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- Journée zéro discrimination : journalistes et leaders de la société civile sensibilisés
A l’occasion de la 10 e commémoration internationale de la journée zéro discrimination, l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA) a organisé, le vendredi 1 er Mars 2024, une séance de sensibilisation et de plaidoyer au profit d’une trentaine de journalistes et de leaders de la société civile. Tenue dans les locaux de l’institution, à Delmas, cette journée s’est déroulée autour du thème : « Protéger la santé, c’est protéger les droits humains ». Objectif : mettre l’accent sur les possibilités de promouvoir l’inclusion, la compassion, la paix et surtout une dynamique du changement afin d’éradiquer toutes les formes de discrimination dont sont victimes les populations clés et les groupes vulnérables. Réalisée de concert avec la FOSREF, Le Forum de la société civile, Housing Works et l’ONUSIDA, cette journée de sensibilisation s’articulait autour de trois grandes présentations : discrimination à l’encontre des PVVIH en milieu hospitalier, animée par Jacques Georges Casimir, assistant données de l’OCSEVIH – SOGIE, présentée par la jeune femme trans Francesca Juliyanah Buteau, vice-présidente de l’Action Citoyenne pour l’Égalité Sociale en Haïti (ACESH) – L’implication de la presse dans la lutte contre la discrimination, développée par Louiny Fontal, officier de communication à l’ODELPA. Les PVVIH et les populations clés victimes de discrimination et de stigmatisation « Les PVVIH sont souvent stigmatisées en raison de leur statut sérologique. Cette stigmatisation peut se manifester par des comportements négatifs de la part du personnel médical et des autres patients. Cette situation pourrait en fait créer un climat hostile et décourager les PVVIH à chercher des soins », a relaté Jacques Georges Casimir. Il a par ailleurs mis un accent particulier sur les différentes formes de stigmatisation et de discrimination dont sont souvent victimes les PVVIH et les populations clés dans les centres de prise en charge. Pour illustrer, Casimir a mentionné la stigmatisation liée au VIH/SIDA, le refus de soins aux PVVIH par les professionnels de la santé en raison des préjugés ou par peur d’être infectés par le virus. Il a également fait mention de la violation de la confidentialité et le traitement inéquitable. Selon l’assistant des données à l’Observatoire communautaires des services VIH (OCSEVIH), ce phénomène macabre constitue un obstacle au dépistage, à la prévention, à la prise en charge et au traitement des PVVIH Pour sa part, Francesca Juliyanah Buteau, qui intervenait sur l’identité de genre et la sexualité, a mis en exergue les différents principes et les concepts relatifs à la sexualité, à l’identité de genre et au genre. De manière claire et précise, elle a défini chacun de ces concepts tout en établissant les différents types d’orientation sexuelle, orientation de genre et les identités de genre. La vice -présidente de l’ACESH, a confié que c’est compliqué de bien saisir ces notions. Cependant, organiser des séances de formation sur la SOGIE permet de comprendre et de réduire la discrimination à l’égard des populations clés. Implication des journalistes dans lutte contre la discrimination, un impératif « Les médias jouent un rôle prépondérant dans la diffusion des informations à la population. Ils doivent être placés en première ligne dans toute action relative à la sensibilisation de la population sur des questions de différences », a déclaré M. Fontal. Selon les explications fournies par l’officier de communication de l’ODELPA, l’implication des journalistes dans la lutte contre la discrimination passe d’abord par la formation de ces derniers. Ils pourront, avec des contenus journalistiques, faire la promotion et lutter contre la discrimination et la stigmatisation à l’égard des PVVIH, les populations clés et les groupes vulnérables. Cette partie de la journée était aussi réservée aux débats et aux témoignages. Pour montrer que le VIH n’est pas une pathologie mortelle comme on le prétend, une jeune fille a pris plaisir de partager son expérience avec les autres participants. Elle a fait savoir qu’elle est née de parents séropositifs mais grâce à la prévention de la transmission mère-enfant (PTME), elle n’est pas infectée par le virus de l’immunodéficience humaine. Son témoignage prouve qu’il y a de grandes avancées médicales dans la lutte contre le VIH. Esperancia JEAN NOEL esperanciajeannel@gmail.com
- Remise des prix du concours de plans d’affaires lancé par ODELPA
Le mardi 27 février 2024, l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA) a procédé à la remise des prix aux 25 gagnants du concours de plan d’affaires. Ces derniers ont reçu chacun une enveloppe de 200 dollars US, soit pour lancer ou pour démarrer une petite activité génératrice de revenus. Cette compétition réalisée en janvier dernier par l’ODELPA, a trouvé le support financier du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNCHR) conjointement avec le Programme Commun des Nations Unies (ONUSIDA). Elle s’inscrit dans le cadre du projet visant à renforcer la capacité des jeunes dans les quartiers vulnérables notamment dans la commune de Cité Soleil. 60 plans d’affaires ont été reçus auprès de tous les jeunes ayant suivi les deux sessions de formations de quatre jours chacune axées sur la violence basée sur le genre et ses dérivés dans les quartiers vulnérables. Ces jeunes, en majorité des jeunes femmes et filles, sont tous issus de Cité Soleil, le plus grand bidonville du d’Haïti, situé au nord de la Capitale Haïtienne, Port-au-Prince. Après le verdict des membres du jury, composé d’un représentant de l’UNHCR, de la société civile et de l’ODELPA, vingt-cinq d’entre eux ont été retenus. Très enthousiastes de recevoir leur récompense, ces bénéficiaires ont répondu présents à cette cérémonie tenue dans les enceintes de l’ODELPA, à Delmas. Propos de certains champions Elimarc Dorval, un jeune garçon de 22 ans, résident de bois 9, un quartier de cité Soleil, a salué l’initiative de l’ODELPA et de ses partenaires qui consiste à donner, aux jeunes des quartiers en proie de l’insécurité, la possibilité de réaliser leur rêve dans le domaine de l’entrepreneuriat. Elimarc est un réchaulier. Depuis 2018, ce dernier s’est lancé dans la confection de réchauds traditionnels. C’est d’ailleurs son seul et unique gagne-pain. Aujourd’hui, il est propriétaire d’une petite entreprise qui compte trois salariés. « Je travaille de concert avec mes collaborateurs. On produit des réchauds par douzaine et les vend en gros et en détail. Avec les 200 dollars que j’ai pu bénéficier de l’ODELPA, je vais renforcer ma petite entreprise », a expliqué le jeune entrepreneur. Pour sa part, Kerby Vilsaint, native de Soleil 5, est une femme qui évolue dans la maçonnerie. Selon ces explications, ce domaine est moins rentable ces derniers jours à cause du phénomène de l’insécurité qui est grandissant dans le pays. Pour répondre à ses obligations, Kerby vend des articles de toutes sortes. « Je n’ai pas un commerce stable. Je me laisse emporter par le courant de la société pour choisir mes commerces. Avec les 200 dollars que je viens de recevoir, je vais vendre de petits parfums avec une tranche. Je vais acheter des sacs à main et les liquider à travers les rues de Port-au-Prince, avec l’autre tranche. Ces produits sont faciles à écouler. », a-t-elle souligné. Frédéric Moïse, de son côté, a fait savoir qu’il a reçu cette nouvelle avec un sentiment de fierté. « Apprendre que j’étais sélectionné parmi 60 concourants, j’ai reçu cette nouvelle avec une gaieté de cœur, je me sens fier. J’ai toujours su que mon nom allait être figuré sur la liste des gagnants de cette compétition parce que je me le suis promis et je suis satisfait de mes efforts. Avec cette startup, je vais pouvoir réaliser mon rêve : avoir mon propre business », a fait savoir l’originaire de Boston. Frédéric a confié avoir suivi minutieusement les conseils du formateur, Jeune Jean Rameau, lors de la séance portant sur l'entrepreneuriat. « Avant de soumettre mon plan d’affaires, j’ai effectué une étude du marché. Comme résultats, j’ai pu constater l’absence des marchands de crédits téléphoniques et de beurre de cacahuète dans la zone. Avec ce montant reçu, je vais me lancer dans la transformation de l’arachide et vendre du même coup des crédits téléphoniques », a déclaré Frédéric, avec un sourire aux lèvres. Plusieurs de ces allocataires ont fait savoir que les hostilités des groupes armés dans la commune de Cité-Soleil constituent un handicap majeur pour la mise en œuvre de petites activités économiques dans la zone. L’engagement pris par certaines Organisations de développement, comme ODELPA, à lutter contre la violence par le renforcement économique des jeunes est une étape incontournable vers l’amélioration des conditions de vie des personnes vivant dans ces communautés vulnérables. Bien utiliser les fonds pour de meilleurs résultats La présidente de l’ODELPA, Madame Ficeline Râteau, dans ses propos de circonstances a exhorté les jeunes d’utiliser ces fonds à bon escient dans l’objectif de générer des profits et de pouvoir continuer avec leur business. « Vous devez mettre de la discipline dans ce que vous allez faire. Si vous utilisez cet argent, vous pourrez dans le futur posséder une grande entreprise », a conseillé le numéro 1 de l’ODELPA. Esperancia Jean Noel esperanciajeannoel@gmail.com
- Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme
Consciente de ces grands défis auxquels font face au quotidien les communautés haïtiennes et dans la perspective d’une réponse drastique et pérenne, l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA), s’est toujours engagée, depuis sa création en 2007, aux côtés des plus faibles, les femmes et les filles particulièrement. « Investir en faveur des femmes est plus que jamais essentiel pour parvenir à l’autonomisation et au bien-être des femmes. C’est la voie idéale vers l’égalité des sexes », reconnait la présidente de l’ODELPA, Madame Ficeline Râteau, dans son message délivré pour la circonstance. Elle souligne que le droit des femmes et des filles constitue l’un des axes stratégiques prioritaires de l’Organisation. Pour mieux justifier ces propos, le numéro 1 de l’ODELPA cite comme exemple des établissements scolaires construits par l’Institution et qui prennent en compte le droit à l’éducation de plusieurs centaines d’enfants vulnérables des communes frontalières du département du Centre. Madame Râteau énumère aussi des projets de conservation de sol et d’agropastoral mis en œuvre dans des localités affectées par la sècheresse dans les communes de Mirebalais, de Thomonde et de Boucan Carré, toujours dans le Plateau Central. « L’implémentation de ces activités exige une forte participation des femmes. En tant que femme, pensez-vous que mes semblables allaient être mis de côté »,s’interroge-t-elle. A côté des activités de développement qui constituent le socle de cette institution qui détient depuis 2014 le statut d’Organisation non gouvernementale et qui est gérée depuis par deux femmes, l’ODELPA intervient aussi dans la formation et la promotion en faveur du Respect des Droits des Femmes. La Directrice exécutive de l’ODELPA, Madame Sœurette Policar qui se positionne comme une véritable défenseure des droits des groupes vulnérables, les femmes et les filles dans toute sa diversité, en particulier, revient sur certains progrès réalisés par l’ODELPA dans la promotion et le respect des droits des femmes. « Nous, à ODELPA, accordons depuis toujours une importance capitale en faveur du respect des droits des femmes et des filles, en Haïti. Je ne peux même pas me rappeler du nombre de sessions de formation réalisées en ce sens ni du nombre de jeunes femmes et filles sensibilisées sur des thématiques en lien avec les droits de la femme. Le plus récent remonte à la période 2021 – 2022, où avec le support de l’Unité de gestion des Programmes du MSPP (UGP), à travers les fonds de PEPFAR, 100 adolescents et jeunes de 10 à 25 ans ont été formées dans le cadre du programme DREAMS. Dreams, comme son nom l’indique, est une perspective, un idéal de toutes les jeunes femmes et filles qui souhaitent un mieux-être pour elles-mêmes et pour leurs communautés. », a souligné le numéro 2 de cette institution de développement. Madame Policar en a profité pour faire le point également sur cette vaste campagne de sensibilisation, d’éducation, d’appui psychosocial et de renforcement des capacités des jeunes sur les Droits humains, le VIH, la violence basée sur le genres et l’utilisation des technologies de la communication, mise en œuvre tout au long de l’année 2023. Cette campagne financée par l’UNHCR, l’ONUSIDA et la FOSREF a permis de former plus de 200 jeunes issus des zones vulnérables de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, Cité Soleil notamment. « Nous sommes fiers d’avoir sensibilisé en une seule année tant de jeunes. Parmi ces jeunes, 50 ont reçu chacun un support de 200 USD, pour lancer ou renforcer une activité génératrice de revenus. C’est environ 10 000 dollars américains qui ont été mis à la disposition de ces jeunes. Certains d’entre eux témoignent des changements réalisés dans leur vie. Ces actions ne sont qu’une goutte d’eau dans un océan, compte tenu de l’ampleur de la situation socioéconomique du pays, mais elles contribuent largement à la réduction de la violence basée sur le genre dans ces communautés, par l’autonomisation des jeunes, les femmes et les filles en particulier », a fièrement déclaré la directrice exécutive de l’ODELPA. Notons que dans le cadre de la commémoration de la journée internationale des droits des femmes, cette année, beaucoup d’activités ont été prévues, notamment une infolettre avec 7 articles mettant en lumière 7 entreprises sociales gérées par des femmes et qui participent au progrès et à l’autonomisation des femmes et des filles. Des activités reportées sine die, à cause du climat d’insécurité qui prévaut dans le pays, depuis le week-end dernier. Communiqué de presse de l’ODELPA à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, ce 8 mars 2024. ORGANISATION DE DEVELOPPEMENT ET DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE(ODELPA) odelpa2007@yahoo.fr
- Réunion de travail entre ODELPA et des leaders des organisations de Cité Soleil, dans le cadre du processus de financement de 25 jeunes entrepreneurs.
