établissement d’un environnement propice à la création d’emploi. Outre les parents et l'Etat, l’Eglise et les organisations, particulièrement celles œuvrant dans le domaine des droits de la personne humaine ont aussi un rôle à jouer. « Elles peuvent surtout intervenir là où les jeunes ont besoin de se sentir protéger, supporter, aimer et ne pas avoir l'impression d'être laissés pour compte », indique M. Théodore. En ce sens, les liens communautaires peuvent être très positifs. Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail.com
- GIPA : allié sûr des jeunes PVVIH haïtiens
Aujourd’hui, en Haïti, les jeunes constituent l’un des groupes les plus vulnérables au VIH. De fait, selon les données officielles, environ le tiers des nouvelles infections en lien avec le VIH sont enregistrées chez les jeunes. Victimes de stigmatisation et discrimination, à longueur de journée, les jeunes PVVIH voient souvent leurs droits bafoués. Et c’est dans ce contexte-là qu’éclot la Grande Implication des personnes infectées et affectées par le VIH/Sida (GIPA Network Haïti). Le respect et la promotion des droits des PVVIH, voici en peu de mots le Leitmotiv de GIPA Network Haïti. Créée en 2003, Cette organisation, à but non lucratif, se propose d’accompagner des jeunes infectés et affectés par le VIH en leur offrant l’appui et les moyens dont ils ont besoin pour se protéger du virus, selon Marie Dominique Beauzil, gestionnaire et directrice de projet à GIPA Network Haïti. « À la GIPA, nous accordons une attention particulière aux jeunes PVVIH, souligne-t-elle. Nous leur donnons les outils et les bagages nécessaires pour leur permettre de mieux faire face au virus et aussi de s’intégrer dans la vie sociale et économique du pays ». En outre poursuit Mme Beauzil, « à côté de l’appui psychosocial individuel et les groupes de support, nous offrons à ces jeunes une éducation thérapeutique dont l’objectif est de les sensibiliser à l’adhérence au traitement ARV et une éducation sur le régime alimentaire avec un appui nutritionnel ». À en croire Mme Beauzil, les jeunes PVVIH bénéficiaires de GIPA sont également initiés à de petits métiers manuels visant à les aider à développer une activité génératrice de revenus (AGR). Parmi les petits métiers manuels disponibles à GIPA, figurent : l’art décoratif (sublimation) ; art batik ; maroquinerie ; fabrication de produits détergents, de nettoyage et de produits en cuir. « Avec ces compétences acquises, nos jeunes arrivent à fabriquer des tasses, assiettes et maillots avec des motifs personnalisés ; des portefeuilles, des ceintures et sacs en cuir et autres », se réjouit-elle. De plus, la GIPA offre également, à ses protégés, des formations sur l’entrepreneuriat, le multimédia, les droits humains, le développement personnel et l’estime de soi, informe la gestionnaire de GIPA. Mme Beauzil se montre très reconnaissante vis-à-vis des partenaires qui permettent la mise en œuvre des différents projets de GIPA. « Toutes ces formations sont rendues disponibles grâce au support de nos partenaires techniques et financiers tels que le Plan d’Urgence Présidentielle de Lutte contre le Sida (PEPFAR) à travers la Georgetown University (GU), le Fonds Mondial, la Fondation pour la santé reproductrice et l’Éducation familiale (FOSREF) et les Centres GHESKIO », reconnaît la directrice de projet de la GIPA. Dix-neuf ans après sa fondation, GIPA tire sa satisfaction dans l’engouement et la motivation de ses jeunes bénéficiaires à apprendre et à mettre en pratique les connaissances acquises. « Les jeunes sont si motivés, dit-elle. Ils sont même parvenus à doter la GIPA d’un fond mutuel, la Mutuelle solidarité (MUSO) et d’un club de promotion des droits des PVVIH, le club des champions qui compte actuellement 200 jeunes infectés et affectés par le VIH », s’enorgueillit-elle. Mme Beauzil ne cache pas sa joie devant tous ces exploits : « nous sommes vraiment contents de nos jeunes, dit-elle avec fierté. Nous avons des jeunes entrepreneurs à GIPA qui commencent à gagner leur vie petit à petit. C’est la preuve que nous ne travaillons pas en vain et que nous pouvons encore espérer aboutir à cette cohésion sociale ». Marie Juliane DAVID mj.david@rhjs.ht
- ZOOM-CODE du mois de septembre
Le 7 septembre 1961, une nouvelle Loi est votée. Elle est constituée de quarante-cinq (45) articles. Elle est considérée comme étant l'une des Lois les plus complètes en matière de répression des infractions commises par les Mineurs en Haïti car, tout en réprimant la délinquance juvénile, elle protège le Mineur en conflit avec la Loi. Elle trace aussi la procédure en matière de justice pour Mineurs en énonçant clairement, les responsabilités du Commissaire du Gouvernement, du Juge d'Instruction, jusqu'à la disjonction du dossier, s'il compte des Mineurs et des personnes âgées.
- Chiffre du Mois de septembre
Les Jeunes filles représentent 52,9% de la population des Jeunes de 15 à 24 ans. Mais le taux de féminité est encore plus élevé en milieu urbain soit 55,1% contre 50,8% en milieu rural. Durant l’année 2019, 123 femmes et filles ont été victimes d’actes de violences physiques, sexuelles et de séquestration, dans le département de la Grande Anse.
- Attitude et Jeunesse : Comment aider les jeunes à faire face aux défis de l’insécurité et de la viol
Notre Newsletter consacre le 4eme numéro aux jeunes qui constituent le capital humain du pays mais qui vivent des moments d’incertitude en pleine période de leurs rêves comme tous les autres jeunes du monde. Aujourd’hui, les jeunes haïtiens sont confrontés à des problèmes complexes, tels que l'extrême pauvreté, la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles, l'insécurité alimentaire, le manque d'accès aux services de base, le chômage et la violence qui fait rage dans presque tous les endroits du pays. Selon le Système des Nations Unies, les jeunes concernent la tranche d’âge de 15 à 24 ans. Cela couvre une partie de l’enfance et de l’adolescence, cette dernière s’étendant jusqu’à l’âge de 18 ans et 19 ans respectivement. Malheureusement, les statistiques montrent que chaque année, près de 3 millions de jeunes filles âgées de 15 à 19 ans subissent des avortements à risque. En outre, les violences engendrées dans plusieurs bidonvilles de la Capitale et d’autres régions du pays ont sérieusement affecté les jeunes notamment les filles qui sont constamment violées par des bandits armés rapporte le réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Dans les quartiers de Bélicour, de Brooklyn, de Deyèmi à Cité Soleil sans oublier les quartiers de Bolosse et de Martissant, les riverains, pour la grande majorité des jeunes, sont continuellement victimes de viols et de bastonnade par les gangs armés. En Haïti, les conditions dans lesquelles évoluent les jeunes haïtiens soulèvent de nombreuses interrogations et ce n’est pas sans raison que des centaines de milliers d’entre eux laissent le pays pour se chercher un lendemain meilleur dans les pays de l’Amérique latine, de l’Amérique du Nord et des Antilles. Dans ce numéro, nos journalistes, pour la plupart des jeunes, ont essayé de s’entretenir avec des responsables d’institutions travaillant avec les jeunes, de discuter avec les jeunes eux-mêmes et de voir dans les cas de violences à quelles institutions ils peuvent avoir recours. Bonne Lecture ! La Rédaction
- Que dit la législation haïtienne sur la profession du sexe ?
