
La violence basée sur le genre est en nette expansion en Haïti selon les chiffres révélés par le Ministère de la Condition Féminine et les Droits de la Femme et ses partenaires. Entre janvier et mars 2024, sur un échantillon de 1793 cas de violences analysés, dans six départements géographiques du pays, 80% de femmes et 14% de jeunes filles ont été les principales victimes de cette forme de violence. Ce qui explique l'augmentation considérable des cas de viol et la justification de la vulnérabilité de la femme au sein de la société alimentée également par la situation sécuritaire dégradante que connait le pays depuis ces cinq (5) dernières années.
Dans le but de combattre les VBG, le paludisme et la malaria, l'Observatoire Communautaire des Services VIH (OCSEVIH) a réalisé un atelier de formation au profit de 14 coordonnateurs et de 28 moniteurs de zone. Ces séances se sont déroulées du 11 au 14 juin 2024, au local de l'Organisation de Développent et de lutte contre la Pauvreté
(ODELPA) à Delmas. Au cours de ces quatre journées, les membres de cette nouvelle équipe de terrain ont été outillés sur ces pathologies endémiques dans le pays, les droits humains, les présentations des techniques de plaidoyer, les bonnes pratiques du CLM, entre autres.

Au cours de l'entrainement sur les outils papier, la deputy director de Housing Works, madame Leinadine Lucien Maurice a mis l'accent sur les différentes formes de violences, notamment le harcèlement sexuel. Elle a fait savoir qu'" en Haïti, les jeunes filles ont souvent tendance à fuir les groupes d'hommes réunis dans un endroit spécifique. Les commentaires lancés à leurs égards sont dérangeants ". Dans cette session de formation, elle a attiré l'attention sur la dure réalité que représente la violence sexiste à laquelle les jeunes filles et les femmes sont confrontées.
Un aveu inattendu

Comme pour donner raison à l'animatrice de la formation, Myriame, une femme dans la trentaine raconte son périple au quotidien. Elle est victime de violence conjugale. " J'avais un compagnon qui contrôlait toutes mes dépenses, même mes rémunérations mensuelles. Dès que je rentrais avec mon chèque de travail, il s'en accaparait ", a-t-elle commencé. Tous les yeux se sont tournés vers elle.
" Par amour pour sa personne, je ne comprenais même pas que j'étais victime de violences. Plus le temps passait, plus forte était son emprise. Un jour, en discutant avec certaines amies de ma situation conjugale, surprises de mon train de vie, ces dernières m'ont conseillé d'ouvrir un compte bancaire. Et c'est là qu'a commencé mon calvaire ", a-t-elle raconté.
À haute voix, Myriame raconte : " Mon conjoint estimait que c'était un manque de respect à son égard. Il était vraiment mécontent et furieux. C'est en approchant les organisations de femmes que j'ai compris la gravité de ma situation. “
Réactions des participants

Suite aux regards sympathiques de certains membres de l'assistance et des propos d'indignation prononcés, Mme MAURICE a eu une prompte réaction : " Je vous conseille de rester impartial lors des visites de terrain. Quand vous aurez à questionner les patients, assurez-vous de maitriser vos réactions (gestes, regards et paroles). Parce que cela peut faire du mal à la victime, sans vous rendre compte. "
Les moniteurs et coordonnateurs qui ont pris part à cette formation croient qu'une attention soutenue devrait être portée sur la qualité de formation liée à ces thématiques sensibles. À l'issu de cette session de formation ces derniers ont été déployés dans les dix départements du pays afin de monitorer les centres de prise en charge des patients tuberculeux et paludiques ainsi que les victimes de VBG.
Marc-Kerley Fontal
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