Ce vendredi 23 février 2024, dans les locaux de l'Odelpa à delmas , s'est tenue une matinée de travail entre les responsables de l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA) et quatre leaders d’organisations communautaires de Cité Soleil. Cette rencontre relève de l’implication de ces leaders dans le processus d’allocation d’un fonds de démarrage ou de renforcement d’activités génératrices de revenus, à 25 jeunes en provenance de la commune de Cité Soleil, la plus grand bidonville du Pays. Ils auront aussi pour devoir de se porter garant lors de la remise des chèques aux bénéficiaires. C'est également une obligation qu'ils veillent à ce que ces jeunes fassent une bonne utilisation de ce financement. En effet, les allocataires de cette subvention font partie d’une cohorte de soixante jeunes ayant suivis au cours des mois de décembre 2023 et de Janvier derniers deux sessions de formations de quatre jours chacune axée sur la violence basée sur le genre et ses corollaires dans les quartiers vulnérables du pays. Chaque bénéficiaire va recevoir une enveloppe de 200 dollars américains soit pour lancer ou renforcer une petite activité génératrice de revenus déjà existante. Cette initiative financée conjointement par l'Onusida et par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les refugies (UNHCR) vise à réduire la VBG par le renforcement économique des jeunes Esperancia Jean Noel esperanciajeannoel@gmail.com
- Séance de sélection des Bénéficiaires de startup dans le cadre du projet conjoint d'ODELPA/UNHCR/ONUSIDA
Une séance de travail entre les membres du jury devant sélectionner les 25 bénéficiaires d'une petite compensation pour soit créer ou renforcer des activités génératrices de revenus, s'est tenue le mercredi 21 février 2024, au local d'ODELPA, à Delmas 33. Le jury était composé de trois membres : Junior Rémy Mauvais, représentant de l'UNHCR; Esperancia Jean Noël, représentante d'ODELPA et Sadrack Râteau, en ligne qui représentait la société civile. Après plus de 5 heures de travail, le jury a enfin délibéré, 25 participants sur un total de 60 postulants ayant suivi les 4 journées de formation par groupe de 30, sont retenus. Chacun va recevoir une subvention de 200 dollars américains dans le cadre de ce projet. À noter que cette campagne de sensibilisation, d"éducation, d'appui psychosocial et de renforcement de capacités économiques des jeunes, est une initiative de l'Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA). Financée par l'ONUSIDA et l'UNHCR, elle vise à lutter efficacement contre la violence basée sur le genre chez les jeunes femmes et filles de Cité Soleil, notamment. LOUINY FONTAL fontallouiny1980@gmail.com
- ODELPA, une organisation engagée dans le renforcement des capacités des jeunes
Ces dernières années, des cas de violence sont enregistrés au quotidien, particulièrement la violence basée sur le genre. Elle fait partie du lot de péripéties des habitants de la région métropolitaine à cause de la rivalité entre les groupes armés. Les femmes et les filles en sont les principales victimes. Pour accompagner les jeunes victimes ou non des VBG, l’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA) a organisé des sessions de formation pour renforcer leur capacité. La présidente de l’ODELPA, Mme Ficeline Râteau, nous parle du soutien de l’organisation aux jeunes dans les quartiers réputés dangereux et difficiles. Elle s’est confiée à notre journaliste Espérancia Jean Noël. Attitude-Santé : Mme RATEAU pouvez-vous nous dire dans quel objectif ces sessions de formation ont été réalisées ? Ficeline RATEAU : Ces deux sessions de formation ont pour objectif de former les jeunes sur le VIH, les VBG, les droits humains, la gestion de projet, l’utilisation des nouvelles technologies dans les affaires, pour ne citer que ceux-là. Elles s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de sensibilisation, d’appui psychologique et de renforcement économique pour les jeunes de Cité Soleil. Cette aire géographique est considérée comme une zone de non droit. Les habitants de cette localité sont des oubliés. On ne se penche pas vraiment sur leur cas. Parfois, ils passent inaperçus; or ils n'ont pas choisi de vivre là-bas. En réalité, il y a des intellectuels, des jeunes qui sont bien éduqués et bien formés dans cette commune. En dépit de leur volonté, ils se trouvent cloîtrés dans cette cité où la peur, l’insécurité, la violence et la domination font rage. Attitude Santé : Est-ce que les attentes de l’ODELPA sur cette formation ont été comblées ? Ficeline Râteau : Oui, je peux dire que nos attentes ont été comblées. Par rapport à la conjoncture sociopolitique actuelle du pays, se déplacer pour se rendre d’un endroit à un autre est vraiment difficile. Il faut souligner que la date fixée pour le deuxième groupe était marquée par beaucoup de turbulences. Ces jeunes, pour assister à la formation, ont dû braver de grands dangers. Certains d’entre eux ont emprunté la route à pied ; d’autres ont traversé des barrages de pneus enflammés pour venir ici. Ils ont fait beaucoup de sacrifices. Durant le dernier jour, au moment pour moi de clôturer ces assises, j’ai demandé à ces jeunes de me faire part de leur impression sur la formation,l’une des bénéficiaires, sourire aux lèvres, a témoigné sa gratitude envers les responsables de l’ODELPA. Elle m’a fait savoir suite au déroulement de cette activité, qu’elle se voit vraiment comme un être humain. Un sentiment de grandeur l’habite. Ses pensées sont mieux coordonnées ; elle souhaite déjà poser des actions pour faire valoir ses droits et renforcer sa capacité économique. Suite à ces mots, j’ai laissé la salle rapidement pour éviter de verser des larmes. Je me suis dit que cela en valait la peine. Victimes de stéréotypes au quotidien Attitude Santé : Pourquoi avez-vous choisi à deux reprises d’offrir ces formations aux jeunes de Cité soleil ? Ficeline Râteau : La commune de Cité Soleil fait toujours l’objet de discrimination et de stigmatisation. Les habitants de ce bidonville sont victimes de stéréotypes au quotidien. Ils sont considérés comme des laissés-pour-compte. On leur colle toujours des étiquettes. Pour essayer de changer la donne, à ODELPA, on nourrit toujours l’idée de travailler avec les filles, les femmes et les garçons de cette commune. Malheureusement, aucun bailleur ne voulait financer un tel projet. On n’a jamais perdu espoir, et nous avons continué nos démarches pour concrétiser un tel projet. Ce n’est qu’en 2023 que le programme commun des Nations unies sur le VIH(ONUSIDA) s’est joint à l’ODELPA pour offrir à ces jeunes une session de formation sur la violence basée sur le genre et ses impacts dans les communautés vulnérables. Suite à cette première séance d'activité, une cérémonie de remise de certificats a été organisée. Le chargé de liaison du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNCH), Junior Rémy Mauvais, qui faisait partie des invités de cette solennité a remarqué l’importance d’un tel acte et a décidé d’apporter son soutien pour son renouvellement. Attitude Santé : Pensez-vous que ces formations auront des retombées positives pour la commune ? Ficeline Râteau : Bien sûr, une telle formation aura de grands impacts pour les bénéficiaires et leur zone de provenance. En effet, ces jeunes ont reçu une formation de qualité axée sur la violence et ses impacts dans les communautés vulnérables. En ce qui a trait au VIH, à l’heure actuelle, il existe encore des gens qui n’arrivent pas à cerner cette pathologie. Certaines personnes ont des comportements hostiles vis-à-vis des PVVIH. En dépit des avancées médicales, les infectées du virus de l’immunodéficience humaine sont encore victimes de discrimination et de stigmatisation. Cela est dû à un manque de formation. Pour pallier ce problème, la tenue des séances de formation sur le VIH pour la population et les jeunes en particulier est une condition sine qua non pour prévenir et vaincre le sida sans laisser personne au bord de la route. Attitude Santé : Et pour la violence qui sévit à Cité Soleil, quelle contribution cette formation pourrait-elle apporter ? Ficeline Râteau : Les jeunes qui ont reçu une formation dans le cadre de ce projet se voient déjà comme des agents de paix. Ils ont promis de partager les connaissances acquises à l’ODELPA dans leur communauté respective. C’est un pas positif visant à réduire la violence. Les jeunes sont l’avenir du pays, les former est un impératif. Tant que ODELPA existe, on se donne pour mission d’œuvrer pour la formation des jeunes. Lancement d’un concours Attitude Santé : Quelle est la prochaine étape pour ces jeunes qui viennent de recevoir ces formations ? Ficeline Râteau : À l’ODELPA, nous ne priorisons pas seulement la formation mais aussi le renforcement économique des jeunes. Pour cela, à la fin de ces deux sessions, un concours a été lancé et les porteurs des 25 meilleurs plans d’affaires parmi les soixante (60) proposés bénéficieront d’une enveloppe de 200 dollars US chacun (e) pour démarrer ou renforcer leur petite activité génératrice de revenu. Attitude Santé : L’ODELPA nourrit-elle l’idée de continuer avec ces séances de formation dans la commune de Cité Soleil. En outre, cette institution vise-t-elle d’autres agglomérations de notre territoire ? Ficeline Râteau : L’éducation fait partie des axes prioritaires de l’ODELPA depuis sa création en 2007 jusqu’à date. Malgré la situation actuelle du pays, on ne va pas baisser les bras. On cherche des partenariats partout et ailleurs pour continuer à former des jeunes de ce pays parce que pour nous c’est un impératif. On ne sait pas encore si on va continuer à travailler avec la commune de Cité Soleil ou une autre zone car la violence est aussi flagrante dans d’autres agglomérations du pays. Cette décision ne revient pas seulement à ODELPA, le bailleur a aussi son mot à placer. Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail.com
- Santé : l'OCSEVIH élargit son champ d'action dans la lutte contre la Tuberculose, la Malaria et la VBG
Le VIH, la tuberculose et le paludisme restent et demeurent pdes fléaux qui causent la mort à des milliers de personnes en Haïti. Avec la situation sécuritaire dans le pays, la VBG a pris un essor considérable provoquant des milliers de victimes infectées par le VIH suite à une agression sexuelle. Dans ce contexte, l'Observatoire Communautaire sur les Services VIH en Haïti (OCSEVIH) multiplie ses efforts pour obtenir des résultats concrets dans cette lutte. Outre cet aspect face à ces défis de santé publique, l'OCSEVIH va élargir son action vers d'autres champs comme la tuberculose et la malaria. Grâce au soutien financier du Fonds mondial pour l'année 2024, l'Observatoire aura la possibilité de réaliser des collectes de données qui s'étendront également sur la Violence basée sur le genre (VBG). Notons au passage qu'en 2023, le ministère de la Santé publique et de la population (MSPP) a rapporté 14 090 cas confirmés de paludisme et 11 443 cas de tuberculose. Ces données apportent des éléments de base pour s'attaquer de toute urgence à ces problèmes de santé publique. Bien que l'OCSEVIH ait initialement concentré son action sur la lutte contre le VIH depuis sa création en 2020, son champ d'intervention sera élargi vers la tuberculose, la malaria et la VBG afin d'obtenir de meilleurs résultats au niveau des prestations de services offerts aux patients souffrant de ces pathologies ou les victimes de VBG. Malaria et tuberculose, des tueurs en série Mme Sœurette Policar Montjoie, membre du comité exécutif de l'Observatoire, souligne que cette nouvelle décision a été prise après des plaidoyers effectués auprès du Fonds Mondial (FM) pour faciliter une prise en charge plus efficace des patients de la tuberculose, de la malaria et des victimes de la VBG. " Les appels à l'aide sur plusieurs sites de VIH auprès du Fonds Mondial, nous ont permis d'obtenir un financement pour élargir la collecte de données relatives à la tuberculose, la malaria et la violence basée sur le genre (VBG)", a souligné madame Montjoie. Malgré les efforts déployés depuis 2015 pour réduire de 80% l'incidence de la tuberculose d'ici 2030 en Haïti, le pays continue de faire face à des défis importants en matière de santé. Selon le MSPP, on a enregistré 596 décès liés à tuberculose en 2022 et 180 parmi les PVVIH. Selon l'OMS, 1,3 million de personnes sont décédées de la tuberculose, et 10,6 millions de personnes ont développé cette maladie dans le monde toujours en 2022. Le paludisme, persistant comme une menace, a connu une augmentation de 40% des cas en 2010 après le tremblement de terre dévastateur. L'OCSEVIH, dans sa nouvelle approche entreprendra la collecte de données dans les 10 départements en déployant des moniteurs et coordinateurs sur le terrain. Sœurette Policar Montjoie explique que les problèmes liés à la tuberculose seront examinés selon la disponibilité des médicaments, la stigmatisation et la discrimination. De même, pour la malaria, l'OCSEVIH évaluera la distribution de moustiquaires, la disponibilité des médicaments et les obstacles au traitement, a indiqué la directrice de l'Organisation pour le Développement et la Lutte contre la Pauvreté (ODELPA), membre de l'OCSEVIH. " Nous débutons ces activités en mars, en organisant des séances de formation pour mieux comprendre les défis spécifiques de la prise en charge de la tuberculose et de la malaria ", a-t-elle souligné. Depuis sa création, l'Observatoire s'est focalisé sur la collecte de données quantitatives et qualitatives liées aux sites de soins pour le VIH. Ce programme a le soutien financier initial du Plan d'Urgence Présidentiel de Lutte contre le SIDA (PEPFAR). Son objectif était de comprendre les barrières et les besoins des personnes vivant avec le VIH, des membres des populations clés et des individus en fonction de leur orientation sexuelle. Soulignons que l'accent était mis sur la réduction de la stigmatisation et de la discrimination, aligné sur l'objectif des 95-95-95 dans les espaces de soins. L'OCSEVIH a été créé le 10 décembre 2020, avec le soutien financier du PEPFAR et du Fonds Mondial. L'observatoire se positionne en tant qu'acteur essentiel dans la lutte contre les maladies précitées. Il contribue à l'amélioration de la santé publique en Haïti et au respect des droits humains. Mackenz Dorvilus mackenzdorvikus@gmail.com
- Regard des associations de PVVIH sur le travail de l'OCSEVIH