Depuis des lustres, çà et là, dans des boîtes de nuit, des restaurants dansants, dans certains coins de rues, des maisons abandonnées, des jeunes s’adonnent au sexe contre rémunération. Pour certains, cette pratique est un commerce comme les autres, pour d’autres, un métier qui leur permet de répondre à leurs besoins. Un moyen de contrecarrer la misère. De plus en plus de jeunes s’adonnent à cette pratique et malheureusement la loi haïtienne reste muette sur cette pratique. En Haïti, la profession du sexe est un métier controversé et complexe. On évite d’en parler parce que c’est un sujet Tabou. Cependant, cette pratique évolue avec le temps et chaque jour des centaines de jeunes s’y adonnent. De nos jours, cette pratique épouse plusieurs formes. Elle se fait en présentiel aussi bien que sur Internet. Si dans certains pays comme le Canada, la profession du sexe est perçue comme une activité normale, dans notre société c’est carrément une perversion. On accorde d’ailleurs très peu de respect aux professionnels du sexe (PS). Le pire, ils sont souvent la cible de propos stigmatisants et discriminants venant de toute part. La Pratique du métier au regard de la loi ? Face aux professionnels du sexe, la loi haïtienne reste muette. Aucune règle de droit ne s’articule autour de cette pratique sociale. Selon Me Arnel Rémy, avocat et défenseur des droits humains : « la prostitution des adultes n’est pas reconnue par la loi, dit-il. Selon le code pénal haïtien, cette pratique est considérée comme une infraction. On la qualifie d’atteinte à la pudeur et aux bonnes mœurs et elle est passible de sanctions ». L’homme de loi a fait état du décret du 6 juillet 2005 portant modification au régime des agressions sexuelles et éliminant, en la matière, les discriminations contre les femmes dans le Code Pénal. Les articles 6 et 8 de ce dit décret ont modifié les articles 281 et 283 du code pénal. L’article 281 du Code Pénal se lit désormais comme suit : « Quiconque aura attenté aux mœurs, en excitant, favorisant, ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse, de l’un ou de l’autre sexe au-dessous de l’âge de dix-huit ans, sera puni d’un emprisonnement de six (6) mois à deux (2) ans . Si la prostitution ou la corruption a été excitée, favorisée ou facilitée par leur père, mère, tuteur ou autres personnes chargées de leur surveillance, la peine sera d’un an à trois (3) ans d’emprisonnement». L’article 283 du Code Pénal se lit désormais comme suit : «Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur en commettant tous actes, attouchements ou autres actes semblables susceptibles de blesser la pudeur d’une personne de l’un ou de l’autre sexe, sera punie d’un emprisonnement de trois(3) mois à un an ». Cependant, si une personne fait venir une professionnelle de sexe dans sa demeure pour de l’argent, sans exercer aucune contrainte contre cette dernière, un tel acte n’est pas réprimé par les lois haïtiennes, souligne l’homme de loi. « Ni la professionnelle, ni le propriétaire qui l’a fait, n’ont causé aucun tort ni à la justice ni à la société », précise Me Remy. Toutefois, dans le cas des mineurs, on parle d’abus ou d’exploitation sexuelle, dit-t-il. Enjeux de la non réglementation La non règlementation du métier du sexe n’est pas sans conséquences. Elle engendre des risques les uns plus graves que les autres. Sur le plan sanitaire, elle facilite, entre autres, la propagation des infections sexuellement transmissibles. Sur le plan économique, certaines personnes vont vouloir tirer profit de la situation en exploitant les PS. Et sur le plan juridique, les PS n’ont aucune couverture les protégeant et aucun recours en cas de violences. Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail
- La discrimination à l’encontre des PS, un frein à la riposte au VIH en Haïti
Maryse*, 25 ans, originaire de la ville Miragoâne, dans le département des Nippes, fait le commerce de charme pour subvenir à ses besoins. Si nombre d’entre nous craignent naturellement d’aller à l’hôpital, pour cette professionnelle du sexe (PS), cette appréhension n’a rien d’irrationnel. Rien qu’à entendre le mot « hôpital » fait remonter les souvenirs d’une expérience très douloureuse. Grièvement blessée à la suite de l’agression d’un client violent, conduite à un hôpital de sa ville natale, Maryse s’est heurtée au refus du personnel soignant. Le prétexte : C’est une PS. N’était-ce l’intervention de l’une des membres de l’association Solidarité féministe pour une nouvelle émergence (SOFENOE), la victime partirait bredouille. « En dépit de la prise en charge, ils n’arrêtaient pas de l’insulter », a souligné Louise Augusta Moïse Millien, présidente de SOFENOE. Le cas de Maryse est un parmi tant d’autres qui se produit au quotidien à l’échelle du pays, à en croire les organisations de défense de droits humains. Injure. Torture. Humiliation. Stigmatisation. Discrimination. Le quotidien des professionnels du sexe en Haïti n’est pas chose facile. Ils sont souvent victimes de violence physique et psychologique, regrette Mme Millien. Ce genre de situation, notamment la discrimination et la stigmatisation à l’égard des PS, est d’autant plus grave qu’elle contribue à les garder loin des structures de prise en charge. Ce qui constitue un énorme frein à la lutte contre le VIH dans le pays. Les données statistiques officielles montrent que le niveau du taux de prévalence du VIH/sida chez les PS est quatre fois plus élevé par rapport au reste de la population haïtienne (8,7 % pour les PS contre 2% pour la population générale). Ces données publiées dans le dernier rapport de l’Enquête sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des services (EMMUS VI) prouvent une fois de plus la nécessité d’accompagner ce secteur. Pour la patronne de SOFENOE, la discrimination et la stigmatisation à l’encontre des PS sont lourdes de conséquences. « Cette situation est si grave qu’elle pousse la majorité des PS à rester dans l’ombre au lieu de se rendre à un centre de prise en charge pour faire un test de dépistage du VIH », fait-elle remarquer. Mme Millien rappelle que les PS constituent une frange importante des populations-clés. « La lutte pour l’éradication nationale du VIH/Sida doit également prendre en compte leurs besoins. Il leur faut avoir accès aux soins de santé et à la justice », crie-t-elle haut et fort. Cependant, les PS semblent être relayés au second plan, constate la présidente de SOFENOE, l’amertume dans la voix. Fondée en mars 2015 par Louise Augusta Moïse Millien, Erline Pierre-Louis et Marie Nicole Dumercy Lapierre, la SOFENOE est une organisation nationale à but non-lucratif œuvrant dans la défense des droits des femmes, particulièrement les PS. Maryse est un nom d’emprunt Marie Juliane DAVID mj.david@rhjs.ht
- Haïti : Aucun recours juridique pour les professionnels du sexe victimes de violences ?
