Malia Jean est une de ces fières filles de la commune de Ganthier, dans le département de l’Ouest. Pleine de vie, elle arbore toujours un large sourire sur son visage. D’un courage remarquable, cette quinquagénaire est connue pour son implication dans la lutte visant à accompagner les personnes vivant avec le VIH/Sida, notamment les femmes, souvent victimes de stigmatisation et de discrimination.
Suite au décès de son premier mari, Malia était l’objet de nombreux soucis de santé. Elle s'est rendue aux centres du Groupe Haïtien d’Étude du Sarcome de Kaposi et des Infections Opportunistes (GHESKIO), au Bicentenaire, pour faire un test de dépistage de VIH/SIDA. Et c'est là qu'elle a su qu’elle était infectée par le VIH. « Vu que mon premier mari est mort à la suite de complications liées à cette pathologie, je me suis préparée préalablement à n’importe quel résultat, confie la fondatrice de l’Association des femmes infectées et affectées par le VIH (AFIAVIH). Lorsqu'on m'avait informé de mon statut séropositif, je me suis promise de ne pas laisser la maladie m’abattre. Je me devais de me battre et de vivre », dit-elle, laissant transparaître toute sa fierté.
Supportée par ces proches…
Au cours des dernières années, énormément d’efforts et de progrès ont été enregistrés dans la riposte au VIH/sida à travers le monde et en Haïti. Mais il y a encore des défis à relever notamment la discrimination et la stigmatisation. Ces défis, en effet, constituent deux des fardeaux non négligeables pour les PVVIH. On n’arrive plus à compter celles qui en sont victimes.
Avec un moral d'acier, Mme Malia Jean avoue n’avoir jamais été de ce lot. « Je n'ai jamais été l'objet de stigmatisation », affirme-t-elle. Je ne sais pas si on le fait à mon insu. En plus, je me place toujours à un niveau supérieur par rapport à ceux et celles qui pourraient éventuellement me stigmatiser. Du coup, je ne suis jamais atteinte ».
Ajouté à tout cela, Malia a pu compter sur le support inconditionnel de ses proches. Ce qui vaut son pesant d’or, dans un contexte fortement marqué par la stigmatisation et la discrimination vis-à-vis des PVVIH. « Ma famille m'achetait les ARV vu qu'à cette époque, ces médicaments étaient rares », s’est-elle souvenue, les yeux pleins de gratitudes.
Déterminée à mieux embrasser la cause des Personnes affectées et infectées, en Juillet 2007, l'auxiliaire infirmière a fondé, l’Association haïtienne des femmes infectées et affectés par le VIH (AFIAVIH). Avec le support de l’organisation Promoteur Objectif Zéro sida (POZ), cette association à encrage communautaire intervient, notamment au niveau de la zone métropolitaine, dans le dépistage et le traitement du VIH, l’appui psycho-social, la formation et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes femmes PVVIH. Association à but non lucratif, les bénéficiaires de l’AFIAVIH, à l’échelle du pays, se comptent par millier.
L'AFFIAVIH continue d’œuvrer grâce au soutien de partenaires locaux et internationaux. Toutefois, il persiste encore énormément de besoins non couverts. « J’ai une liste de plusieurs personnes qui sollicitent de l'aide, entre autres, pour le loyer, l'éducation, l'alimentation. On fait de notre mieux, même si on est dans l'impossibilité de satisfaire tout le monde », regrette Mme Jean.
Vivant avec le VIH depuis de nombreuses années, Malia Jean n’a jamais lâché prise. Elle prend régulièrement ses médicaments antirétroviraux. Et aujourd’hui elle a une charge virale indétectable.
Figure incontournable de la lutte contre le VIH au cours des 30 dernières années dans le pays, Malia est, sans fausse modestie, un modèle à suivre.
Esperancia Jean Noël
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