Depuis plus de 40 ans, le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) se propage en Haïti. Malgré les avancées médicales, les personnes infectées et affectées par ce virus sont victimes de stéréotype, autrement dit, des images véhiculées qui alimentent des préjugés à leur encontre. Dès son lancement le 10 décembre 2020, l'OCSEVIH se présente comme l'une des structures qui s'arme de stratégies les plus utiles pour améliorer la réponse au VIH. Avec une telle mission, l'idée se définit clairement : œuvrer afin que tous les PVVIH reçoivent des soins dans la dignité. Pour essayer de palier le problème relatif au VIH, l'Observatoire communautaire des services VIH (OCSEVIH) s'engage dans la lutte pour la protection des personnes vivant avec le VIH. Il se penche sur les populations clés et surveille la qualité de l'offre dans les sites de prestation des services afin d'apporter des solutions. Pasteur Joël Sainton fier du travail de l'Observatoire Faisant parti de l'OCSEVIH depuis 2021, l'Association des Personnes infectées et affectées par le vih/sida (APIA-VS), créé le 27 juillet 2004 a pour mission de contribuer à l'encadrement des PVVIH en Haïti notamment des handicapés. Le directeur général de l'APIA-VS, pasteur Joël Sainton, se dit fier du travail de l'observatoire. Un rêve caressé depuis longtemps. Pour le réaliser, il apporte sa contribution au sein même de l'association dans laquelle il évolue. " Ça a toujours été mon rêve de faire le plaidoyer pour une meilleure prestation de services aux PVVIH. Un rêve dont je suis si fier d'accomplir en tant que membre de l'OCSEVIH ", déclare-t-il. Animé de foi, Sainton partage sa conviction avec les membres de l'APIA-V/S et les sympathisants à la lutte. " Je souhaite que l'OCSEVIH continue à renforcer la lutte afin de permettre aux membres de s'épanouir dans cette structure associative jusqu'à l'éradication du VIH. C'est ainsi que l'on combattra efficacement la banalisation, la discrimination et la stigmatisation sous toutes ses formes ", soutient ce pasteur qui nourrit l'espoir de voir ce rêve devenir une réalité. Pour Pasteur Sainton, toute personne menant une vie positive doit jouir pleinement de ses droits, indépendamment de son statut social, religieux et physique. Appréciations de LUFIAVIH Créer en 2005, LUFIAVIH est une organisation qui a, quant à elle, pris naissance dans l'objectif de supporter les femmes infectées par le VIH et d'œuvrer pour leur autonomie dans le pays. Mme Christie Angel Louissaint, officier de projet au sein de cette structure, salue le travail de l'OCSEVIH. Elle déclare : " Nous admirons grandement les efforts déployés par l'Observatoire communautaire des services VIH qui vise à lutter pour le respect et la protection des droits des PVVIH, des populations clés et des personnes vulnérables dans les sites de prises en charge. " En dépit de l'existence de plusieurs organisations de PVVIH, la stigmatisation et la discrimination restent une pratique malsaine contre les personnes infectées par le VIH. Les droits des PVVIH sont violés en permanence. L'apport de l'OCSEVIH dans la riposte à cette pathologie et le respect des droits des PVVIH est d'une importance capitale, reconnaît l'officier de projet. Selon elle, plus il existe de structures se penchant sur leur cas, plus le travail sera efficace et la lutte plus efficiente. Pour l'officier de projet : " LUFIAVIH et l'OCSEVIH partagent des objectifs communs. Notre priorité se repose sur le respect des droits des PVVIH dans toute son intégralité ". On notera que pour ces deux organisations, l'OCSEVIH est un organe important pour le changement tant espéré dans les sites de prise en charge des PVVIH. Marc-Kerley Fontal Esperancia Jean Noël
- Importance de l'OCSEVIH dans la collecte des données dans les sites de prise en charge des PVVIH
Le lancement officiel du programme Community-led monitoring (CLM) a eu lieu en Haïti, le 10 décembre 2020. Le projet administré par l'Observatoire Communautaire des Services VIH (OCSEVIH) du Forum de la Société Civile, un programme initié en 2020 a pour but de surveiller les services de soins prodigués aux personnes vivant avec le VIH et les Populations Clés. Cet organe se donne pour objectifs de recueillir et d'analyser systématiquement des données qualitatives et quantitatives liées à la mise en œuvre des services liés au VIH. L'OCSEVIH a également pour mission de mettre en place un retour d'expérience rapide à destination des directeurs de programmes et des décideurs en matière de santé. Les données du CLM prennent en compte le fonctionnement des sites de prise en charge tout en suggérant des actions ciblées en vue de meilleurs résultats. " Cet organe, financé par l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et le Fonds Mondial, revêt d'une importance capitale dans la collecte des données pour lutter efficacement contre le VIH. Il permet d'améliorer les services de soins prodigués aux PVVIH. Aussi, il représente les yeux et les oreilles des responsables de réseaux, des bailleurs et du Programme national de lutte contre le Sida (PNLS). En outre, il sert d'outil de plaidoyer pour la société civile ", reconnait le coordonnateur adjoint au CLM Gérald Marie Alfred. Quelle procédure adoptée pour la collecte des données dans les sites de prise en charge ? " Pour réaliser une visite de terrain, on répertorie les sites ayant un nombre important de patients et l'échantillonnage des patients interviewés dépend de ce nombre qui peut atteindre 50 personnes. D'abord, il faut s'assurer qu'on ait une lettre émanant du Programme national de lutte contre le sida (PNLS) nous autorisant à monitorer les sites de prise en charge. Puis, on adresse un courriel aux responsables du site pour leur annoncer la visite de nos moniteurs et coordonnateurs. En dernier lieu, le coordonnateur a aussi pour devoir d'appeler le responsable de site au téléphone en plus du courriel qui lui a été envoyé. Lors de la visite, ces derniers doivent avoir en leur possession la lettre du PNLS et la copie du courriel envoyées au responsable du site ", a expliqué le coordonnateur adjoint au CLM. Selon les informations fournies par M. Alfred, arrivé sur les lieux, le coordonnateur fait une interview avec le responsable du site, avec l'infirmière de soins ou le travailleur social selon la disponibilité de chacun. Cette collecte de données se porte sur le fonctionnement du site par rapport à la qualité de soins offerts aux PVVIH, les intrants et les matériels mis à leur disposition pour effectuer leur travail convenablement. La personne responsable prend aussi en compte l'état actuel du bâtiment et l'organisation des services. Dans Chaque département géographique du pays est affecté un coordonnateur et un nombre de moniteurs dépendant de la quantité de sites se trouvant dans ledit département. Le monitorage des sites est effectué selon le calendrier qui a été soumis par le responsable technique à l'équipe de collecte de données. Que faire avec les données collectées ? " Après la collecte des données, premièrement, on analyse et interprète les informations collectées, on crée des rapports montrant les résultats par établissement visité et consolider les données en informations au niveau national. Deuxièmement, l'équipe de plaidoyer et les coordinateurs présentent ces informations aux décideurs au niveau des cliniques (visites de solutions), des districts, au niveau national et international, ainsi que les bailleurs. Troisièmement, l'équipe organise des réunions pour présenter les données aux différentes parties prenantes et partenaires. Elle s'engage dans des événements publics et établit des stratégies de communication pour faire connaître les résultats. Quatrièmement, on fait le monitoring de l'implémentation des changements promis, c'est-à-dire la mise en œuvre des engagements des décideurs à tous les niveaux. Bref, on détermine si ces engagements ont l'effet escompté " a énuméré M. Alfred. Structure de l'Observatoire Communautaire des Services VIH (OCSEVIH) L'Observatoire est composé d'un Comité directeur de trois membres. Ce sont : l'Organisation de Développement et lutte contre la Pauvreté (ODELPA) jouant le rôle de porteur du projet au nom de la Société civile ; O'Neill Institute/HealthGap et Housing Works qui constituent le bras technique ; le groupe consultatif communautaire composé de treize (13) organisations de la Société civile. Il faut aussi souligner que les coordonnateurs et les moniteurs ont pour obligation de visiter les sites de prise en charge. Les efforts déployés par l'OCSEVIH dans la lutte visant à prodiguer des soins de qualité aux personnes vivant avec le VIH et les Populations Clés ont aussi des limites. Comme force de pression utilisant le plaidoyer pour défendre des droits humains, toutefois, cet outil ne fait pas le poids de force contraignante. Force est de constater que dans la pratique, certaines actions à poser ne relèvent pas de son champ. En ce sens, ne revient-il pas aux autorités publiques et d'autres organisations de répondre à leurs obligations ? Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail.com
- L'Observatoire garde le cap sur les services consacrés aux PVVIH et aux populations clés
L'année 2024 démarre en trombe. Malgré vents et marées l'Observatoire communautaire des services VIH (OCSEVIH) continue son plaidoyer pour un meilleur service sans discrimination ni stigmatisation aux Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH). En trois ans d'activités intenses sur le terrain, les résultats enregistrés ont fini par donner aujourd'hui à l'OCSEVIH une certaine notoriété dans la lutte contre le VIH. Les partenaires et organisations de PVVIH et de populations clés (PC) s'accordent tous à affirmer que cet outil vient renforcer cette lutte. Toutefois, la situation sécuritaire à laquelle fait face le pays donne un sérieux coup à l'élan de cette structure, notamment au travail des coordonnateurs et des moniteurs, dans la collecte de données. Ces obstacles viennent s'ajouter aux défis déjà existant avec les prestataires de services qui, souvent, refusent de s'ouvrir aux renseignements pour faciliter toute collecte de données. Un grand défi à relever En ce nouvel an qui vient de s'ouvrir, la stigmatisation demeure un défi majeur pour les efforts de prévention dans les programmes liés au VIH. L'ampleur de la stigmatisation et de la discrimination dont sont victimes les PVVIH et les PC constitue le facteur le plus en relief dans la prise en charge des personnes qui mènent une vie positive dans notre société. Les résultats de l'enquête, EMMEUS VI publiée en 2018, avaient révélé que 38.8% de la population ne souhaiteraient jamais s'afficher avec un PVVIH bien que l'information sur le VIH soit répandue largement dans la population. Notons que plus de 7 adultes sur 10 (74.3%) ont déclaré qu'ils n'achèteraient pas des légumes frais d'un commerçant ou d'un vendeur VIH positif et 70.5% et 72.7% ont respectivement déclaré qu'elle n'utiliserait pas les mêmes toilettes et les mêmes ustensiles de cuisine avec un PVVIH. Près de sept personnes adultes sur 10 (67.4%) ont déclaré qu'ils n'embaucheraient pas un PVVIH. Aujourd'hui, ces chiffres montrent combien est important le travail de l'Observatoire communautaire des services de VIH (OCSEVIH) pour inverser la tendance et changer les mentalités. Cependant, l'accès à l'information dans les sites de service reste un défi majeur pour les coordonnateurs et les moniteurs de terrain impliqués dans la collecte des données pour combattre la discrimination et la stigmatisation dans les services aux PVVIH. Plus que jamais, cette lutte reste encore ouverte et demande plus de détermination des acteurs sur le terrain pour enrayer cette pratique. Tout compte fait, notre Newsletter continue de faire écho des activités de Plaidoyer de l'OCSEVIH qui a enregistré, en très peu d'années, des résultats jugés satisfaisants des partenaires et des organisations de PVVIH elles-mêmes. Pour le numéro du mois de Janvier 2024, la rédaction donne la parole aux partenaires pour témoigner de l'efficacité de ce nouvel outil dont l'existence remonte à l'année 2020. Bonne Lecture !
- CEDREF : des jeunes au service de la cause des PVVIH
La riposte au VIH/Sida en Haïti n'est pas seulement l'affaire des adultes, les jeunes s'impliquent largement dans cette lutte permanente. C'est le cas du Centre de débats, de recherches et de formation (CEDREF). Cette association de jeunes est actuellement l'un des maillons qui permettent à la chaîne de l'Observatoire des services VIH en Haïti (OCSEVIH) d'être complète. Membre du Forum de la société civile, cette organisation s'engage amplement dans les travaux de l'OCSEVIH. Cet engagement, soutient John Joseph, membre fondateur et directeur exécutif de CEDREF, est un devoir. Pour lui, " contribuer au travail de l'Observatoire est une manière de prendre part à la lutte pour atteindre les objectifs 95-95-95* d'ici 2030 ". Une lutte qui, selon lui, doit concerner tout en chacun. L'apport de CEDREF à l'OCSEVIH passe par plusieurs actions. " CEDREF s'implique dans tous les détails de l'Observatoire ", pour paraphraser le directeur exécutif de ladite institution. Implication " Nous participons dans les visites de solution. Au cours des tournées, les résultats des enquêtes sont présentés aux responsables des hôpitaux afin de les mettre au courant de la perception des patients face à la qualité des services de soins que leurs institutions fournissent et en faire des plaidoyers ", indique John Joseph. Par ailleurs, souligne-t-il, " les plaidoyers que nous faisons concernent le plus les soins relatifs aux PVVIH*. Stigmatisées, discriminées, ces personnes ont moins accès aux services de santé alors qu'elles nécessitent beaucoup plus d'attention de la part du personnel médical en raison de leur santé fragile ". Difficultés Malgré la fougue et la motivation des jeunes du CEDREF, ceci n'empêche pas certaines difficultés. " Fort souvent, nous sommes frappés par un manque de ressources, ce qui rend le travail stressant, mais nos leaders trouvent toujours un moyen pour s'en sortir ", confie John Joseph. Ainsi, poursuit-il, " pour contourner ces difficultés, nous faisons en sorte d'utiliser tous les moyens possibles mis à notre disposition, et parfois, nous sollicitons même l'aide de nos partenaires techniques et financiers ". Fondé le 14 décembre 2014, CEDREF est une organisation de jeunes qui lutte pour un équilibre social en Haïti. Son objectif premier est de donner aux jeunes une nouvelle orientation pour mieux servir leur pays tout en leur permettant d'avoir une autre vision du monde dans lequel ils évoluent. Aujourd'hui, CEDREF représente l'organisation lead pour jeunes du Forum de la société civile. Avec le soutien de ces partenaires techniques et financiers dont la Fondation pour la santé reproductive et l'éducation familiale (FOSREF), le Forum de la société civile, le Comité de coordination multisectorielle des subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en Haïti (CCM-Haïti), le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), CEDREF organise, entre autres, des séances de formation pour les jeunes sur le VIH/sida, la violence basée sur le genre, la stigmatisation et la discrimination. Le président de la Fédération des organisations pour le renforcement et l'émancipation des jeunes (FOREJ), John Joseph, est l'actuel directeur exécutif de ladite institution dont le siège social se trouve au # 6, Fragneau ville 18, Delmas 75, Delmas, Haïti. Marie Juliane David mj.david@rhjs.ht Objectifs 95-95-95* : D'ici à 2025, 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 95% des personnes qui savent qu'elles sont séropositives au VIH ont accès à un traitement et 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable. PVVIH * : Personnes vivant avec le VIH/Sida
- OCSEVIH : Atelier de travail sur les objectifs de plaidoyer pour 2023