Mini-jupe exposant ses cuisses, T-shirt décolleté, tresses, longs faux ongles, maquillage extravagant. Voici en quelques mots ce qui décrit la tenue journalière de Stéphanie, une professionnelle de sexe (PS), travaillant à Delmas 47. Un petit clin d'œil, un sourire aux lèvres, d'un air captivant, elle aguiche tous les garçons croisant son chemin. Ainsi gagne-t-elle sa vie jour après jour, ceci depuis une dizaine d'années. " Pour moi, la prostitution est un métier ", avoue-t-elle avec une demie fierté. Avec l'argent récolté, elle paie le loyer et l'écolage des enfants. Toutefois, il ne s'agit pas d'une activité sans risque. C'est même le contraire. " Il m'arrive certaines fois d'être victime de violences ", raconte-t-elle le cœur endolori. Mais elle ne peut abandonner cette pratique parce que c'est son gagne-pain, ajoute-elle. Tant d'autres PS interrogés dépeignent un tableau sombre et souffrant, des calamités identiques à celui de Stéphanie. A longueur de journée, ils sont insultés, battus, violés voire tués. Certains ont l'envie de recourir à la justice, d'autres préfèrent garder le silence. Une situation assez délicate. Quels recours ont les PS victimes de violences ? Aucun ! Selon Me Mario Joseph, responsable du Bureau des Avocats Internationaux (BAI), en Haïti, la prostitution n'a aucune couverture juridique. " De ce fait, les PS victimes de violences physiques n'ont aucun recours judiciaire ", regrette-t-il. Objets de violences de tout genre, les victimes se laissent consumer par le coup et l'effet du coup. Selon l'avocat, le droit, système de régulation sociale, ne se penche pas vraiment sur ce genre de conflit en Haïti. Face à cela, ces hommes et femmes pourraient s'adonner à la vengeance personnelle. " Nous vivons dans une société patriarcale où le sexe mâle veut toujours dominer. Aucune loi pour protéger vraiment les femmes ", rappelle Me Joseph. Si une PS se tourne vers la justice suite à des actes de violences, arrivée au tribunal, cette dernière est stigmatisée et discriminée. " Même le commissaire du gouvernement, avocat de la société, au lieu de mettre l'action publique en mouvement afin d'appréhender le coupable, tente plutôt de blâmer ou responsabiliser la femme ", s'indigne Me Joseph. Le BAI, instance de défense et d'assistance, place tous les secteurs sur un pied d'égalité. Les PS jouent un rôle important dans la vie économique de la cité, elles doivent jouir de l'ensemble des droits consacrés. De ce fait, il recommande d'une part, à L'État d'élaborer des lois pour protéger cette frange de la population et de mettre sur pied des services psychosociaux, car la Santé mentale doit être également prise en compte, estime Me Mario Joseph. D'autre part, il conseille aux PS de se regrouper en association pour chercher les voies de recours nécessaires, de ne plus garder le silence en de pareils cas et aux clients de respecter les consignes passés avant l'acte sexuel. Il est à souligner que la prostitution est réputée être le métier ou le commerce le plus ancien au monde. Son histoire remonte à des siècles bien avant Jésus-Christ. Elle est passée d'une pratique sacrée à l'esclavage pour être aujourd'hui un métier. Dans le temps, elle était pratiquée dans la cité de la Mésopotamie. En effet, la prostitution était qualifié de sacrée lorsqu'elle se faisait dans le cadre d'un culte de fécondité, d'un rituel ou d'une tradition religieuse. Avec le temps, cette activité est devenue une forme d'esclavage lorsqu'une autre personne, le proxénète, s'en approprie les profits. Cette forme de prostitution s'est répandue dans le monde avec le phénomène de la colonisation, ou l'on forçait les colonisés à avoir des relations sexuelles, c'était une forme d'exploitation monstrueuse. Aujourd'hui, elle a évolué, elle est considérée comme un métier qui aide financièrement. Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail
- PrEP : stratégie de prévention du VIH/Sida chez les PS en Haïti
Disponible en Haïti depuis 2019, la prophylaxie préexposition ou PrEP s'inscrit parmi les méthodes de prévention les plus efficaces contre l'infection au VIH/Sida. " Elle consiste en la prise journalière continue d'antirétroviraux (ARV) - médicaments utilisés dans le traitement du VIH/sida - de manière à réduire le risque d'infection au virus pendant la période d'exposition au risque ", explique le Dr Steve Mc Allen Smith, responsable de la prévention du VIH au sein du Programme Nationale de Lutte contre le Sida (PNLS). La PrEP, poursuit le médecin spécialiste en Management des services de soins, fait partie des moyens de prévention validée par le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP). Elle peut être utilisée seule ou combinée à d'autres méthodes de pprévention comme l'aabstinence, le ppréservatif, la ffidélité et la prophylaxie post-exposition. En outre, elle s'adresse particulièrement aux populations-cle?s dont les professionnelles de sexe (PS). Car ces derniers, estime Dr Smith, sont beaucoup plus vulnérables au VIH. Vulnérabilité due, entre autres, à leurs comportements sexuels à risque, au manque d'accès aux services sociaux, aux violences qu'ils subissent au sein de leur communauté, en raison de la discrimination et de la stigmatisation. Ayant des rapports sexuels multiples, parfois sans usage de préservatifs, le risque d'infection au VIH chez les PS est quatre fois plus élevé par rapport au reste de la population haïtienne, rappelle Dr Smith. D'où l'importance de la PrEP. Disponibilité de la PrEP La PrEP, selon les dires du Dr Smith, est actuellement disponible gratuitement dans cinquante centres de santé affiliés au programme et repartis à travers les dix départements du pays parmi lesquels figurent : l'Hôpital de l'université d'État d'Haïti (Ouest), Hôpital Immaculée Conception des Cayes (Sud), Hôpital la providence des Gonaïves (Artibonite), Hôpital Universitaire Justinien (Nord) pour ne citer que ceux-là. En ce qui a attrait à l'administration de la PrEP, " une fois arrivée au centre de prise en charge, le prestataire de soin évaluera le risque sexuel du patient avec des questions sur son histoire sexuelle. Cette évaluation sera suivie d'un examen physique complet, du dépistage du VIH, de la syphilis et de l'hépatite B, puis du dosage de la créatinine sérique pour vérifier si la personne est éligible ou pas à la PrEP ", informe Dr Smith. Critères d'éligibilité " Pour être éligible à la PrEP, enchaine-t-il, la personne doit être majeure et séronégative. Elle ne doit pas présenter des troubles de la fonction rénale, ni de problèmes psychiatriques. La PrEP ne s'adresse pas aux mineures, ni aux personnes vivant avec le VIH”. L'administration orale de la PrEP est généralement sans danger et bien tolérée. Toutefois, il peut y avoir de possibles effets secondaires incluant nause?es, vomissements, diarrhe?es, maux de tête et étourdissements, à en croire Dr Smith qui encourage les clients à revenir à un mois de l'initiation de la PrEP pour la confirmation du statut séronégatif, le dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST), le contrôle de la function rénale, l'évaluation des effets secondaires et l'élaboration d'un plan de support à l'adhérence. Néanmoins, Dr Smith signale que l'usage du préservatif est fortement recommandé comme méthode de prévention addtionnelle. " La PrEP ne protège pas contre les grossesses non-désirées, ni les autres infections sexuellement transmissibles à savoir Syphillis, Gonorhée, Chlamydia ou encore l'infection au Papilloma virus ", martèle-t-il haut et fort. La prophylaxie préexposition ou PrEP est une méthode biomédicale de prévention du VIH qui fait déjà ses preuves dans la lutte pour l'éradication du VIH/sida à travers plusieurs pays du monde. Pour plus d'informations sur la PrEP, appelez gratuitement, à partir de votre téléphone natcom ou Digicel, sur le 8338. Marie Juliane DAVID mj.david@rhjs.ht
