À Cité-Soleil, les violences basées sur le genre (VBG) sont légions depuis quelques temps. Selon les cas rapportés, plus d'une cinquantaine de cas de viols sont enregistrés pendant la période allant de juillet à décembre 2022, selon un rapport publié par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (UNOHCR). Dans cette commune d'Haïti, située en périphérie de Port-au-Prince, où les affrontements entre des gangs rivaux sont monnaies courantes, les violences sexuelles deviennent une arme de punition, de domination et d'exploitation des femmes et des filles vivant dans la région. Notons au passage que les rapports sexuels non-protégés constituent une source de contamination directe par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du Sida.
Cette montée accrue des violences sexuelles à Cité-Soleil, selon Wegbert Chéry, le conseiller Égalité et droits pour tous de l'ONUSIDA, fragilise les efforts de lutte pour l'éradication du VIH/Sida en Haïti d'ici 2030. On risque d'avoir une flambée de nouveaux cas d'infections au VIH dans la région. Avec l'interdiction de circuler qu'opposent souvent certains groupes de gangs, les personnes vivant déjà avec le VIH/sida (PVVIH) à Cité-Soleil se voient priver de médicaments (antirétroviraux). D'où possible passage de statut charge virale indétectable à détectable. En outre, à cause des guerres entre les groupes armés, la prise en charge des nouveaux cas d'infection au VIH devient fort difficile. Les femmes et les filles ayant subi des violences sexuelles n'ont pas recours aux soins de santé en première intention. L'heure est à l'urgence.
Une campagne de sensibilisation sur les VBG
Face à ce constat alarmant, l'Organisation de lutte et de développement contre la pauvreté (ODELPA) a entrepris une campagne de sensibilisation, d'éducation, d'appui psychologique et de renforcement économique des habitants vivant dans la zone de Cité-Soleil.
Cette campagne financée par l'ONUSIDA vise à former une soixantaine de jeunes filles, femmes et hommes issus de Cité Soleil sur le VIH/Sida, la santé reproductive, les droits humains et les VBG, a informé la directrice de l'ODEPA, Mme Sœurette Policar Montjoie. Ainsi, vise-t-elle à sensibiliser le public en général sur les conséquences des VBG sur la société et sur les femmes et les filles en particulier.
L'ONUSIDA, souligne Mr Wegbert Chéry, n'implémente pas directement des projets, mais travaille de concert avec des organismes de la Société civile dont l'ODELPA en leur aidant à trouver les financements nécessaires pour la réalisation de toute activité ou action contribuant à réduire l'incidence et la prévalence du VIH/Sida à l'échelle nationale. " Cette campagne initiée par l'ODELPA depuis le mois d'août de cette année en est un exemple. Son financement découle d'un fonds catalytique mobilisée par l'ONUSIDA auprès de la Banque mondiale et PEPFAR ", nous apprend-t-il.
Les violences basées sur le genre constituent une véritable entrave à l'atteinte des Objectifs globaux 2030 en rapport avec le VIH/Sida sur le territoire national. L’incidence annuelle du VIH chez les adultes âgés de 15 à 64 ans est de 0,11%. Chez les femmes de 0,14% et 0,8% chez les hommes. La prévalence en Haïti est de 1,8 %.
Marie Juliane David
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