L'observatoire communautaire des services VIH en Haïti (OCSEVIH) a inauguré, le lundi 12 décembre 2022, à l'Hôtel Montana, " l'Atelier de travail sur les objectifs de plaidoyer et la révision des outils de collecte de données pour 2023 ". Cet atelier qui s'est étendu sur trois journées consécutives, du 12 au 14 décembre 2022, est à sa deuxième édition. Réunis à la salle Acajou, plusieurs représentants d'organisations membres et partenaires de l'OCSEVIH, une vingtaine environ, ont pris part à cette activité. La rencontre s'est déroulée à la fois en ligne et en présentiel. Pour la coordonnatrice de l'Observatoire, Sœurette Policar Montjoie, cet atelier est un moyen pour les membres de l'OCSEVIH de réviser les travaux effectués pendant la deuxième année et aussi de prendre connaissance des différentes requêtes recueillies par l'équipe de terrain pendant la collecte des données avant d'entamer la troisième année en janvier. En outre, reconnait-elle : " nous avons fait un travail de titan et aujourd'hui, nous pouvons en être fière. Notre Observatoire est le premier CLM* qui utilise la plateforme COMCARE pour faire la collecte de données qualitatives ". Dans leur allocution de circonstance, les représentants d'organisations partenaires présents à l'atelier ont tour à tour félicité l'OCSEVIH pour sa détermination et le travail accompli tout en renouvelant, à côté de leurs attentes, leur support pour la troisième année. Une réponse communautaire au VIH Le directeur pays du Programme commun des nations Unis sur le VIH/Sida (ONUSIDA) en Haïti, Dr Christian Mouala, dans son discours, a insisté sur la nécessité d'une réponse communautaire au VIH pleinement reconnue, habilitée et dotée de ressources assistées, mais aussi durables. Par ailleurs, la directrice pays de Housing Works, Dr Eva Stéïde, plaide pour des actions pertinentes visant à présenter nos compatriotes résidant à l'étranger, surtout les PVVIH, sous un autre jour. Selon ses dires, dans plusieurs pays étrangers, les communautés haïtiennes sont souvent vus comme les plus infectés par le VIH/Sida. Pour sa part, le président du Forum de la Société civile, Dr Fritz Moïse, réitère une fois de plus son engagement à accompagner l'Observatoire jusqu'au bout dans sa démarche visant à obtenir des meilleurs soins de santé pour les PVVIH dans les sites de prise en charge. Des membres de l'équipe de terrain de l'OCSEVIH dont Sadrack Rateau, le représentant du département du Nord, et Jacques Georges Casimir, le coordonnateur de terrain pour l'Ouest, ont également pris part à l'atelier. Les objectifs phares de ces trois journées de travail ont été d'abord de trouver un accord sur les priorités de plaidoyer pour 2023 qui guidera, selon Mme Montjoie, le programme de la Surveillance dirigée par la communauté (SDC) et la rédaction du People's Cop ; ensuite de faire la révision des outils de données qualitatives et quantitatives de la collecte de données afin d'apporter des solutions et de pousser les responsables à s'engager formellement ; et enfin de créer un comité de suivi pour le partage des trouvailles urgentes avec les parties prenantes. La deuxième édition de l'atelier de travail sur les objectifs de plaidoyer de l'OCSEVIH est possible grâce au support technique et financier de plusieurs partenaires, entre autres, Housing Works, ONUSIDA, le Forum de la Société civile, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Fondation panaméricaine de développement (PADF), l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), O'Neill Institute for National and Global Health Law. Marie Juliane David mj.david@rhjs.ht
- L'OCSEVIH continue son plaidoyer pour améliorer la qualité des services au PVVIH
L'observatoire communautaire des services VIH s'est encore entretenu avec plusieurs représentants d'organisations membres et partenaires à travers un atelier organisé durant trois journées consécutives dans un hôtel à Pétion-Ville soit du 12 au 14 décembre 2022. Cet atelier vient renforcer le travail de communication nécessaire pour continuer à informer les institutions associées sur les données collectées sur le terrain. Cette rencontre a été l'occasion aussi pour les partenaires de réviser les outils toujours dans la perspective d'améliorer la qualité des services aux PVVIH dans les cliniques et les hôpitaux partenaires. Apporter des solutions immédiates aux problèmes rencontrés lors des prestations de services reste un élément fondamental pour lutter efficacement contre la propagation du VIH. Ce Travail de Titan réalisé par l'Observatoire montre une fois de plus la détermination de la communauté en général à garantir le droit à la vie des personnes infectées et affectées par le VIH. Ces données collectées dans plusieurs régions du pays où les services sont disponibles aux PVVIH devraient aider à augmenter le taux de rétention des Personnes vivant avec le virus aux médicaments et aux soins. Plusieurs PVVIH ont menacé d'abandonner les visites compte tenu de la discrimination et la stigmatisation dont elles sont victimes par ceux-là mêmes qui sont chargés de les accompagner. L'efficacité dont fait montre l'OCSEVIH est essentielle pour la survie des PVVIH et le plaidoyer doit continuer en faveur des minorités qui ont besoin de soins de qualité mais encore d'une tranquillité d'esprit sans être victimes d'agression de toute forme à cause de leur choix. Pour ce mois de décembre, la Rédaction de notre Newsletter garde les projecteurs fixés sur le travail de l'observatoire communautaire des services au VIH et son plaidoyer en faveur des minorités. ET/ Rédacteur en chef
- Foyer Lakay Jèn Plus au rendez-vous des arts et de l’artisanat
La recherche de l'art est un besoin constant pour l'homme. Dans son environnement et dans son décor quotidien, il recherche cette source de plaisir qui lui procure de la satisfaction. Au lancement officiel de Foyer Lakay Jèn Plus, à l'hôtel Marriott, le public a pu découvrir les réalisations d'une pléiade d'artistes et d'artisans. La grande première de Foyer Lakay Jèn Plus (FOLAJ +), une association créée par madame Marie Dominique Beauzil, une vieille routière dans l'encadrement des jeunes, a placé son entrée dans le paysage de la société civile haïtienne sous le signe de la culture. Elle a mobilisé à l'hôtel Marriott, le samedi 23 septembre 2023, des talents qui ont donné leur mesure. Le tour de force de Marie Dominique Beauzil, directrice executive, fondatrice de FOLAJ + était de réunir dans une même enceinte les représentants du ministère de la Santé publique et de la Population, ceux de l'Organisation mondiale de la santé, des ONG, des acteurs de diverses associations de la société civile comme GU, PANOS, FOSREF, GHESKIO, AFHIAVIH, CONDPI, ONUSIDA, pour ne citer que ceux-là. Ils ont pris la parole pour saluer ce nouveau né dans le paysage d'Haïti qui se donne pour mission : " créer un espace d'encadrement adéquat pour les jeunes PVVIH, les OEV et ceux de la communauté afin qu'ils s'émancipent à la création d'une société égalitaire et inclusive. " Ces jeunes ont du talent L'assistance au Marriott a posé un regard sensible sur des comédiens de FOSREF. Sur scène, ils ont présenté un sujet poignant autour vih/sida. L'art et l'artisanat étaient aussi à l'extérieur de la salle. À l'entrée, un autre décor exprimait le talent des jeunes d'une autre manière. Posés sur des chevalets, des tableaux de jeunes peintres encadrés par les moniteurs de l'atelier de création de Folaj + donnaient à voir Haïti dans sa quête de bien-être, d'art de vivre et aussi ses bégaiements dans l'histoire contemporaine. Parole aux représentants des institutions Devant autant de talents, le représentant de Georgetown university, Sébastien Laviolette, a adressé ses félicitations à GIPA et à AFHIAVIH pour le travail réalisé avec ces jeunes. Madame Marie Dominique Beauzil a présenté Folaj + en mettant l'accent sur sa mission, sa devise, sa vision, ses objectifs et ses valeurs. « Folaj+ est une structure regroupant des jeunes atteints du vih/sida au sein d'une même communauté en vue d'un meilleur encadrement et de soutien offrant aux jeunes un meilleur espace de rencontre, de formation et de discussion. Actuellement nous avons 346 jeunes : 217 jeunes infectés, dont 157 filles, 114 garçons et 76 affectés. « Devant ce travail de construction pour une société plus juste envers les jeunes, la représentante de l'Institut Panos, Dr Merlande Beauzil, a transmis l'engagement du numéro un de cette institution spécialiste des médias au service du développement, Jean-Claude Louis. La directrice de Konesans Fanmi, madame Marie-Antoinette Toureau, a eu ces mots : " Tout ce dont ces jeunes ont besoin c'est d'être encadré, d'être canalisé. À bien regarder, c'est un capital à exploiter. Dans la mesure où ils ne sont pas exploités positivement cela retournera contre nous, contre notre pays. " Le représentant du ministère de la Santé publique, Dr Steeve Smith, pour sa part, a suggéré ces conseils :" Soyez responsables envers vous-mêmes, envers le pays et vos pairs. " Le directeur de la Fondation pour la Santé Reproductrice et l'Education Familiale (FOSREF), Dr Fritz Moïse, a promis d'encadrer ce nouveau né ouvert sur la création des activités économiques où les arts et l'artisanat se conjuguent au pluriel. Claude Bernard Sérant
- Chantale brise la glace, un passé tragique ressurgit
Les populations clés (Professionnels du sexe et LGBT) et les groupes vulnérables dont les femmes et les filles font face depuis des lustres à une pandémie dévastatrice, mais largement ignorée. Il s'agit de la violence basée sur le genre (VBG). Ce phénomène constitue l'une des violations des droits humains les plus répandues au monde, une crise sanitaire généralisée et meurtrière. Une femme sur trois, soit 736 millions, sera confrontée à des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. En Haïti, la situation est encore plus critique compte tenu de la prolifération des groupes armés qui veulent à tout prix occuper beaucoup plus d'espaces géographiques, économiques, politiques et sociales. Le viol reste donc leur principale arme stratégique d'intimidation. Voici l'histoire de Chantale, un nom d'emprunt pour rester dans l'anonymat. Dix-sept ans plus tard, Chantale se souviendra du jour où elle a été kidnappée avec une cohorte de madan sara sur la route nationale No Un. Ce jour est resté gravé dans sa mémoire comme si c'était hier. Dix personnes environ au nombre desquels le chauffeur du camion étaient emmenés dans une maison qui servait de cachette aux kidnappeurs. Ils étaient lourdement armés et menaçaient de buter tout le monde. Douloureuse tragédie. Ils ont passé trois jours qui ont paru une éternité dans une cellule aménagée pour leur butin. " On a été pillés, battus et les femmes violées ", déclare Chantale, en écrasant une larme sur ses joues. Chantale avait besoin d'une oreille attentive pour épancher sa douleur, le micro d'un journaliste pour répandre urbi et orbi son histoire. Pour accomplir cette tache, nous nous sommes rendus à Cité Soleil, commune de l'arrondissement de Port au Prince, au Projet Drouillard, à Varreux 1. Cette section communale où se découpent 750 logements sociaux sous le ciel de la cité heurte les yeux et le nez à cause de son insalubrité. Madan Sara de sa profession, mère de 4 enfants, Chantale s'approvisionne en vivres alimentaires à l'Arcahaie pour écouler sa marchandise au marché de Drouillard. Depuis la mort de Luc, son mari parti dans de tragiques conditions lors des turbulences politiques de 2004, la quinquagénaire s'attèle corps et âme à l'éducation de ses enfants. Avec le temps, chacun a fait studieusement sa route. Elle a même réussi l'exploit de doter sa famille monoparentale d'un médecin. Quelle fierté pour une femme poto-mitan ! Que reste-t-il des souvenirs ? Le passé de Chantale a des relents lancinants. 2006. 3 heures du matin. Un camion à bord duquel se trouvent dix personnes dont le chauffeur sur la route nationale # 1 est détourné. Ce véhicule qui faisait cap sur Port au Prince est dévié manu militari de sa trajectoire. " On nous a conduit dans une petite chambre suffocante de chaleur. Il y avait parmi nous sept mères de familles. Nous avons vécu l'enfer ", se remémore-t-elle amèrement. Comment a-t-elle vécu cette expérience ? " Ce fut une très mauvaise expérience pour moi. J'avais 43 ans à l'époque. Mes trois aînés étaient déjà assez grands. Dans le cachot, je pensais à eux. Les kidnappeurs nous surveillaient. Ils étaient au nombre de cinq à faire des rondes. On avait cru qu'on allait pas sortir en vie dans cette situation de détresse ". Après un cours instant, elle reprend son souffle et redevient cette femme chaleureuse et accueillante. " Ils nous ont libérés trois jours plus tard, vers 5h de l'après-midi. On a marché toute la soirée. Le lendemain, nous sommes arrivés exténués, mais en vie, sur la Route neuf ", dit-elle avec un ouf de soulagement thérapeutique dans sa voix. Mais que reste-il de cette nuit ? Le viol de ces nuits abominables a porté fruit. Chantal raconte : " Je suis allée voir, un peu plus tard les médecins. Ils n'ont dit que j'étais enceinte. J'étais enceinte et veuve à 43 ans ! " Le grand drame, bien des années plus tard, cette femme n'arrive toujours pas à dire à son benjamin qui est son père. Alors elle avait besoin d'une oreille empathique, d'un micro sensible pour raconter et se soulager et aussi pour dire à la face du monde Ô combien c'est douloureux le viol. Par sa foi chrétienne, elle a essayé de surmonter ces épreuves : " Même si j'ai conçu mon enfant dans un contexte difficile, la haine n'a pas pris le dessus. Je l'aime et le chérie comme mes autres enfants. C'est mon porte-bonheur. C'est le chouchou de la famille. " En dépit des efforts de sensibilisation, la violence basée sur le genre reste un véritable problème de santé publique. Beaucoup de personnes en sont victimes et les séquelles sont souvent difficiles à réparer. Marc-Kerley Fontal marckerleyfontal@gmail.com
- L'efficacité des TIC dans la lutte contre les violences basées sur le genre à Cité-Soleil
L'usage des technologies de l'information et de la communication (TIC) à travers le monde est aujourd'hui incontournable. L'utilité, la nouveauté et la simplification que cet outil numérique apporte dans plusieurs domaines de la vie quotidienne relève de la magie d'un instrument rénovateur voire révolutionnaire. Selon le secrétaire général du Réseau Haïtien des journalistes de la santé (RHJS), Gladimy Ibraïme : " Les utilisateurs se servent des TIC pour communiquer. Avec le digital, ils accèdent en un clic aux sources d'information multiples : texte, son, image, vidéo, interface graphique, pour ne citer que ces aspects du multimédia. Doté de ces atouts, une institution peut soulever le monde avec le levier des TIC, véritables outils de sensibilisation et de formation de masse pouvant être efficaces dans la lutte contre les VBG à Cité-Soleil. " Avec l'utilisation effrénée des téléphones Android, une belle opportunité s'offre aux acteurs humanitaires et organisations locales. Ils pourront avoir recours à cet outil pour atteindre les publics cibles. Ce n'est pas Ibraïme qui dira le contraire. " Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont très prisés. En ce sens, il est de bon ton de les utiliser pour diffuser des messages de sensibilisation et de prévention contre les VBG, sur différents formats (texte, affiche, audiovisuel). D'autant plus, les réseaux sociaux donnent la possibilité de faire un ciblage intéressant " Pour avoir animé les ateliers de l'Organisation de lutte et de développement contre la pauvreté (ODELPA) autour de la violence basée sur le genre, Ibraïme soutient que : " les TIC peuvent aussi aider à mettre en lumière les actions et initiatives positives qui vont dans le sens de la lutte anti-VBG. En ce sens, on peut encourager et montrer la voie à Cité-Soleil. Et pourquoi pas répliquer et adapter des stratégies qui ont déjà conduit aux histoires à succès ". Pour un usage responsable des TICs Ibraïme a profité de cette tribune pour tirer la sonnette d'alarme sur le mauvais usage des TIC. Aussi a-t-il exhorté les utilisateurs à ne pas mésuser de cette grande source d'information d'où l'on tire le pouvoir avec son côté lumineux et son contraire. " Par rapport à l'utilisation des TIC, le maître-mot est la responsabilité. En ce sens, j'encourage nos jeunes à cultiver une certaine éthique pour mieux jouir des avantages de cet outil qui se révèle une arme à double tranchant. " L'efficacité des TIC n'est plus à démontrer. " On peut utiliser cet instrument pour créer des activités génératrices de revenus. Par exemple : avoir une plateforme populaire peut rapporter de l'argent. Ce n'est un secret pour personne. De même que les TIC peuvent participer puissamment dans la lutte contre les violences basées sur le genre à Cité Soleil comme ailleurs. Et c'est pour cela que j'encourage l'ODELPA et ses partenaires à répliquer ses initiatives qui marchent sur le terrain. " Marie Juliane David julianedave@icloud.com