- Téléphone bleu : une stratégie pour contrer la stigmatisation et la discrimination des PVVIH
« Écouter », « conseiller » et « orienter ». Voici, entre autres, les maîtres-mots qui riment avec « Téléphone bleu ». Un dispositif qui prend tout son sens dans un contexte où la riposte au VIH/sida, à l’échelle nationale et internationale, mise beaucoup sur les freins que constituent la stigmatisation et la discrimination. Et surtout dans la dynamique de l’attente des trois 95 à l’horizon 2030. À en croire Dr Sabine Lustin, directrice exécutive de Promoteur Objectif Zéro Sida (POZ), l’initiative Téléphone bleu répond à un constat inquiétant : « En raison de la stigmatisation et la discrimination dont elles étaient l’objet, en dépit du fait qu’on voulait les mettre à l’aise, les PVVIH étaient très réticentes à l’idée de nous en parler », explique celle qui mène la barque de l’institution initiatrice du Téléphone bleu. « C’est alors que nous mis sur pied le Téléphone bleu en 1998 ». Anonymat et confidentialité Le Téléphone bleu, accessible, à travers le réseau Digicel, via la combinaison *100, est un dispositif permettant à la communauté, notamment les PVVIH, d’échanger, dans l’anonymat, la confidentialité et gratuitement avec des interlocuteurs non jugeant. « Tu ne peux pas voir l’interlocuteur, mais il peut te conseiller », assure Dr Lustin. Le champ d’expertise des téléconseillers de Téléphone bleu va des sujets en lien avec la santé sexuelle, passant par les IST/VIH/sida, jusqu’au sujet d’actualité (telle la Covid-19). Depuis sa création en 1998 à date, le Téléphone bleu continue de jouer un rôle essentiel dans la riposte au VIH dans le pays. « À travers Téléphone bleu, nous apportons notre pierre à la lutte contre l’inégalité en matière de VIH/sida en Haïti », explique fièrement Dr Lustin. Selon elle, cette contribution passe avant tout par l’information de qualité que nous partageons avec la communauté, l’accès au soin (via le référencement). Doléances des victimes de stigmatisation et de discrimination Téléphone bleu reçoit également des doléances de personnes victimes de stigmatisation et de discrimination. « Dans ces cas-là, nous faisons remonter les informations vers les instances supérieures pour des investigations et corrections nécessaires », souligne Dr Lustin. « Après 40 ans de lutte, la stigmatisation et la discrimination sont encore présentes et empêchent à de nombreuses personnes de connaitre leur statut sérologique », regrette la directrice exécutive de POZ. Fondée en 1995 par Dr Eddy Génécé, POZ est une organisation non-gouvernementale (ONG) qui lutte pour réduire l’impact du VIH/sida en Haïti. À travers ses annexes à Port-au-Prince, au Cap Haïtien et à Montrouis. Elle fait le dépistage du VIH, la prise en charge médicale du VIH et autres Infections sexuellement transmissibles (IST) ; POZ assure également la distribution de médicaments anti-rétroviraux (ARV); apporte un support psycho-social aux personnes infectées et affectées par le VIH (groupe de support), aux victimes de violence sexuelle et aux personnes victimes de stigmatisation liée au genre ou au statut sérologique ; elle offre un accompagnement éducatif et financier aux PVVIH par la mise en place d’activités génératrices de revenus ; participe à la mise en place d’association de PVVIH ; donne un appui direct aux groupes minoritaires particulièrement les Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HARSAH). Marie Juliane DAVID mj.david@rhjs.ht
- À la rencontre de Hétéra Estimphil, une trans défenseure des droits humains
Être une femme dans un corps d'homme. Voici en peu de mots le sentiment qui a habité Hetera Estimphil dès son plus jeune âge. " Je me suis toujours sentie différente par rapport à la façon dont la société exige que je sois ", témoigne sereinement la patronne de " Kouraj ", une institution qui travaille dans le secteur de défense des droits des populations clés en Haïti. " C'est vrai que j'étais née dans un corps mâle comme mes frères, mais dans ma tête j'étais différente. Depuis mes 5-6 ans, je savais que j'étais une fille ", a confié la Transgenre. A cette époque, le successeur de Charlot Jeudy à la tête de " Kouraj " ignorait la terminologie exacte traduisant sa situation, " personne trans ". Hetera, 27 ans, femme transgenre hormonée, a vu le jour à Port-au-Prince de parents originaires de la Grand'Anse. Elle est issue d'une famille où l'on prône des valeurs et des principes religieux. Sous le toit familial, son identité de genre et son orientation sexuelle y sont perçues comme une abomination, une folie de jeunesse que seule la prière peut chasser. De l'avis de ses parents, la jeune femme trans était possédée par un esprit malsain. En dépit de cette divergence majeure, ces derniers ne se sont jamais défaits de leurs obligations parentales vis-à-vis d'Hétéra. N'empêche qu'ils restent accrocher à l'idée de voir s'opérer un changement, voire un miracle dans la vie de leur enfant. " Je n'ai pas connu de rejet au sein de ma famille lorsque j'ai porté à leur connaissance ce que je vivais dans mon for intérieur. Je n'ai subi aucune violence physique de leur part non plus ", a affirmé Mme Hétéra. Dans leur foi chrétienne, elle a été contrainte de jeûner et de prier pour un éventuel changement de leur "fils". "On me demandait de combattre une chose naturelle chez moi par la prière ", regrette-t-elle. "Cela m'a affecté psychologiquement ", avoue la jeune femme trans qui admet ne jamais prier pour cela. La Transgenre souligne que ces parents n'ont jamais accepté sa transidentité, cependant la respectent. " À l'heure actuelle, mes frères et sœurs reconnaissent ma féminité, ils m'appellent "sista" ", déclare l'éducatrice en droits humains d'un visage rayonnant de joie. Une tentative de suicide Le jugement des membres de son église a été bien plus sévère que celui de ses parents. Leur regard, leurs discours discriminants et stigmatisants ont été sans pitié. Alors qu'elle n'avait que 16 ans, Hetera a tenté de se suicider, tant cette situation lui était intenable. De cette douloureuse expérience, elle dit entre être sortie renforcée et plus déterminée. Son amour et sa passion pour les droits humains ont conduit ses pas à John About Saint Anne de Bellevue, au Canada, à Montréal pour des études en la matière. Accompagnatrice psychosociale, éducatrice en droits humains, spécialiste en genre, Mme Hetera milite fièrement pour le respect des droits de la communauté LGBTI+. Révoltée par le mauvais traitement dont ses paires sont l'objet au quotidien, la femme trans a intégré en 2013 l'association " Kouraj ", une organisation œuvrant pour le respect des Droits et l'intégration des personnes LGBTI+. Une décision survenue dans un contexte où pullulent de violentes manifestations homophobes faisant plusieurs victimes au sein de la communauté LGBTI+ avec au passage des menaces verbales et des agressions physiques. Très révoltée par la situation, Mme Hetera a jugé impératif d'aller au secours de ses semblables. " Kouraj " lui offrait les voies et les moyens de le faire et elle en a profité à fond. Environ six ans après avoir intégré cette institution, soit en 2019, elle prend le lead de cette association, après le décès de Charlot Jeudy. Et contre vents et marées, elle la maintient sur les rails. Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail.com
- Housing Works : un emblème de la défense des droits des populations clés en Haïti
Dans la lutte pour la défense et les droits des populations clés en Haïti, le combat des organisations dans ce secteur vaut un pesant d’or. Et « Housing Works » illustre valablement ce constat. Établie dans le pays peu avant le séisme du 12 janvier 2010, cette institution fait un plaidoyer pour un changement de vie des populations clés dans le pays. La Housing Works entend combattre précisement la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les LGBTQI+. « Le respect des droits des populations clés particulièrement les transgenres, les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HSH), les professionnels de sexe et les personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH), c’est ce que nous prônons au sein de Housing Works Haïti à côté de la lutte pour l’éradication du VIH/Sida », avance Gino Ambroise assistant en communication à Housing Works Haïti. Un travail noble qui, selon lui, passe par l’accompagnement et le renforcement des organisations de la société civile œuvrant dans la lutte contre la violation des droits des personnes LGBTQI+, les PVVIH. Gino Ambroise souligne que Housing Works réalise des séances de formation et de sensibilisation sur la problématique du VIH ainsi que les Droits Humains. « Nous développons aussi des partenariats avec des institutions ou organisations poursuivant ces mêmes objectifs. Nous mettons disponible des espaces de bureau en nos locaux pour des organisations LGBT travaillant avec les populations clés. Nous finançons des activités à petit budget de ces organisations », fait-il remarquer. Les actions de cette institution sont réalisées à partir des fonds reçus de Housing Works des États-Unis et de certains partenaires La tâche ne se révèle pas facile, reconnaît Gino. Nous n’arrivons pas à desservir, soutenir et accompagner autant d’organisations qu’on aimerait. « On voudrait pouvoir offrir notre support à des organisations au niveau de tous les départements du pays, mais le manque de ressources et l’insécurité nous font défaut », regrette t-il. En dépit des difficultés liées à la conjoncture socio-économique du pays, au nombre d’organisations à soutenir et à desservir, Housing Works Haïti ne baisse pas les bras. « Nous multiplions nos partenariats, nous mettons l’accent sur la visibilité via nos pages Facebook, Instagram et Twitter afin que nos travaux soient connus du public », informe Gino. Projet phare Actuellement, Housing Works Haïti travaille sur de nouveaux projets de renforcement de capacité visant à autonomiser les jeunes vulnérables, à en croire Gino. L’institution met également en œuvre un projet phare baptisé « Surveillance Dirigée par la Communauté » ou « Community Led Monitoring (CLM) ». « Mis en place de concert avec le « Centro de Orientación e Investigación Integral » (COIN) de la République dominicaine, cet outil permet d’enquêter et de superviser la façon dont les services de soins de santé en rapport avec le VIH/sida sont administrés aux PVVIH et aux personnes LGBT en Haïti », explique Gino. Une fois les données collectées, c’est Joanne Isidor Hyppolite, responsable de données à Housing Works, qui les analyse et les convertit en données statistiques pour évaluation. Fondée en 1990 aux États-Unis, Housing Works est dirigée par M. Charles King. Actuellement, l’institution est présente dans trois pays de l’Amérique dont Haïti. Dr Eva Marly Stéïde est l’actuelle directrice pays de Housing Works Haïti dont le siège social est au 29, Rue Chavannes, Pétion-Ville, Haïti. Marie Juliane DAVID mj.david@rhjs.ht
- L’homophobie, un enjeu majeur pour la riposte au VIH en Haïti
En Haïti, comme ailleurs, l'homophobie constitue l'un des obstacles majeurs à la riposte au VIH/sida. Il suffit d'un coup d'œil à l'Enquête sur la Mortalité, la Morbidité et l'Utilisation des services (EMMUS VI) pour se rendre compte de l'enjeu dont il s'agit. En effet, selon les données fournies par cette étude publiée en 2018, sur chaque 100 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), un peu moins de 13 (12,9%) sont VIH positif alors que la prévalence de l'infection au VIH est de 2% pour la population générale des 15 à 49 ans. Discrimination et stigmatisation liées à l'orientation sexuelle Les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont perçues comme étant un péché par les groupes conservateurs. De plus, les homosexuels sont souvent victimes de sévices, d'harcèlement de tous genres que ce soit dans les rues, sur leurs lieux de travail ou dans les structures de soins. " Ces formes de discrimination et de stigmatisation liées à l'orientation sexuelle affectent non seulement la santé physique et mentale des HSH, mais aussi entravent la lutte nationale pour l'éradication du VIH/Sida en Haïti d'ici à 2030 ", indique la directrice exécutive de l'Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA), Sœurette Policar Montjoie. Malgré les efforts déployés par le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) et ses partenaires, la prévention, le dépistage et la prise en charge du VIH voire l'adhérence au traitement dans la communauté des populations clés (notamment les HSH) restent difficiles. Dissimulation " Marginalisés, stigmatisés, discriminés à cause de leur orientation sexuelle ou identité de genre, les membres de la communauté HSH ont tendance à dissimuler leurs activités sexuelles, à s'isoler du reste de la population, à rester dans l'ombre au lieu de se rendre dans les centres de prise en charge ", regrette Mme Montjoie. Par ailleurs, la directrice exécutive de ODELPA souligne que les HSH sont beaucoup plus à risque par rapport au VIH. Vulnérabilité due, entre autres, aux multiples partenaires sexuels, aux relations passagères et au faible taux d'utilisation des préservatifs. Aussi, fait-t-elle remarquer, nombreux sont les homosexuels qui développent ou entretiennent également des relations hétérosexuelles (avec des sujets de la population générale). Ce qui renforce la chaîne transmission du VIH au sein de la société haïtienne. " La lutte nationale pour l'éradication du VIH/Sida doit aussi passer par la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées à l'orientation sexuelle ou encore contre l'homophobie. Nous devons accepter que la solution reste et demeure la tolérance envers la population LGBTI qui a le droit de choisir son orientation sexuelle ou de faire ce qu'elle veut de son corps ", martèle haut et fort Sœurette P. Montjoie. Marie Juliane DAVID mj.david@rhjs.ht
- La SOFENOE : Un inébranlable engagement pour le respect des droits des PS