- RCCDHA, une organisation au service des groupes vulnérables de Cité Soleil
Le Rassemblement des citoyens conséquents pour le développement d'Haïti (RCCDHA) est une organisation à but non lucratif qui a vu le jour en 2003 à Cité Soleil, commune située au nord de Port-au-Prince. Dès sa création, le RCCDHA s'est donné pour mission de faire des plaidoyers en faveur du respect des droits de la personne humaine, le droit des femmes et des filles, a indiqué le coordonnateur général de cette association locale, Bazil David. Il a souligné la large contribution de son association au cours des vingt dernières années à la formation et à l'éducation des jeunes défavorisés de la commune. Du haut de ses deux décennies d'existence, M. Bazil souligne que l'organisation peut s'enorgueillir d'avoir également participé à des campagnes de sensibilisation visant un accès équitable de la santé à la population, sans tenir de son origine sociale, son niveau économique, sa religion, son sexe, etc. Le coordonnateur général du RCCDHA a déclaré : " Constatant les multiples difficultés auxquelles sont confrontées les citoyens du pays notamment ceux issus des quartiers populaires comme Cité soleil, nous avons pris l'initiative de créer le RCCDHA. Son objectif principal : aider ceux et celles qui ont des problèmes économiques et sociaux à trouver des voies de sortie. " David informe que le comité de direction de cette association est composé de neuf (9) personnes qui, selon lui, travaillent d'arrache-pied pour assurer la bonne marche de l'organisation. Il présente ainsi son organisation : " Aujourd'hui, nous comptons environ 400 membres, issus non seulement de Cité Soleil, notre zone d'intervention, mais également d'autres communes de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince et au niveau de la diaspora ". " Il n'y a pas vraiment une tranche d'âge pour intégrer le RCCDHA. Nous avons des enfants, des jeunes et des adultes dans notre sein. Le sexe, le niveau intellectuel importe peu pour nous ", a poursuivi le numéro 1 de l'organisation. La situation que connaît le pays ces dernières années n'est pas sans conséquences sur le bon fonctionnement de l'association, a relaté, M. Bazil. Plusieurs de ses membres ont été victimes de violences occasionnées par la guerre des gangs et certains sont contraints de laisser leur demeure pour s'installer ailleurs à la recherche d'une paix. Face à de pareils cas, que fait le RCCDHA ? A cette interrogation, le coordonnateur général de ladite association a soutenu : " Lorsque nos membres sont victimes de violence, nous ne restons pas indifférents à leur sort. Nous leur apportons notre soutien et notre accompagnement. Au RCCDHA, la santé mentale est aussi importante pour nous aussi bien que la santé physique ; c'est pour cette raison que nous offrons des services médicaux et psychologiques aux victimes, en collaboration avec d'autres partenaires ". Bilan et perspectives Le Père David a dressé un bilan positif et satisfaisant des activités de l'Association depuis sa création jusqu'à date. Aussi a-t-il souligné que le RCCDHA intervient dans plusieurs domaines particulièrement la santé, l'éducation et la promotion au respect des droits humains. Le leader communautaire a ajouté : " Nous avons passé près 6 ans à aider dans la distribution des médicaments contre la filariose lymphatique, cette maladie parasitaire tropicale endémique dans le pays qui se transmet par la piqure de moustiques infectés. Aujourd'hui, nous avons le Collège mixte Justin Juste qui fonctionne à Delmas 19. Cette école dispose d'un espace accueillant et paisible pour former des élèves du kindergarten à la 9ème année fondamentale. En ce qui a trait aux jeunes, dans le cadre de la mise en œuvre de partenariat avec d'autres institutions de la place, nous leur offrons des formations à caractère instructif et professionnel, en vue de leur autonomisation ". Le RCCDHA était heureux de pouvoir prendre part aux deux sessions de sensibilisation sur la violence basée sur le genre et ses corolaires organisée par l'Organisation de Développement et de lutte contre la Pauvreté (ODELPA) pour des jeunes issus de Cité Soleil. " Comme vous pouvez le constater, notre organisation était fièrement représentée. Nous avions proposé une dizaine de bénéficiaires. Je parie qu'ils ont valablement vendu les valeurs et principes prônés par le RCCDHA ", a lâché fièrement ce défenseur des causes des plus faibles. Selon les données fournies par le responsable de cette association, le RCCDHA prend toujours plaisir à faire des heureux à l'occasion de la fête des mères, pour la rentrée scolaire et les fêtes de fin d'année. " Nous avons l'habitude de distribuer des kits hygiéniques, alimentaires et scolaires à nos membres à chaque fois que le besoin se fait sentir ", a fait savoir le coordonnateur. À cause des rivalités entre les groupes armés, plusieurs familles sont décapitalisées et le RCCDHA est fortement frappé par ce fléau. Certains membres ne peuvent plus continuer avec leur entreprise. Pour les accompagner, le comité de cette structure, souhaiterait dans les jours à venir trouver un organisme pouvant leur octroyer des prêts à faible taux d'intérêt. Témoignages d'un membre Bony Donlove, un jeune garçon de 23 ans, habitant à Terre noire, un quartier de Cité Soleil, est membre du RCCDHA depuis un an. " Depuis que je suis membre du RCCDHA, je vois la vie d'une autre manière. Avec cette organisation, je crois que la jeunesse est l'avenir du pays étant que tel je dois me comporter comme un leader dans ma communauté ", témoigne-t-il. " Grâce à la structure, j'ai pu participer à plusieurs formations. Lors des catastrophes naturelles, les responsables ont l'habitude de distribuer des kits hygiéniques aux membres ", a confié Bony. Selon lui, l'insécurité impacte grandement l'agenda de l'organisation, il souhaite de tout cœur qu'il y ait plus de fonds disponibles pour que les projets et les objectifs fixés soient atteints. Notons que le siège social du RCCDHA se trouve actuellement à Delmas. L'organisation détient pour l'instant quatre bureaux régionaux répartis dans les Nippes et le Plateau central, notamment. Le RCCDHA a aussi une représentation aux États-Unis d'Amérique avec pour tâche d'assurer les démarches internationales visant l'avancement de l'organisation. Esperancia Jean Noël esperanciajeannoel@gmail.com
- Des jeunes PVVIH regroupés en association pour défendre leur droit
Foyer Lakay des jeunes " FOLAJ+ ", C'est le nom d'une nouvelle association composée de 271 jeunes PVVIH âgés entre 15 et 24 ans, portée sur les fonts baptismaux, le 23 septembre 2023, à l'hôtel Marriott. L'annonce de la création de ce regroupement de jeunes PVVIH a été faite quelques jours plus tôt, par Dr Nancy Rachel LABBÉ, directrice Pays de Georgetown University, l'une des institutions initiatrices de ce mouvement. C'est dans le cadre d'une journée de réflexion sur l'intégration des jeunes dans la lutte contre le VIH et la réalisation des ODD, réalisée le 12 septembre 2023, à Kinam Hôtel, que le message a été pour la première fois communiqué au public. Cette activité a été organisée par la Fédération des organisations pour le renforcement et l'émancipation des jeunes (FOREJ) en partenariat avec la Fondation pour la Santé Reproductrice et l'Éducation Familiale (FOSREF) et le programme commun des Nations-Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). C'est au cours de cet événement que Dr Nancy Rachel Labbé a expliqué à l'assistance toute l'importance de cette association dans l'élimination des nouvelles infections liées au VIH dans le pays, par le renforcement des campagnes de plaidoyer en faveur du respect des droits des PVVIH, les jeunes en particulier. Les jeunes, véritables victimes du VIH en Haïti Sara, 19 ans, est une jeune fille vivant avec le virus du sida depuis sa naissance. Elle a hérité de ce virus de sa mère infectée. Malheureusement, cette dernière n'a pas été prise en compte dans le cadre du programme de prévention de la transmission du vih de la mère infectée à son enfant (PTME). Alors que Sara était encore une adolescente de 14 ans qui jouissait aux côtés de ses parents et de ses amis, tout le privilège que la nature lui offrait, elle allait recevoir, en pleine figure, une nouvelle qui allait complètement bouleversé sa vie. Un matin d'août 2018, les journées des vacances d'été sont sans fin pour une fillette toute heureuse qui accompagne sa mère au marché de Titanyen, village d'Haïti, situé au nord de la Capitale, Port-au-Prince, à environ huit kilomètres de la commune de Cabaret. Là-bas, sa mère engage une vive discussion avec une vendeuse. Excitée, la poissonnière lui demande d'aller au diable avec sa " bête ", expression discriminatoire pour qualifier une personne vivant avec le virus du sida. " Au lieu de venir tout bonnement te mêler de mes affaires, pourquoi ne pas avouer à ta fille qu'elle a aussi la petite bête ", lâcha-t-elle, furieuse. " C'était un coup dur pour moi, en apprenant de cette façon que j'étais séropositive. J'avais au même instant, perdu le contrôle de moi-même. C'est comme si j'étais automatiquement devenue un zombi, un ossement desséché. J'avais voulu mettre d'un coup un terme à ma vie ", se souvient celle qui est devenue aujourd'hui, une belle et élégante jeune fille. Depuis sa tendre enfance, Sara supporte avec ménagement une santé fragile. Sa maman lui disait toujours qu'elle souffrait d'une maladie chronique qui l'oblige à prendre régulièrement des médicaments, si elle souhaite vraiment rester en vie. Quelle était la véritable raison de son régime thérapeutique au quotidien ? Rien ne lui a pas été révélé. Aujourd'hui, elle raconte : " J'étais sidérée en apprenant la nouvelle. J'étais furieuse contre ma mère pour m'avoir caché une telle vérité pendant tout ce temps. J'ai beaucoup pleuré. Je voyais la mort en face. " Grâce à un appui psychosocial qu'elle a reçu dans un Centre de prise en charge des patients VIH positifs de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, l'adolescente commence peu à peu à reprendre confiance en elle-même. Elle respire. Aussi, participe-elle régulièrement dans des groupes de soutien organisés par la Grande implication des personnes infectées et affectées par le VIH, GIPA. Ces activités lui permettent de remonter la pente et de vaincre du même coup son déni lié à la maladie. Celle qui a tenté de mettre fin à sa vie au moins une dizaine de fois, après avoir su qu'elle est infectée, aujourd'hui est devenue une jeune femme épanouie et confiante. " Vous me voyez ? Pensez-vous que je suis une personne malade ? Pas du tout ", soutient-elle fièrement. Sara est devenue depuis bien des temps, indétectable. Sa charge virale (le taux du VIH dans son sang), est diminuée d'une manière considérable qu'elle ne peut plus transmettre le Virus à d'autres personnes, pourvu qu'elle continue à respecter son régime thérapeutique lié aux antirétroviraux, ARV. " Je suis jeune. J'ai beaucoup de rêves, en dépit de ma séropositivité. Mon plus grand rêve est d'entamer une étude en médecine afin de devenir une activiste dans la protection de droits humains et dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les PVVIH comme moi, surtout dans les milieux sanitaires ", souhaite-t-elle avec une confiance indéfectible que l'on peut lire sur son visage. C'est dans le but de pouvoir commencer à concrétiser certains de ces objectifs que Sara a accepté de faire partie des membres fondateurs du FOLAJ+, présenté au grand public le 23 septembre dernier. En effet, d'où est venue l'idée de mettre sur pied "FOLAJ+" ? Appelé autrefois "Club des champions", le Foyer Lakay des Jeunes est une association qui regroupe actuellement près de 300 jeunes infectés et affectés par le VIH/SIDA au sein de la population. FOLAJ + est en fait un lieu de rencontre, de formation et de discussions pour ces jeunes. Pour leur épanouissement et leur autonomisation, ces jeunes ont déjà reçu, au cours des 9 derniers mois, des formations en cosmétologie, carrelage, peinture sur tissu, maroquinerie, pour ne citer que ces métiers-là. Ces sessions de formation sont soutenues par Georgetown University, un programme de recherche autour des meilleures stratégies à adopter dans la riposte contre le VIH/sida en Haïti. Dr LABBÉ s'estime heureuse de constater, en si peu de temps, le degré d'épanouissement et le niveau de leadership de ces jeunes. Elle souhaite qu'à l'avenir, certains d'entre eux puissent accumuler assez de courage pour accepter de dévoiler par eux-mêmes, leur statut sérologique. " Ce sera un bon pas dans les efforts visant l'implication effective des associations de PVVIH dans la lutte pour le continuum de prise en charge et de traitement et pour l'élimination d'ici à 2030, des nouvelles infections à VIH dans le pays ", a-t-elle conclu. Marc-Kerley Fontal marckerleyfontal@gmail.com
- L'équipe conjointe des Nations-Unies en retraite pour deux journées de réflexion sur le VIH/SIDA