Comme toute autre entité de la population clé, les professionnels du sexe (PS) sont souvent marginalisés. Avec la faiblesse de la législation haïtienne sur la pratique du métier, les associations de défense des droits interviennent pour protéger cette catégorie de professionnels. C’est le cas de solidarité féministe pour une nouvelle émergence (SOFENOE) qui travaille depuis 2015 avec les PS dans plusieurs régions du pays notamment dans le département de l’Ouest. Pour mieux comprendre le travail de la SOFENOE, la Revue ATTITUDE SANTE s’est entretenue avec Mme Louise Augusta Moise MILIEN, Présidente de cette association. Ses propos sont recueillis par la journaliste Marc-Kerley FONTAL. Marc-Kerley FONTAL: Bonjour Mme MILIEN ! Je vous remercie d’avoir accepté de répondre à mes questions. Louise Augusta M. MILIEN: Bonjour Marc-Kerley, tout le plaisir est nôtre à la SOFENOE ! MKF: Faites pour moi une brève présentation de la SOFENOE. Vous faites quoi comme activités ? LAMM: La solidarité Féministe pour une Nouvelle Émergence (SOFENOE) a vu officiellement le jour le 30 mars 2015. Elle a pour objectif de diminuer le taux de violence sur les femmes plus précisément les Professionnelles du Sexe (PS). Comme je l’ai dit, mon travail avec les PS a commencé 17 ans avant la fondation de la SOFENOE. J’ai toujours nourri l’idée d’apporter une touche importante à la lutte pour l’émancipation des femmes dans le pays. Et voilà comment est née cette association. Sept (7) ans plus tard, nous sommes présents dans les dix départements et notre association est affiliée aussi à une fédération comptant 22 organisations. Notre travail consiste à sensibiliser, mobiliser et réinsérer les femmes dans la société tant sur le point économique que social. MKF: Depuis votre création à ce jour, quelle évolution connait l'association? LAMM: Comme évolution, la SOFENOE est fière de constater les retombées positives de notre travail acharné. Aujourd’hui, les membres de notre association travaillent avec 15000 PS environ, un chiffre qui devrait augmenter dans les prochains jours. Il y a aussi la Fédération que nous avons mise en place. La Fédération des organisations de défense des droits des femmes vulnérables (FODEROFEV). Reconnue par l’État Haïtien, elle regroupe des organisations qui militent pour le respect des droits des plus marginalisées. Elle permet aussi que notre voix aille plus loin dans les zones reculées, comme je vous l’ai dit tantôt; nous sommes dans les dix départements. Et pour finir, comme le dit un vieil adage, « ventre affamé n’a point d’oreille », consciente de la situation économique difficile, la SOFENOE a accouché « SOFENOE Ecole professionnelle ». Créé le 4 juin 2022, elle a pour but de donner à ces femmes une arme technique pour qu’elles puissent s'en sortir. Parce que pour nous le Droit marche de pair avec l’autonomie économique. MKF: si une PS est victime de violences, quels sont les recours? LAMM: Quand elles sont victimes de violences, à la SOFENOE et à nos frais, on fait la prise en charge médicale, Juridique et psychologique. Malheureusement, on n’obtient pas toujours les résultats voulus. Le système judiciaire haïtien avec toutes les faiblesses que vous connaissez, n’offre pas toutes les garanties pour assister cette catégorie de personnes. De ce fait, les résultats ne sont pas toujours satisfaisants considérant les grands défis auxquels fait face ce système judiciaire. Mais n’empêche que la SOFENOE continue de faire des recours pour toutes les PS victimes de violences au sein de la communauté. MKF: A la SOFENOE, vous recevez beaucoup de plaintes? Quels sont les problèmes les courants auxquels les PS font face? LAMM: Évidemment, Nous recevons beaucoup de plaintes. Les problèmes les plus courants des PS sont la discrimination, la stigmatisation, le manque de structure dans les lieux de travail mais particulièrement la violence que ce soit physique, verbale ou sexuelle. Une anecdote, Tout près de chez moi, il y a une ambiance musicale nocturne (ti sourit, dans notre langage vernaculaire) qui se fait généralement tous les soirs. Et souvent, il y a une chanson qui est diffusée en boucle, je ne connais pas le chanteur. Je retiens à peine quelques mots « kenbe bouzen, mare bouzen, kraze bouzen ». Et les conséquences sont immédiates : Les PS subissent de mauvais sort comme des bastonnades, des injures provoquant des tapages de toutes sortes. Coté santé, la situation n’est pas différente. Les conditions ne sont pas réunies et les espaces de travail ne sont pas adaptés. Les PS font aussi partie de la population clé donc elles sont très vulnérables au VIH. Si l’une d’entre elles est victime, elle ne peut pas se rendre librement dans un centre de santé pour se faire soigner par peur de subir de mauvais traitement. En somme, le plus gros poids de ces femmes c’est la violence. MKF: Comment voyez-vous l'évolution du secteur en Haïti considérant que c'est un métier sous interdits juridiques? LAMM: N'allons pas par quatre chemins ! Vous savez aussi bien que moi les bordels ont des permis de fonctionnement. Qui livre ces permis? Donc nous faisons face à une hypocrisie à nulle autre pareille. En termes d’évolution, contrairement aux années précédentes, il y a des efforts qui sont faits mais ils ne sont pas considérables. A mon avis ils me paraissent très timides. Ç’est vrai que les PS connaissent mieux leurs droits et sont prêtes à porter plaintes en cas de violence à Port-au-Prince. Cependant, elles sont moins à l'aise à s’affirmer dans les régions reculées du pays. Cela dit, SOFENOE a encore du pain sur la planche. MKF: ATTITUDE SANTE vous remercie ! LAMM : C’est à moi de vous remercier.
- Des leaders des populations clés et des journalistes sensibilisés sur l'importance de la vaccination
Plus de 200 Leaders des populations clés et des journalistes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ont été sensibilisés sur l'importance de se faire vacciner contre le nouveau Coronavirus. Cette initiative est de l'organisation de développement et de lutte contre la Pauvreté (ODELPA), avec l'appui technique de COIN et de FOSREF. Elle participe de la stratégie nationale de lutte contre cette pandémie, mise en œuvre par le Ministère de la santé publique et de la population (MSPP) et ses partenaires de la communauté nationale et internationale. A travers une dizaine de Séances de sensibilisation organisées par groupe de 25, au cours des mois de Juin à août 2022, les participants ont été amenés à comprendre pourquoi est-il important de se faire vacciner contre le Covid-19. La directrice exécutive de l'ODELPA, Mme Sœurette Policar, l'une des intervenants à ces ateliers de sensibilisation a insisté sur les avantages de la vaccination anti-covid-19. "La vaccination contre le COVID-19 permet à l'organisme de développer une défense immunitaire spécifique. Dès que le corps est exposé au virus, il peut ainsi le combattre et éviter la maladie" a-t-elle expliqué. Pourquoi sensibilisés des leaders des PC Les leaders des populations clés (PC), sont en fait des membres des secteurs de la vie nationale où le taux de prévalence du VIH/Sida est le plus élevé. Il s'agit notamment des LGBT (lesbienne, gays, bisexuel et transgenre), des professionnels du sexe (PS), des jeunes, des femmes, des déplacés ou migrants... Étant considérés comme des groupes à risque, c'est à dire, susceptibles d'attraper une infection sexuellement transmissible dont le VIH/Sida, ils sont aussi très vulnérables face aux méfaits du nouveau coronavirus. "La meilleure façon pour les membres des populations clés d'éviter de développer les formes grâces de la maladie voire la mort due à certaines complications dues par ce virus dévastateur, est de se faire vacciner.", prévient la direction D'ODELPA. Elle a, en ce sens, encourager ces Leaders à être plus responsables. "En se faisant vacciner vous allez vous protéger vous-mêmes, tout en protégeant vos proches" a exhorté la militante des droits humains. Conscientisés, les participants : leaders des PC ont promis à leur tour de partager ces informations avec leurs pairs afin qu'ils soient eux aussi sensibilisés autour de cette question. Les journalistes quant à eux se disent prêts à diffuser ces données dans leurs médias respectifs. Cette approche permettra à beaucoup plus de personnes de la population de se sentir davantage concernées par la vaccination anti-covid-19 et ses enjeux dans la riposte à la maladie. Louiny Fontal
- Protéger les professionnels du sexe contre la violence, un défi énorme
La situation des professionnels du Sexe en Haïti reste une problématique préoccupante pour les institutions œuvrant dans le domaine des droits humains. Protéger ce groupe contre la violence dans l’exercice de leur métier, constitue un défi majeur pour les acteurs du secteur. La situation devient un peu plus délicate avec la montée du spectre de violence au jour le jour notamment celle liée au genre. Les P rofessionnels du sexe (PS) sont conscients du danger qui les guette, toutefois ils ne sont pas rassurés face au comportement des forces de sécurité publique chargées de les protéger contre toute forme de violences. Plusieurs de ces professionnels sont bastonnés dans l’exercice de leur métier, violés sans recevoir un sou de leur client pour être ensuite sujets de moqueries de tout genre. C’est dans ces conditions extrêmes que les 150 000 PS exercent cette profession en Haïti selon les chiffres de la Fondation pour la Santé Reproductive et l’Education familiale (FOSREF). D’autres données, toujours de la FOSREF, montrent que 80% d’entre elles sont âgées entre 16 et 22 ans. Un documentaire réalisé par les journalistes Rachèle Magloire et Roosevelt Jean François dans les années 90, révèle que ce secteur reste l’apanage expérimental des jeunes adolescents entre 15 et 20 ans. Avec des données pareilles, les institutions de droits humains peuvent s’inquiéter notamment avec la situation économique dégradante et le niveau élevé de violence que connait le pays depuis ces deux dernières années. Une situation qui oblige notre Rédaction á s’intéresser aux Professionnels du sexe souvent abusés physiquement et verbalement. Notre Newsletter donne la parole aux principaux concernés et aux institutions qui travaillent avec cette catégorie dans la perspective d’une lutte plus efficace pour le respect des droits de ces travailleurs trop souvent victimes de discrimination et de stigmatisation, deux éléments extrêmement virulents contre l’émancipation de la personne. La Rédaction Aout 2022
- Malia Jean, modèle de courage et de détermination
Malia Jean est une de ces fières filles de la commune de Ganthier, dans le département de l’Ouest. Pleine de vie, elle arbore toujours un large sourire sur son visage. D’un courage remarquable, cette quinquagénaire est connue pour son implication dans la lutte visant à accompagner les personnes vivant avec le VIH/Sida, notamment les femmes, souvent victimes de stigmatisation et de discrimination. Suite au décès de son premier mari, Malia était l’objet de nombreux soucis de santé. Elle s'est rendue aux centres du Groupe Haïtien d’Étude du Sarcome de Kaposi et des Infections Opportunistes (GHESKIO), au Bicentenaire, pour faire un test de dépistage de VIH/SIDA. Et c'est là qu'elle a su qu’elle était infectée par le VIH. « Vu que mon premier mari est mort à la suite de complications liées à cette pathologie, je me suis préparée préalablement à n’importe quel résultat, confie la fondatrice de l’Association des femmes infectées et affectées par le VIH (AFIAVIH). Lorsqu'on m'avait informé de mon statut séropositif, je me suis promise de ne pas laisser la maladie m’abattre. Je me devais de me battre et de vivre », dit-elle, laissant transparaître toute sa fierté. Supportée par ces proches… Au cours des dernières années, énormément d’efforts et de progrès ont été enregistrés dans la riposte au VIH/sida à travers le monde et en Haïti. Mais il y a encore des défis à relever notamment la discrimination et la stigmatisation. Ces défis, en effet, constituent deux des fardeaux non négligeables pour les PVVIH. On n’arrive plus à compter celles qui en sont victimes. Avec un moral d'acier, Mme Malia Jean avoue n’avoir jamais été de ce lot. « Je n'ai jamais été l'objet de stigmatisation », affirme-t-elle. Je ne sais pas si on le fait à mon insu. En plus, je me place toujours à un niveau supérieur par rapport à ceux et celles qui pourraient éventuellement me stigmatiser. Du coup, je ne suis jamais atteinte ». Ajouté à tout cela, Malia a pu compter sur le support inconditionnel de ses proches. Ce qui vaut son pesant d’or, dans un contexte fortement marqué par la stigmatisation et la discrimination vis-à-vis des PVVIH. « Ma famille m'achetait les ARV vu qu'à cette époque, ces médicaments étaient rares », s’est-elle souvenue, les yeux pleins de gratitudes. Déterminée à mieux embrasser la cause des Personnes affectées et infectées, en Juillet 2007, l'auxiliaire infirmière a fondé, l’Association haïtienne des femmes infectées et affectés par le VIH (AFIAVIH). Avec le support de l’organisation Promoteur Objectif Zéro sida (POZ), cette association à encrage communautaire intervient, notamment au niveau de la zone métropolitaine, dans le dépistage et le traitement du VIH, l’appui psycho-social, la formation et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes femmes PVVIH. Association à but non lucratif, les bénéficiaires de l’AFIAVIH, à l’échelle du pays, se comptent par millier. L'AFFIAVIH continue d’œuvrer grâce au soutien de partenaires locaux et internationaux. Toutefois, il persiste encore énormément de besoins non couverts. « J’ai une liste de plusieurs personnes qui sollicitent de l'aide, entre autres, pour le loyer, l'éducation, l'alimentation. On fait de notre mieux, même si on est dans l'impossibilité de satisfaire tout le monde », regrette Mme Jean. Vivant avec le VIH depuis de nombreuses années, Malia Jean n’a jamais lâché prise. Elle prend régulièrement ses médicaments antirétroviraux. Et aujourd’hui elle a une charge virale indétectable. Figure incontournable de la lutte contre le VIH au cours des 30 dernières années dans le pays, Malia est, sans fausse modestie, un modèle à suivre. Esperancia Jean Noël
- La lutte contre l'homophobie en Haïti : un défi majeur pour la communauté des LGBTI+
Dans la société haïtienne, l'homophobie c'est-à-dire la peur des homosexuels, constitue un véritable problème pour la communauté LGBTI+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexuées et plus). Des propos stigmatisants et discriminants pleuvent à leur encontre de part et d’autre. Cette catégorie minoritaire fait souvent l'objet de bastonnade pour leur orientation sexuelle ou est pointée du doigt comme étant responsable de différentes catastrophes naturelles enregistrées durant ces dernières décennies dans le pays. Du milieu familial au milieu social, les LGBTI+ font en permanence l'objet de critiques, de rejets et mêmes de violences physiques. «Certaines personnes pensent parce qu'elles sont des hétérosexuels, cela leur donne le droit de frapper des homosexuels. Récemment, à la première avenue Bolosse, un couple homosexuel a été victime de violences physiques. Des gens ont fait irruption chez ces derniers puis les ont durement frappé à coups de machette. Heureusement, le couple homosexuel s’en est sorti de manière in extremis. Ces HSH ont été gravement blessés. On dénombre bien des cas similaires à celui-ci », déplore Johnny Clergé, président du comité national de plaidoyer des populations clés et d'une organisation appelée " Arc en ciel". Kouraj à travers ses actions Fondée en 2011 par Chalot Jeudy, « Kouraj » est une association qui se donne pour mission de défendre les droits des LGBTI+ trop souvent victimes de leur transidentité. De pareille situation constitue une violation des droits de la personne humaine et entraîne des conséquences graves sur la santé physique et mentale des victimes. Face à cela, Kouraj, cette institution de défense, offre plusieurs services à la communauté. « L’un des domaines d’activité de Kouraj est le plaidoyer. Fort souvent, nous sommes obligés d’accompagner la communauté lorsqu’elle est victime d’homophobie. On intervient à plusieurs niveaux, tout dépend de la façon dont elle est manifestée. Nous offrons un accompagnement juridique aux LGBTI victimes