Une quarantaine de personnes représentant le Gouvernement haïtien, les Organisations de la société civile, les Agences du système des Nations-Unies, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé de la santé et les organismes humanitaires, ont pris part ce mercredi 27 septembre 2023, à une journée de retraite de l'équipe conjointe des Nations-Unies sur le VIH/SIDA. Cette activité annuelle dans la deuxième ville du pays, Cap-Haitien, vise, d'une part, à faire le bilan de la situation de la maladie dans le pays et, d'autre part, à décliner ensuite les perspectives d'avenir en vue d'atteindre les objectifs des trois 95, d'ici à 2030. Avec ses partenaires, l'ONUSIDA, coordonnant les activités des Agences des Nations-Unies dans la riposte contre le VIH/SIDA, s'est fixé en 2015 comme objectif à l'échelle mondiale, que 95% des personnes séropositives soient diagnostiquées, 95% des personnes séropositives aient accès aux médicaments antirétroviraux et que 95% des personnes sous ARV, obtiennent une charge virale indétectable, d'ici 2023. C'est le directeur général du Ministère de la Santé publique et de la Population, Dr Lauré Adrien, qui a donné le coup d'envoi de la retraite. Dans ses propos circonstanciels, l'obstétricien-gynécologue a insisté sur l'importance de tous les secteurs de la vie nationale et internationale. À travers le prisme du faisceau des volontés, il enjoint toutes les parties à se concentrer vers un seul et même objectif : réduire considérablement les nouvelles infections à VIH dans le pays, d'ici 2030. À l'assistance réunie dans la Cité christophienne, Dr Adrien a déclaré sur ton rassurant : " Je pense que cette retraite est une excellente occasion pour les différents acteurs de se positionner sur les grands défis dans la lutte ". Chemin faisant, il a souligné l'importance pour les acteurs de se réunir autour d'une même table et de sortir avec un consensus à l'appui. " Ces réalités nous poussent aux questionnements sur la possibilité d'atteindre nos objectifs prévus ", a-t-il indiqué tout en soulignant qu'il faut garder l'espoir que vaincre la maladie, d'ici à 2030, est toujours possible. Et comment ce défi serait-il possible ? Le secret, pour lui, tient dans ces mots qui lui revient comme une incantation à chaque prise de parole : " Il faut que tous mettent la main à la pâte pour renverser la tendance et atteindre les objectifs fixés. " Rôle de la société civile dans cette retraite Lors du lancement de la retraite de l'équipe conjointe des Nations-Unies sur le VIH en Haïti, le président du Forum de la société civile de lutte contre le Sida, Dr Fritz Moïse, a frappé fort quand il a dit dans une formule qui fait mouche : " Une société civile dynamique reste au cœur de la riposte au VIH en Haïti. " Plus loin, il a capté l'attention par ce rappel : " Depuis le début de l'épidémie, la société a toujours joué un rôle capital dans la lutte contre l'infection à VIH dans le pays. Aujourd'hui encore, en dépit de certaines contraintes, nous sommes encore plus renforcés pour poursuivre la voie vers l'élimination de la maladie ". Dr Fritz Moïse, en défenseur des droits des populations clés et des groupes vulnérables, a insisté sur le fait que la société civile a une place de choix dans cet atelier de deux jours. La mine réjouie, il jubile : " Je suis content que tous les secteurs de la société civile, PVVIV, LGBT, Jeune, femme, religieux, secteur médical, médias, professionnels du sexe, ONGs locales, soient bien représentés. « Faisant également office de directeur exécutif de la Fondation pour la santé reproductive et l'éducation familiale (FOSREF), le médecin dit espérer que, - durant ces deux jours de réflexions - sortiront de grandes décisions à la base de la lutte tournée vers une amélioration tout à fait palpable. L'ONUSIDA réaffirme son engagement dans la lutte Dans le cadre de cette retraite, l'ONUSIDA, en cheville ouvrière, coordonne les activités de riposte contre le VIH des différentes agences des Nations-Unies. Avec d'autres partenaires, notamment techniques et financiers, l'institution onusienne a réaffirmé sa détermination de rester aux côtés du gouvernement haïtien dans la mise en œuvre de ses stratégies de réponse à la maladie. Aussi, le directeur pays du programme commun des Nations-Unies sur le SIDA, Dr Christian Mouala, s'accorde-t-il à dire que de tels résultats ne pourraient pas être obtenus sans l'implication effective de tous les secteurs, la société civile, en particulier. Pour mieux faire valoir ses idées, le médecin a mis en avant l'intérêt capital de l'ODD 17 qui s'avère un élément clef dans l'atteinte des objectifs de développement durable. Cet objectif promeut des partenariats efficaces entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile. Selon lui, ces partenariats doivent être inclusifs, construits sur des principes et des valeurs communes. Aussi, doivent-ils placer les peuples et la planète au cœur de leur préoccupation. Dans son costume de représentant de l'ONUSIDA, Dr Mouala a ouvert la séance par ces mots : " J'espère qu'après cette journée de retraite, des initiatives innovantes entre tous les secteurs ici présents vont être prises en compte en vue de venir à bout du VIH dans le pays, d'ici à 2030 ". Louiny Fontal fontallouiny1980@gmail.com
- SOFENOE, une association engagée dans la lutte contre les VBG à Cité-Soleil
À Cité-Soleil, comme dans plusieurs autres coins de Port-au-Prince, les violences basées sur le genre (VBG) se conjuguent au quotidien. Pas un jour ne se passe sans un nouveau cas de viol, de kidnapping ou de meurtre rapporté. Face à la montée des violences dans le pays, les femmes sont les premières victimes notamment les professionnelles du sexe. Le climat d'insécurité que connait actuellement le pays empire chaque jour la situation de cette catégorie de travailleurs. La pauvreté et la misère déjà endémique dans ce grand bidonville forcent souvent plusieurs d'entre elles à accepter de travailler dans des conditions extrêmement dangereuses avec la présence d'hommes armés dans cette commune située au nord de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Pour accompagner ces professionnelles trop souvent victimes dans cette agglomération, l'association Solidarité Féministe pour une Nouvelle Émergence (SOFENOE) fait partie des organisations et associations qui luttent contre les violences basées sur le genre. La présidente de la SOFENOE, Mme Augusta Moïse Millien, nous parle du sens de la mission de son association dans le plus grand bidonville de Port-au-Prince. Attitude-Santé : Mme Millien, comment les VBG affectent-elles la vie des PS sur le territoire haïtien, surtout à Cité-Soleil ? Augusta Moïse Millien : Les VBG sont avant tout des formes de violence dirigées contre une personne en raison de son sexe ou de son identité de genre. Les femmes, surtout les plus vulnérables (les PS), sont les plus touchées. Fort souvent, dans leur travail quotidien, elles rencontrent des clients agressifs, arrogants et même abusifs ; sans oublier des bourreaux, des psychopathes qui font tout pour les dévaloriser, les humilier en les infligeant parfois des traitements inhumains. Attitude-Santé : Cité-Soleil fait partie des zones rouges du pays à cause de la guerre des gangs et les violences. Beaucoup de cas de violences basées sur le genre : viols et autres y sont rapportés. Comment la SOFENOE s'y prend pour lutter contre les VBG dans cette région ? Augusta Moïse Millien : Pour s'y prendre, nous réalisons des séances de formation assidues sur les VBG pour les jeunes de la région. Dans notre dernière formation en date, remontant au 30 mars 2015, nous avons réuni trois cent cinquante (350) jeunes de Cité-Soleil. Ils ont été ormés et sensibilisés sur les VBG et les moyens de les combattre au sein de leur communauté. Attitude-Santé : Mme Millien, pouvez-vous nous parler un peu de la SOFENOE ? Sa mission ? Augusta Moïse Millien : La SOFENOE est une organisation féministe qui vise l'émancipation des femmes vulnérables de la société haïtienne, les professionnels du sexe (PS) surtout. Notre mission principale est d'encadrer et de sensibiliser les femmes vulnérables qui se trouvent dans des situations difficiles, de leur donner des formations nécessaires pour une émergence totale et la lutte contre les VBG. Pour répondre à notre mission sacro-sainte, nous nous donnons plusieurs objectifs. Nous avons un objectif général et des objectifs spécifiques. Au sein de la SOFENOE, notre objectif général est d'encadrer les PS. À côté de cela, nous avons cinq objectifs spécifiques qui sont : accompagner les femmes vulnérables (les PS) ; former les femmes vulnérables dans le cadre de la défense de leurs droits et de la lutte contre les VBG ; conscientiser ces femmes-là autour de leurs potentialités ; renforcer leur estime de soi et lutter pour le respect de leurs droits fondamentaux et inaliénables. Champ d'action de la SOFENOE Attitude-Santé : À part les points importants que vous venez de citer, quels sont les principaux domaines d'intervention de la SOFENOE ? Augusta Moïse Millien : Pour rester fidèle à sa mission et ses objectifs, la SOFENOE intervient dans un champ d'action précis. Notre champ d'action reste et demeure l'accompagnement des femmes vulnérables (PS). Nous les accompagnons à travers diverses séances de formation, surtout dans le respect et la promotion de leurs droits comme personne à part entière. Nous organisons également des séances de formation sur les VBG, les infections sexuellement transmissibles (IST) et l'estime de soi. Nous assistons également ces femmes dans le cadre de leurs besoins. Pour rehausser le domaine de notre intervention, nous avons mis sur pied avec nos faibles moyens une école professionnelle, question pour nous d'accompagner les femmes vulnérables, mais également leurs enfants. C'est ainsi qu'on les procure un métier. L'année dernière, nous avions gradué environ quatre-vingt (80) jeunes et cette année nous venons de graduer une soixantaine environ. Désormais, ces jeunes-là ont un métier et sont prêts à investir le marché du travail ; du même coup la SOFENOE mène un combat contre la délinquance juvénile. C'est ce que nous pouvons offrir à notre chère Haiti. La SOFENOE s'enorgueillit Attitude-Santé : Bonne idée pour Haïti. Venons à d'autres réalisations de la SOFENOE dans votre champ d'action. Augusta Moïse Millien : Une organisation qui se respecte doit avoir un champ d'action, au sein duquel, des réalisations. La SOFENOE peut s'enorgueillir sur un ensemble de réalisations. Parmi ces dernières, citons, entre autres : formation des femmes vulnérables (PS) dans divers départements du pays : l'Ouest, le Sud, le Nord et le Centre. Nous avons fait des plaidoyers au profit des femmes vulnérables (PS) dans le département du Centre ; des séances de formation assidues sur les VBG ; une formation à Cité Soleil réunissant 350 jeunes en date du 30 mars 2015, etc. Attitude-Santé : En tant que présidente de la SOFENOE, qu'est-ce qui vous inspire de la satisfaction ? Avez-vous récolté des témoignages ? Augusta Moïse Millien : Je peux dire que les séances de formation et de sensibilisation nous apportent beaucoup de succès, car nous avons des témoignages de ces femmes, une fois qu'elles fréquentent la SOFENOE, n'acceptent plus la bastonnade de leur conjoint ; si cela arrive, elles disent qu'elles vont à la SOFENOE... Attitude-Santé : Dans la vie tout ne roule pas comme sur des roulettes. Avez-vous rencontré de difficultés dans la mise en œuvre de la mission de SOFENOE ? Augusta Moïse Millien : Les difficultés sont nombreuses. Dans la mise en œuvre de sa mission, la SOFENOE a besoin du support de plusieurs instances étatiques dont le pouvoir judiciaire, mais parfois ces instances ne réagissent pas à temps ou assez. Souvent, elles demeurent passives. Ce qui rend difficile notre tâche. Propos recueillis par Marie Juliane David
- Cérémonie de collation d'une soixantaine de diplômés de SOFENOE
Une cérémonie de graduation de SOFENOE école professionnelle a regroupé, le dimanche 17 septembre 2023, au Karibe Hôtel, une soixantaine d'étudiants en cosmétologie, carrelage, informatique bureautique, sérigraphie et chimie industrielle. Ces jeunes formés dans plusieurs disciplines ont reçu, leur parchemin. Ainsi, ce dernier acte atteste la fin de leur cycle d'étude de neuf mois. Dans un décor agrémenté pour la circonstance, la salle de spectacle a réuni des partenaires de Solidarité féministe pour une nouvelle émergence (SOFENOE), les membres du conseil administratif de l'école, le corps professoral, les invités d'honneur, les parents et proches des gradués. La cérémonie s'est déroulée en présence du directeur pays de l'ONUSIDA en Haïti, Dr Christian Mouala, de la directrice pays de l'Agence adventiste de Développement et de Secours (ADRA), Mme Myrlaine Jean Pierre, des membres du comité de coordination multisectoriel du Fonds Mondial en Haïti (CCM), et du président du Forum de la société civile de lutte contre le VIH, qui a suivi l'évènement en ligne. Hommage posthume à Laurette Dorvilus, une femme courageuse C'est dans une atmosphère solennelle du Karibe que la directrice exécutive de Solidarité féministe pour une nouvelle émergence, Mme Louise Augusta Moïse, a fièrement déclaré : " Baptiser cette nouvelle promotion de SOFENOE école professionnelle, Laurette Dorvilus, est une façon de rendre hommage à cette courageuse jeune femme qui a subi le martyr et les violences basées sur le genre, tout au long de sa vie. " Elle a fait savoir que Laurette Dorvilus était une jeune femme qui avait découvert sa séropositivité au début des années 80. À cette période critique, l'ignorance de la population, le manque de connaissance du personnel médical par rapport à cette nouvelle maladie, contribueront à la stigmatisation et à la discrimination des personnes infectées. En outre, l'inexistence de médicaments pour lutter efficacement contre cette nouvelle épidémie rendait encore les choses plus difficiles pour cette catégorie dont faisait partie Laurette Dorvilus. Brisée, humiliée, maltraitée par son mari qui l'avait infectée quelques années plus tôt, Laurette devait tout faire pour répondre à ses besoins ainsi qu'à ceux de sa fille unique. Elle mènera une lutte acharnée pour améliorer ses conditions de vie en prônant l'excellence jusqu'à ses derniers jours. Les propos de Mme Louise Augusta Moïse sont touchants : " Comment ne pas prendre comme modèle le courage et la volonté de vivre de cette grande dame ? Trop souvent on cherche très loin des modèles, pourtant nombreux sont là, sous nos yeux. On les ignore. Je vous invite à méditer sur cette triste et belle histoire de Laurette. Une histoire qui peut être similaire à celle de beaucoup d'entre vous, ici présents, mes chers récipiendaires. " Par ailleurs, elle a présenté le centre éducatif comme un projet qui vise à tracer une voie significative vers l'autonomisation des professionnels du sexe (PS). Elle a fait savoir également que ce centre participe au développement économique des personnes infectées et affectées par le vih tout en mettant le cap sur leur ascension sociale. Le parrain de la promotion, M. Gethro Charpentier, a salué le courage, le dévouement et la détermination de ses filleuls : " Dans un contexte de crise sociopolitique et économique auquel fait face Haïti de manière chronique, vous n'avez, à aucun moment durant le cycle de formation, baissé les bras aux turpitudes. Vous avez bravé tant de dangers, pour poursuivre vos rêves sans broncher. La cérémonie d'aujourd'hui est le premier résultat de tous ces sacrifices consentis. " Les gradués ont répondu à l'appel de leur parrain par la voix de la lauréate de la promotion, Rose Myrtha Joseph. Convaincue, elle a donné le ton : " Ce n'est pas le parchemin qui fera de nous des femmes et des hommes respectables, mais ce que nous en ferons après l'avoir reçu. " Marc-Kerley Fontal marckerleyfontal@gmail.com
- VBG à Cité Soleil : des efforts récompensés, la lutte continue
La violence basée sur le genre reste une préoccupation pour les acteurs humanitaires dans la commune de Cité Soleil. Jusqu'à présent, les résultats enregistrés sur le terrain sont encourageants. Le travail réalisé par l'Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA), l'ONUSIDA et des partenaires locaux et diverses entités ouvre une lueur d'espoir dans ce vaste bidonville gangréné par la violence sous toutes ses formes. Dans cette sombre existence, l'espoir vient surtout des jeunes de ce noyau urbain au nord de Port-au-Prince qui montrent un réel intérêt à participer au changement de leur communauté notamment en ce qui concerne la VBG. On notera pour rendre clair ce terme qui ne se limite pas au fait d'être un homme ou une femme, la définition de l'Organisation des Nations Unies : " Tous actes de violence dirigés contre des femmes en tant que telles et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée." À la lumière de ce qui est défini, on mesure, dans les faits, le réel obstacle à l'émancipation des jeunes filles et des femmes à Cité Soleil. À cet effet, le travail de longue haleine de l'ODELPA et de ses partenaires locaux, toutes catégories confondues, offre une nouvelle alternative aux jeunes de ce vaste bidonville sous l'emprise d'hommes armés. ATTITUDE, numéro spécial du mois d'octobre, donne la parole à ces braves jeunes engagés et déterminés à combattre cette forme de violence. Dans nos pages, un reportage met en relief la cérémonie de remise de certificat à plusieurs professionnels du sexe (PS) qui ont suivi une formation alternative leur permettant de changer d'orientation. Nos journalistes, à travers cette édition, ont mis en lumière les efforts des institutions qui travaillent à Cité Soleil, une subdivision administrative de notre territoire dont les besoins sont pressants. In fine, La Rédaction invite des lecteurs à découvrir le témoignage émouvant d’une jeune femme victime de la VBG à Cité Soleil. Bonne lecture !