d’agression physique grâce aux partenariats avec des organisations comme le BDHH, le BDAI entre autres », a fait savoir Mme Hétéra Estimphil, présidente de l'association. La transgenre rappelle que si l’homophobie s’est manifestée de façon verbale ou psychologique, « Kouraj » apporte une aide psychologique pour aider la victime à garder son estime de soi. De sa création jusqu’à date, Kouraj ne cesse de déployer des efforts en vue de supporter la communauté LGBTI+. Mise à part le domaine du plaidoyer, elle intervient dans trois autres secteurs à savoir : la santé, la mobilisation communautaire et le réseautage. Dans le cadre de la lutte contre l’homophobie en Haïti, des formations sur le genre et l’orientation sexuelle, sur les droits humains particulièrement ceux des LGBTI+, des services de dépistage communautaire, des consultations médicales figurent toujours dans l'agenda de l’institution de droits humains. Dans le temps, la communauté LGBTI+ était considérée comme des malades mentaux, des gens qui ont perdu toute lucidité. Ce n'est qu’en 1990, que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a dissocié l'homosexualité de la démence et du même coup, la communauté a adopté une journée contre l'homophobie dans le monde. Une grande victoire pour cette dernière. En Haïti, malgré les différents efforts déjà consentis, cette communauté est encore noyée par des critiques négatives, leurs droits sont bafoués au quotidien. Face à cet état de fait, nombreuses sont les organisations comme KOURAJ qui luttent pour le respect des droits et l’intégration totale des LGBTI+. Cependant, la route menant à cette quête est encore longue. Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail.com
- Meurtre, torture et orientation sexuelle
Dans l’article 248, “le meurtre est puni de la réclusion criminelle à perpétuité lorsqu’il est commis en raison de l’orientation sexuelle de la victime alors que sans ce facteur d’aggravation“, le fait de donner la mort à autrui serait passible de dix (10) à vingt ans de réclusion criminelle. Selon l’article 262, “le fait de soumettre une personne à des tortures ou à des actes de barbarie est passible de quinze (15) ans à vingt (20) ans de réclusion criminelle”. Cette infraction, selon l’article 265, “est passible de vingt (20) ans à vingt-cinq (25) ans de réclusion criminelle lorsqu’elle est commise en raison de l’orientation sexuelle de la victime”. Source : Le Nouvelliste
- Chiffre du mois
La prévalence du VIH parmi les femmes transgenres en Haïti est de 27,6 %, soit 14 fois plus que pour l’ensemble de la population.
- Comprendre le secteur des LGBTI, un choix difficile
Être homosexuel en Haïti rime avec discrimination, Stigmatisation et violence de toutes sortes. L’intolérance envers la communauté LGBTI et l’ignorance sont deux traits qui caractérisent certains secteurs homophobes si l’on se réfère au secteur religieux qui croit qu’au 21e siècle l’homosexualité est une menace à combattre car dangereuse pour l’ordre social, religieux, moral et démographique. De tels agissements poussent les HSH à dissimuler leurs activités sexuelles ce qui entrave les étapes de soins comprenant la prévention, le dépistage, l’enrôlement aux soins et l’adhésion thérapeutique. Une enquête réalisée en Haïti et publiée par le Programme des Nations unies pour le VIH, montre que la prévalence de cette infection chez les HSH s’élève à 18,2 %. Nombreux sont les HSH qui développent des relations hétérosexuelles ; Souvent ce comportement sert aussi de pont pour la transmission du VIH de la communauté HSH vers la population générale. Pour la deuxième Edition de ATTITUDE-SANTE, les journalistes de la Revue mensuelle se sont intéressés à la Communauté des LGBTI. La Rédaction donnera la parole à cette communauté dans la perspective d’une lutte plus efficace contre le VIH. De l’entretien du Président du Comité de Plaidoyer de la population clé jusqu’au portrait d’une transgenre en passant par une institution de défense des droits LGBTI, la Revue Attitude Santé vous emmène au Cœur de cette minorité discriminée et stigmatisée au quotidien. ET/Rédacteur en chef
- Violence basée sur le Genre: un nouveau défi pour les organisations de Droits humains
La Violence Basée sur le Genre (VBG) envers des filles et des femmes en Haïti est un grave problème de santé et de droits de l’homme. L’accès aux soins, aux services psychologiques et aux recours juridiques est limité en raison du manque de ressources, de la volonté politique, de l’insécurité économique, des déséquilibres entre les sexes et de la pauvreté généralisée. Les rapports indiquent qu’une femme sur trois en Haïti, âgée de 15 à 49 ans, a subi des violences physiques et/ou sexuelles, et plus particulièrement pour les filles de 13 à 17 ans, les milieux scolaires étaient le deuxième endroit le plus commun pour les attouchements non désirés. Source: ZL
- Campagne de sensibilisation : Formation des Pairs-Educateurs
L’organisation de développement et de lutte contre la pauvreté(ODELPA) a tenu du 27 au 31 Mai 2022 une série de formation à l’intention des Pairs-Educateurs. Cette démarche rentre dans le cadre d’une campagne de sensibilisation entamée dans les différentes communautés allant de Port au Prince jusqu’au Plateau Central. Dans le cadre de ce projet, plusieurs centaines de personnes seront sensibilisées sur le Covid -19, le VIH, la violence basée sur le genre et les droits Humains.
- Séance de formation sur la vaccination anti Covid-19 à l'intention des leaders des populations Clés
À l'initiative de l'Organisation de Développement et de Lutte contre la pauvreté (ODELPA) 25 participants ont pris à une séance de formation le mercredi 22 Juin 2022 autour de la vaccination contre le Covid 19 coronavirus. Cette formation s’est tenue au local de l’institution à Delmas 54 grâce au financement du Fonds Mondial et de la Fondation pour la Santé de Reproduction et la Famille (FOSREF). Cette séance participe de la sensibilisation des leaders des populations Clés et des groupes vulnérables sur la vaccination anti Covid-19, mais également pour mieux les outiller dans leur travail au sein des communautés. Se faire vacciner contre le coronavirus devient un impératif avec plus de 632 000 décès dans le monde dont 837 en Haïti. EJN
- L’éditorial du mois
Haïti a signé un ensemble de traités relatifs aux droits humains, toutefois cela n’empêche que le pays reste l’endroit où les droits humains sont peu respectés. Les Populations clés ne sont pas exemptes des violations enregistrées au quotidien dans cette nation de la caraïbe. ATTITUDE-SANTE est un NEWSLETTER mensuel qui entend informer la communauté sur ces violations mais encore donner la voix aux minorités. Pour le mois de juin, ATTITUDE-SANTE consacre son premier numéro aux personnes vivant avec le VIH(PVVIH). Dans cette édition, la rédaction s’intéresse aux difficultés des PVVIH victimes de discrimination et de stigmatisation dont ils sont l’objet tous les jours. La Rédaction entend aussi allumer dans ce numéro ses projecteurs sur un médecin, un pionnier dans la lutte contre le VIH en Haïti, qui est aussi le Président du Forum de la société civile, Dr Fritz Moïse. Il est celui qui avait osé ouvrir les portes de FOSREF sur la route de Lalue au centre-ville pour accompagner les jeunes généralement victimes des infections sexuellement transmissibles et des problèmes de reproduction. Son travail a été salué par les plus grandes institutions sanitaires tant au niveau national qu’international. Le Premier numéro de Newsletter lui rend aussi hommage pour son travail et son dévouement à la cause des populations Clés. ET/Rédacteur en chef