- La PrEP, une réponse adaptée dans la lutte contre le VIH
Martino Pierre, 33 ans, né à Port-au-Prince, est le benjamin d'une famille protestante de sept (7) enfants. Après ses études secondaires, il s'est dirigé vers la comptabilité. Aujourd'hui, il fait partie de la communauté lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et plus (LGBTQI+). Il s'identifie comme un homme ayant des relations sexuelles seulement avec d'autres hommes. Il est également un pair éducateur. Pour se protéger contre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), Martino prend, sous forme de comprimés, avant et après les rapports sexuels, la prophylaxie préexposition (PrEP). Selon l'organisation mondiale de la Santé (OMS), la PrEP est une méthode de prévention contre le VIH. Elle consiste en la prise d'un médicament par une personne non infectée par le virus mais qui fait partie des gens à hauts risques de le contracter par voie sexuelle. Cependant, la prophylaxie pré-exposition n'accorde aucune protection contre les autres infections ou maladies sexuellement transmissibles. " J'ai découvert la PrEP lors d'une séance de formation et de sensibilisation déroulée à l'organisation Arc-en-ciel (ORAH), une association qui défend les droits de la communauté (LGBTQI+) dans le pays. J'ai trouvé cette méthode de prévention contre la transmission du VIH extrêmement importante dans la riposte de cette pathologie ", confie Martino Pierre. " Avec toutes les informations recueillies lors de cette rencontre concernant les bienfaits de cette méthode, j'ai décidé depuis de m'abonner à la PrEP. Cela date déjà d'une année ", poursuit-il. Les différents avantages Selon les dires de Pierre, la prise de la PrEP est extrêmement importante dans la bataille contre le VIH. Elle apaise l'esprit et protège le corps. Enrôlé à la PrEP, Pierre témoigne des multiples bienfaits que lui procure ce médicament si précieux. " J'ai plusieurs partenaires sexuels ", reconnait le pair éducateur. " En plus, je suis allergique aux préservatifs, je n'arrive pas vraiment à m'adapter avec cette méthode de protection même si elle est très ancienne. La PrEP m'apporte une certaine paix mentalement. Je peux avoir des rapports sexuels en toute quiétude, sans songer à être infecté par le VIH ", déclare l'homme soucieux de sa santé. " Durant les premières semaines qui suivent mon enrôlement, j'ai eu des douleurs abdominales quelques fois. Ces douleurs étaient dû aux effets secondaires liées à la prise du médicament. En dépit de ces moments de malaises, je continuais à avaler mes comprimés. Vu les bénéfices de cette méthode, ce n'était pas dans mon intérêt de l'arrêter ", avance le comptable. Cependant, malgré les différents avantages de la PrEP dans la vie de Pierre, celui-ci avoue qu'il cessera tôt ou tard la prise de ce médicament, car son plus grand vœu est d'avoir une vie sexuellement stable, vivre avec un seul partenaire, un homme avec lequel il partagera son cœur et son corps, une personne en qui il placera aveuglement sa confiance. Disponibilité de la PrEP En dépit des difficultés que connait le pays ces dernières années, Pierre avoue que ce n'est pas compliqué de se procurer de la PrEP. Elle est disponible et accessible à toutes personnes ayant recours à ce moyen de prévention. Selon le comptable, mise à part le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), nombreuses sont les organisations de la société civile qui s'attèlent dans la lutte contre le VIH. Ces dites organisations déploient un ensemble d'efforts visant à prévenir et aussi à aider ceux et celles qui vivent déjà avec le virus. " Tout comme les anti-rétrovirus sont disponibles pour les PVVIH dans l'enceinte de certaines organisations, elles disposent également de la PrEP pour ceux et celles qui se servent de cette stratégie pour se protéger du VIH. Je n'ai aucun mal à me procurer de la PrEP ", déclare-t-il. Effets de la PreP sur la sexualité Selon le consommateur de la PrEP, cette pilule impacterait sur la sexualité. " Personnellement, je n'ai pas prêté attention aux effets de la PrEP sur ma libido et mon endurance sexuelle mais j'ai des amis et confrères qui m'ont confié depuis leur enrôlement à la PrEP, ils remarquent une montée liée à leur pulsion sexuelle. Jamais je n'ai entendu une personne se plaindre en ce sens ", a expliqué Pierre. Son implication personnelle Bouillonnant d'activités, Martino Pierre consacre une bonne partie de son temps à la formation et à la sensibilisation. En effet, il est pair éducateur, un titre qui charrie une panoplie de responsabilités. " Je participe régulièrement à des séances de sensibilisation et de formation axée sur la santé et les droits de la personne humaine. Dans des groupes de discussion composés de gens faisant partie de la communauté des LGBTQI+ et des hétérosexuels, je partage mon expérience au sujet de la PrEP avec eux et les encourage vivement à choisir ce moyen de prévention ", lance-t-il. Martino recommande au MSPP et aux organisations nationales et internationales publiques et privées œuvrant dans le domaine de la santé particulièrement dans le domaine du VIH/SIDA de faire une sensibilisation plus intensive autour de la prophylaxie pré-exposition. " La PrEP, ce moyen de prévention nouvelle, nécessite une plus large vulgarisation pour le grand public. Mise à part les moyens préventifs et l'abstinence, la population doit avoir une large connaissance de cette méthode. Des interventions dans les écoles, les universités, les églises et autres seraient très bénéfiques ", a-t-il souligné. Martino Pierre : nom d'emprunt Esperancia Jean Noel esperanciajeannoel@gmail.com
- KSJFD pour une implication totale dans la lutte contre la violence basée sur le genre à Cité-Soleil
La violence basée sur le genre (VBG), surtout envers les filles et les femmes, est monnaie courante en Haïti. Elle constitue un véritable problème de santé publique et entrave le respect des droits humains. Cité-Soleil, commune d'Haïti, située dans le département de l'Ouest, constitue, depuis quelques temps, l'une des bastions de la violence dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Cette localité, souvent le siège d'affrontements entre gangs rivaux, expose ses résidents à toutes formes de violence dont la VBG. Pour mieux appréhender cette forme de violence dans les zones de conflits entre gangs armés, Attitude Santé a rencontré Valencia Ulysse, la coordonnatrice de Kouran Sosyal pou yon Jenerasyon Fanm Djanm (KSJFD), une organisation travaillant dans la lutte contre la violence basée sur le genre à Cité-Soleil. Elle s'est confiée à notre journaliste Marie Juliane David. Attitude Santé : Mme Valencia Ulysse, comment comprenez-vous la violence basée sur le genre (VBG) ? Mme Valencia Ulysse : On parle de violence basée sur le genre toutes les fois que les droits d'une personne ne sont pas respectés en raison de son identité de genre. Par exemple, Les hommes doivent comprendre que forcer une femme à avoir des relations sexuelles même quand elle ne veut pas est un viol et du coup une forme de violence. Ils doivent admettre que les femmes peuvent aussi décider quand elles doivent avoir ou non des relations sexuelles. Attitude Santé : Quelles sont, d'après vous, les conséquences de la VBG sur la société ? Mme Valencia Ulysse : Une société où il n'y a pas d'équité entre hommes et femmes, où les droits des femmes ne sont pas respectés est, pour moi, déséquilibrée. Certes, il y a des avancées qui se font de jour en jour sur la question, mais la lutte pour le respect des droits des femmes doit continuer tout en prenant en compte les différentes formes de violence basées sur le genre. Notons que ces formes de VBG ne se réduisent pas seulement aux viols, aux harcèlements, mais aussi à certaines pratiques courantes de notre société comme l'inégalité des salaires pour un même emploi au sein d'une entreprise. KSJFD une organisation nationale Attitude Santé : Mme Ulysse, vous êtes coordonnatrice de Kouran Sosyal pou yon Jenerasyon Fanm Djanm à Cité-Soleil, parlez-nous un peu de cette organisation. Mme Valencia Ulysse : Kouran Sosyal pou yon Jenerasyon Fanm Djanm est une organisation nationale ayant son siège basé à Cité-Soleil. Elle a été fondée le 18 août 2014 dans le but d'accompagner les plus démunis spécifiquement les femmes souvent cibles de violence basée sur le genre dans le domaine de la santé, l'éducation et l'économie. Attitude Santé : Vous êtes coordonnatrice de KSJFD. Depuis quand occupez-vous ce poste au sein de l'association ? Mme Valencia Ulysse : Depuis 5 ans. Attitude Santé : Cité-Soleil est souvent le théâtre d'affrontement entre des groupes de gangs rivaux, comment KSJFD arrivent-elle à accomplir sa mission au milieu de tout ce chaos ? Mme Valencia Ulysse : L'un des objectifs que nous nous sommes fixés à KSJFD c'est de contribuer à faire régner la paix à Cité-Soleil en offrant aux jeunes une éducation alternative comme une arme pour se construire. Mais, quand les affrontements s'amplifient, nous sommes obligés de nous replier pour protéger nos vies. Quand le calme revient, on reprend le cours de nos activités. Attitude Santé : Pouvez-vous nous citer quelques réalisations de KSJFD à Cité-Soleil ? Mme Valencia Ulysse : Nous avons organisé plusieurs séances de formation pour les jeunes sur la VBG : la chimie industrielle, la mécanique, l'entreprenariat, le système de crédits etc. Nous avons permis à beaucoup de jeunes de reprendre le chemin de l'école et d'avoir accès aux soins de santé. Aussi, beaucoup d'entre eux ont été canalisés sur le marché du travail. En ce sens, nombre d'entre eux ont pu mettre sur pied leur propre entreprise. L'impact de KSJFD à Cité-Soleil Attitude Santé : Quel est l'impact de ces travaux sur la communauté de Cité-Soleil en général ? Mme Valencia Ulysse : Dans la cité, beaucoup de jeunes ne croient pas dans la violence. Avec nos interventions, beaucoup d'entre eux ont désormais des métiers en main et travaillent soit pour une entreprise quelconque, soit à leur propre compte. Ce qui permet de réduire les violences quotidiennes. Attitude Santé : Comment votre association s'implique-t-elle dans la lutte contre la VBG à Cité-Soleil ? Mme Valencia Ulysse : Cette implication passe par plusieurs activités. Nous organisons des séances de formation, séances au cours desquelles nous réalisons des travaux et des simulations à travers des pièces de théâtre. Nous utilisons cette méthode pour aider les gens de la cité, les jeunes surtout à comprendre les différentes formes que la violence peut prendre. Définitivement, la violence constitue un poison pour la communauté. Attitude Santé : La violence basée sur le genre est un sujet très sensible, quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la mise en œuvre de votre plan d'action ? Mme Valencia Ulysse : Ce n'est pas facile. Nous faisons face à beaucoup de pression parfois même des ironies pour tenter de nous décourager. Malgré tout, on continue avec détermination. Attitude Santé : En dépit de toutes ces difficultés, qu'est-ce qui vous rend fier de votre intervention dans la cité ? Mme Valencia Ulysse : Avec notre intervention dans la cité, la tendance à banaliser la vie des gens commence à diminuer. C'est, pour nous, un point positif. Propos recueillis par Marie Juliane David
- Une vie meurtrie par le viol
Selon l'Organisation mondiale de la santé, une femme sur trois dans le monde a déjà subi, ou subira, des violences basées sur le genre (VBG) au cours de sa vie. En Haïti, les cas de viols se répandent à une vitesse exponentielle contre des milliers de femmes, dont des mineures. Parmi les violences subies, on peut citer : violences physiques - économiques - mentales - conjugales. Malgré que ces cas de violence génèrent souvent des blessures graves, rares sont les femmes qui acceptent de briser le silence face à ce phénomène, par peur de représailles. Jasmine, jeune de 22 ans, n'a pas échappé à cette violence. Elle raconte ses péripéties. Nous sommes à Cité Soleil, vaste bidonville d'une superficie de 21,81 km2 situé au nord de Port-au-Prince. Elevée au rang de commune depuis 2002, Cité Soleil compte environ 265 000 habitants, selon le recensement par estimation de 2015 de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique (IHSI). Les femmes, plus de 135 000 contre 129 000 hommes, sont majoritaires dans cette commune. A l'image de tous les bidonvilles du pays, Cité Soleil est caractérisée en grande partie par des habitats précaires construits avec des matériaux de récupération (tôles, bois, cartons, fragments de blocs et objets divers). Les unités de logement précaire répandues dans cette subdivision administrative du territoire expriment l'état de pauvreté extrême de ces habitants. En dépit de ces conditions inhumaines dans lesquelles vivent les Soléens (nom que portent les habitants de la commune), ces derniers doivent aussi faire face quotidiennement à une violence systémique caractérisée par l'absence quasi-totale de l'État, occasionnant ainsi la prolifération des gangs armés qui règnent en maitre et seigneur. Dans ce cycle de violence communautaire, les femmes et les filles sont les premières victimes. Dans son rapport sur la situation des droits humains en Haïti, publié en octobre 2022, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l'homme (HCDH), révèle que " pour semer la peur et la terreur au sein de la population, les gangs utilisent généralement la violence, et de façon alarmante, le nombre de cas de viols augmente de jour en jour à mesure que la crise humanitaire et des droits humains s'aggrave dans le pays". Histoire troublante de Jasmine Jasmine, 22 ans, native de Bélékou, quartier de Cité soleil, dès sa tendre enfance est marquée par les séquelles de la violence sexuelle. Violences héritées de son beau-père, membre actif d'un gang opérant dans la commune. L'homme qui l'a bercée depuis l'âge d'un an, peu après la mort de son père tué par balle, un soir où ce dernier revenait du travail, était vite devenu son pire fantasme. " Toute ma vie est un cauchemar ", se lamente-t-elle. Après un long soupir pour retenir ses larmes, la jeune femme poursuit son histoire, triste, l'air pensif. " J'avais environ 3 ans. Nous sommes en 2004. Quand mon beau-père a commencé à toucher subtilement mes parties intimes. Il me faisait comprendre que c'était un simple jeu d'enfant. Quand je commençais à mieux articuler mes mots, j'ai aussitôt raconté à ma mère toute mes aventures avec celui que je considérais comme un père. " Elle a tout déballé à sa mère, un soir ; alors que la pauvre venait juste de regagner la maison. Jasmine se souvient de ce temps-là. Elle passait toutes ses journées avec son beau-père ; sa mère, elle, suait sang et eau dans une usine de sous-traitance non loin de chez elle. Pour joindre les deux bouts, elle partait tôt à son travail et rentrait tard. " Ce soir-là, après mon aveu que je considérais d'ailleurs comme une blague, vu que j'étais encore trop petite pour comprendre ce que signifiait attouchement sexuel. Je me souviens avoir reçu une gifle de ma mère. Elle était furieuse contre moi. Elle n'a pas voulu me croire ", se plaint encore la victime. Le beau-père, quant à lui, s'est montré indifférent contre la souffrance de la fillette. Il ne pipait mot. C'est comme si de rien n'était. A mesure que Jasmine grandissait, son bourreau n'en finissait pas de la violer. Il exerçait de grande pression sur cette innocente qui méritait l'encadrement familial à un moment aussi fragile de la vie. La jeune fille s'en souvient : " Elle abusait de moi presque tous les jours. J'étais restée seule face à mon sombre destin. D'un côté, j'avais peur de parler aux autres puisque ma mère n'arrêtait pas de m'injurier et de me fouetter. A ses yeux, j'étais une perverse. Une libertine. De l'autre côté, mon beau-père, lui, n'arrêtait pas de me lancer des menaces de mort. Il me disait : " Si tu parles de notre aventure à quelqu'un d'autre, tu vas le regretter pour le reste de ta vie ". Piégée dans un cercle vicieux, à 18 ans, Jasmine décidera de rapporter à une amie ses péripéties. C'était juste quelques semaines avant d'être expulsée de la maison par sa propre mère sur ordre de son agresseur. " J'étais révoltée ! À 18 ans, ma mère m'a mise à la porte. Je me suis réfugiée chez une amie. Quelques mois plus tard, elle m'a forcée à me prostituer juste pour subvenir à mes besoins. Voilà comment ma vie s'est effondrée. Tous mes rêves envolés ". Quatre ans après avoir été forcée d'abandonner sa demeure, Jasmine ne veut plus entendre parler de sa mère et de son violeur. Sur les trottoirs, cette jeune femme de 22 ans, souhaite un jour sortir de cet enfer qui l'assiège depuis plus de 19 ans. Jasmine aura-t-elle, un jour, une vie normale ? un emploi, une famille, des enfants. Tout homme qui l'approche a un relent de l'image de son beau-père, un violeur qui a fait main basse sur son enfance. *Jasmine est un nom d'emprunt Marc-Kerley Fontal marckerleyfontal@gmail.com
- ODELPA rend hommage à 60 jeunes de Cité Soleil lors d'une remise de certificats
L'Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA) a organisé en son local, le mardi 5 août 2023, une remise de certificats à 60 jeunes venant de la commune de Cité Soleil. Ces jeunes ont suivi une session de formation durant quatre jours sur la question des violences basées sur le genre et son impact dans les communautés vulnérables. Ces assises financées par l'ONUSIDA, la FOSREF, le Forum de la société civile et l'OCSEVIH s'inscrivent dans le cadre du projet de sensibilisation, d'appui psychologique et économique à des jeunes de ce vaste bidonville. La cérémonie s'est déroulée en présence du directeur pays de l'ONUSIDA en Haïti Dr. Christian Mouala; l'ambassadeur de Taiwan en Haïti, Richard Wen-Jiann KU; le représentant du bureau de coordination des Affaires humanitaires (OCHA) en Haïti, Abdoudaye Sawadogo; le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Junior Rémy Mauvais, la présidente de l'Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté ODELPA, Mme Ficeline Rateau et la directrice exécutive de l'ODELPA, Mme Sœurette Policar Montjoie. Intervention de la fondatrice et présidente de l'ODELPA " Cette initiative pour la justice et l'autonomisation des femmes n'est qu'une goutte d'eau dans un vaste océan, tant que les besoins en matière de formation, de sensibilisation, d'encadrement, de professionnalisation des jeunes et l'autonomisation sont énormes. C'est l'une des conditions sine qua non pour une Haïti où le droit des uns et des autres soit pleinement respecté ", a déclaré la présidente de l'ODELPA Mme Ficeline Rateau. Le numéro un de cette organisation de défense des droits humains a exhorté les récipiendaires à mettre tout en œuvre pour devenir de vrais agents de changement dans leur communauté " Chers récipiendaire, je voudrais m'adresser à vous directement, pour vous exhorter à ne ménager aucun effort pour atteindre vos objectifs fixés. Il s'agit entre autres du renforcement des capacités des femmes pour une lutte efficace contre les violences faites aux femmes et aux filles au sein de la communauté. Plus rien ne doit constituer d'obstacle à la concrétisation de ces rêves. Je vous encourage à être de véritables agents de paix, de changement et de développement pour votre communauté, votre pays et pour le monde ", a-t-elle soutenu. D'une voix très ferme, la fondatrice d'ODELPA a r enouvelé son engagement envers la communauté, pour que le droit de tout le monde, sans distinction aucune, soit entièrement respecté. Elle a aussi encouragé les jeunes à dénoncer les cas de violences basées sur le genre, car selon elle, " c'est de cette manière qu'on pourra vraiment éradiquer ce fléau." De son côté, le directeur pays de l'ONUSIDA en Haïti, Dr Christian Mouala, a salué cette belle initiative de l'ODELPA en faveur des couches vulnérables du pays : " Pour nous, au sein du programme commun des Nations-Unies sur le VIH/SIDA, ce moment est essentiel. Sensibiliser 60 jeunes sur des thématiques liées aux Objectifs de Développement durable (ODD), ce n'est peut-être pas beaucoup par rapport à l'intensité des besoins ", a-t-il reconnu. Il estime toutefois que " c'est une porte d'entrée, un démarrage et un effort en plus qui pourrait s'associer à d'autres pour donner un peu d'espoir. " Représentant des organismes binationaux et internationaux au sein du Comité de coordination multisectorielle du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la Tuberculose et la Malaria en Haïti (CCM-Haïti), Dr Mouala a promis un appui infaillible de l'ONUSIDA à travers des co-sponsors dans toutes les démarches visant le respect des droits des PVVIH, des populations clés et des groupes vulnérables, dans le pays. Eunuce Sévère, l'une des bénéficiaires Eunuce Sévère, arborant un large sourire, a témoigné en son nom la gratitude des participants envers les responsables d'ODELPA et des partenaires pour la réalisation de ces deux sessions de formation. " Nous sommes tous de Cité Soleil, une communauté qui fait partie des zones de non droit, nous pouvons témoigner qu'il n'est pas facile de réussir sa vie là-bas. Nou granmoun anvan nou jenn. À travers ces formations, nous n'avions pas seulement appris à faire de beaux discours, mais encore recevoir des connaissances utiles et vitales qui serviront certainement notre communauté. Nous sommes maintenant, tous et toutes prêts à entreprendre quelque chose, à être plus disciplinés dans la perspective de notre autonomisation financière ", a-t-elle déclaré sur un ton fier. La jeune fille de 21 ans venue de Sarthe, un quartier de Cité Soleil, a promis aux initiateurs du projet d'appliquer les notions apprises au cours de cette formation. " Nous vous promettons de ne pas vous décevoir. Au contraire, nous allons tout mettre en œuvre, afin de vous rendre fiers de nous, fiers de notre avenir prometteur. Croyez-nous, vous avez créé des leaders, des véritables acteurs de développement ", a-t-elle renchéri. Réactions des personnalités Les réactions sur le discours prononcé par la jeune Eunuce Sévère n'ont pas tardé. L'ambassadeur de Taiwan en Haïti, Richard Wen-Jiann Ku a exprimé sa joie de découvrir beaucoup de talents en herbe qui constituent, selon lui, l'avenir prometteur d'Haïti, à travers cette nouvelle organisation œuvrant dans le domaine de la formation pour un changement réel et effectif au sein de la jeunesse haïtienne. Pour sa part, le représentant du Bureau de coordination des Affaires humanitaires (OCHA) Haïti, Abdoudaye Sawadogo et le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) Junior Rémy Mauvais, ont tour à tour demandé aux récipiendaires d'être considérés comme le soleil. " En tant que tel, vous devez briller et rejaillir vos ondes lumineuses sur les autres, en leur inculquant les connaissances acquises." Il est à souligner que ces jeunes récipiendaires ont agrémenté la journée avec une courte représentation théâtrale. Cette mise en scène a reflété les multiples thématiques autour desquelles s'étaient déroulées les deux sessions de formation. Garbens Joseph, jeune slameur, bénéficiaire du projet, a profité de la remise de certificats pour déclamer sur un rythme scandé son poème au public. Esperancia Jean Noel esperanciajeannoel@gmail.com
- VBG, une entrave à la lutte pour l’élimanation du VIH/Sida à Cité-Soleil
À Cité-Soleil, les violences basées sur le genre (VBG) sont légions depuis quelques temps. Selon les cas rapportés, plus d'une cinquantaine de cas de viols sont enregistrés pendant la période allant de juillet à décembre 2022, selon un rapport publié par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (UNOHCR). Dans cette commune d'Haïti, située en périphérie de Port-au-Prince, où les affrontements entre des gangs rivaux sont monnaies courantes, les violences sexuelles deviennent une arme de punition, de domination et d'exploitation des femmes et des filles vivant dans la région. Notons au passage que les rapports sexuels non-protégés constituent une source de contamination directe par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du Sida. Cette montée accrue des violences sexuelles à Cité-Soleil, selon Wegbert Chéry, le conseiller Égalité et droits pour tous de l'ONUSIDA, fragilise les efforts de lutte pour l'éradication du VIH/Sida en Haïti d'ici 2030. On risque d'avoir une flambée de nouveaux cas d'infections au VIH dans la région. Avec l'interdiction de circuler qu'opposent souvent certains groupes de gangs, les personnes vivant déjà avec le VIH/sida (PVVIH) à Cité-Soleil se voient priver de médicaments (antirétroviraux). D'où possible passage de statut charge virale indétectable à détectable. En outre, à cause des guerres entre les groupes armés, la prise en charge des nouveaux cas d'infection au VIH devient fort difficile. Les femmes et les filles ayant subi des violences sexuelles n'ont pas recours aux soins de santé en première intention. L'heure est à l'urgence. Une campagne de sensibilisation sur les VBG Face à ce constat alarmant, l'Organisation de lutte et de développement contre la pauvreté (ODELPA) a entrepris une campagne de sensibilisation, d'éducation, d'appui psychologique et de renforcement économique des habitants vivant dans la zone de Cité-Soleil. Cette campagne financée par l'ONUSIDA vise à former une soixantaine de jeunes filles, femmes et hommes issus de Cité Soleil sur le VIH/Sida, la santé reproductive, les droits humains et les VBG, a informé la directrice de l'ODEPA, Mme Sœurette Policar Montjoie. Ainsi, vise-t-elle à sensibiliser le public en général sur les conséquences des VBG sur la société et sur les femmes et les filles en particulier. L'ONUSIDA, souligne Mr Wegbert Chéry, n'implémente pas directement des projets, mais travaille de concert avec des organismes de la Société civile dont l'ODELPA en leur aidant à trouver les financements nécessaires pour la réalisation de toute activité ou action contribuant à réduire l'incidence et la prévalence du VIH/Sida à l'échelle nationale. " Cette campagne initiée par l'ODELPA depuis le mois d'août de cette année en est un exemple. Son financement découle d'un fonds catalytique mobilisée par l'ONUSIDA auprès de la Banque mondiale et PEPFAR ", nous apprend-t-il. Les violences basées sur le genre constituent une véritable entrave à l'atteinte des Objectifs globaux 2030 en rapport avec le VIH/Sida sur le territoire national. L’incidence annuelle du VIH chez les adultes âgés de 15 à 64 ans est de 0,11%. Chez les femmes de 0,14% et 0,8% chez les hommes. La prévalence en Haïti est de 1,8 %. Marie Juliane David Julianedavid10@gmail.com
- Les droits humains au centre des débats à l’ODELPA
" Tous les êtres humains naissent libres et demeurent égaux en droit et en dignité ". Article premier de la déclaration universelle des droits de l'homme. À l'Organisation de développement et de lutte contre la Pauvreté (ODELPA), le jeudi 24 août 2023, devant une trentaine de participants, le défenseur des droits humains, Sadrack Râteau, a déclaré : " Les droits Humains sont des droits que nous avons tout simplement car nous existons en tant qu'êtres humains. Ils ne sont conférés par aucun État. Ces droits sont universels et inhérents à nous tous. Ils sont fondés sur l'idée que toutes personnes sont égales en droit et doivent être traitées avec dignité et respect, quels que soient leur race, leur sexe, leur genre, leur âge, leur religion, leur orientation sexuelle ou toute autre caractéristique ". À la deuxième session de sensibilisation sur la violence basée sur le genre et ses corollaires, Sadrack Râteau a mis en relief les communautés vulnérables de Cité Soleil. Cette commune située au nord de Port-au-Prince illustre les informations qu'il a puisées dans plusieurs documents relatifs aux droits humains. Les caractéristiques des droits humains Pour cet activiste, " On ne saurait parler de droits humains sans le respect de ces valeurs et principes fondamentaux ". Aussi a-t-il noté que les différents principes qui caractérisent les droits de la personne humaine sont : " Universalité et inaliénabilité - indivisibilité - interdépendance et interaction - égalité et non-discrimination - participation et inclusion-responsabilité et primauté du droit de précision ". En ce sens, a-t-il reconnu, ces principes découlent des valeurs communes comme la dignité, la liberté, l'égalité, la solidarité, la sécurité et la justice. Au regard de ces principes et valeurs, l'orientation sexuelle de quelqu'un ne fait pas entorse à la loi, souligne ce pair éducateur. Dans un tel élan, il a invité les bénéficiaires de ces assises à cultiver la tolérance, le respect et la dignité envers toute personne. Par ailleurs, il a présenté les droits humains comme des droits inaliénables n'ayant rien à voir avec les notions de race, de nationalité, de classe, de niveau intellectuel, d'appartenance sociale, religieuse, d'orientation sexuelle. Pour lui, les droits humains nous mettent sur pied d'égalité et sans discrimination devant la loi. Il a clairement fait comprendre aux jeunes que l'État a l'impérieuse obligation de garantir et de veiller au respect de l'ensemble de ces droits, sans oublier les dispositions de l'article 19 de la Constitution haïtienne amendée de 1987. Interventions des bénéficiaires au regard des droits humains Les participants n'ont pas caché leur satisfaction eu égard à ces données jugées utiles pour leur développement personnel et celui de leurs communautés. On notera qu'une bonne animation a régné dans la salle, particulièrement au moment de l'intervention consacrée aux droits de la femme et des populations clés. Des questions, des commentaires et des suggestions sont venues de part et d'autre où chaque participant a voulu placer son petit mot. Des témoignages personnels ont fusé de toute part sur des questions ayant rapport aux droits humains. " La femme est un dérivé de l'homme. Cette dernière a été créée à partir de nous ", a lancé un jeune homme sur un ton amusant. La réaction ne s'est pas fait attendre. " Si elle est un dérivé mais sa présence est marquante, elle est la pièce principale du puzzle ", a réagi une autre participante. Les filles ont plaidé en faveur de l'égalité des sexes et pour le respect de leur droit. Elles ont défendu du bec et des ongles leur point de vue. Robenson Saint-Vil, de son côté, a avancé : " J'avais un profond respect pour les femmes mais avec la présentation de M. Râteau, j'ai trouvé que c'est un impératif de les respecter davantage. J'ai aussi compris que je dois respecter les gens ayant une orientation sexuelle différente de la mienne ". Ce participant a jugé qu'il est important que d'autres jeunes des communautés vulnérables puissent bénéficier de ces ateliers. « Cette formation a un grand impact sur ma personne. Elle m'a permis d'avoir une meilleure compréhension des droits humains. Elle va me permettre d'éviter de discriminer les gens, surtout ceux qui vivent avec le VIH. Autrefois, j'avais peur de ces gens mais avec ODELPA, j'ai appris les modes de transmission de ce virus. Je sais dorénavant que ces gens ont des droits comme tout être humain ", a témoigné Benda Louis. Sous le regard bienveillant du père éducateur, Sadrack Râteau, chaque intervention des participants à cette session de sensibilisation sur la violence basée sur le genre et ses corollaires, a fait avancer le débat à l'ODELPA. Esperancia Jean Noel esperanciajeannoel@gmail.com
- Les Droits humains au cœur des débats sur la violence basée sur le genre à Cité Soleil
La Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) est l’un des héritages parmi les plus significatifs de l’histoire de l’humanité qui a donné toute l’ampleur à la Révolution française. L’article I de cette déclaration stipule : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne... Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Aujourd’hui c’est avec peine que nous assistons, à un niveau très élevé, la violence exercée particulièrement sur certains groupes en raison de leur sexe dans la commune de Cité Soleil. Cette forme de violence basée sur le genre subie par des êtres humains ne peut laisser insensibles les acteurs humanitaires promoteurs des droits humains. Les conflits armés dans cette commune de la région métropolitaine ont augmenté considérablement le nombre de victimes de viols et d’agression sexuelle au point que la situation est devenue inquiétante. L’Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA), supportée par le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), réalise un ensemble d’activités dans ce grand bidonville afin de sensibiliser auteurs et victimes sur cette forme de violence dont les conséquences deviennent désastreuses détruisant des vies et des cœurs. Notre Newsletter du mois de septembre 2023 donne la parole à une jeune femme dont la vie a été meurtrie par cette forme de violence à Cite Soleil ; ATTITUDE donne aussi la voix à une militante de droits humains travaillant pour l’élimination de la violence dans ce grand bidonville. Ce sera aussi l’occasion de découvrir le travail de formation réalisé par l’ODELPA pour 60 jeunes de Cité Soleil dans la lutte contre la VBG et dont les efforts ont été couronnés par une magnifique cérémonie de Collation de certificats. Bonne Lecture !