Le jeudi 24 octobre 2024, la Fondation SEROvie, a soufflé ses 25 bougies. « Santé mentale, diversité et Résilience », trois mots résumant la mission cette organisation au sein de la communauté haïtienne. De sa création à date, elle œuvre pour le bien-être de la population, loin des stéréotypes liés à l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le statut sérologique et autres. Pour marquer ce quart de siècle, la Fondation SEROvie a organisé une journée de vulgarisation scientifique et programmatique. Cette activité s’est déroulée à l’hôtel Montana, en présence de plusieurs dizaines d’invités issus de différents secteurs de la vie nationale.
« Violences basées sur le genre, santé mentale et soutient psychologique, troubles psychiatriques chez les PVVIH, prise en compte des drogues dans la prévention et la prise en charge en charge des IST, pour ne citer que ceux-là », sont autant de sujets qui ont été à l’ordre du jour par moyen de divers panels.
Par rapport à la flambée de l’insécurité ces dernières années, la Fondation SEROVIE accorde une attention soutenue aux victimes de la violence basée sur le genre (VBG). Elle utilise une approche multidimensionnelle, individualisée et reconstructive afin d’obtenir de meilleurs résultats.
Intervenant au deuxième panel, Valentina Jean-Noël, conseillère à la Fondation SEROVIE a fait le point autour de l’accompagnement offert par l’institution aux différentes victimes de VGB. « Au niveau international, plus d’une femme sur 3 sont touchées par la violence sexuelle et/ou physique. Ce qui équivaut en total à 736 millions de femmes dans le monde, avec la nature de l’agresseur confondue entre le partenaire intime ou une tierce personne en dehors du couple. 30% de ces femmes victimes de violence sont situées entre 15ans et plus », a-t-elle expliqué en présentant les statistiques liés à ce fléau.
Et de poursuivre : « Au niveau national, les chiffres reflètent pareillement le contexte mondial. 29% de femmes qui sont en âge de procréer ont subi des violences physiques et dans 45% des cas de la part de leur partenaire intime, 34% de femmes en couple sont survivantes de violences conjugales, et dans 37% des cas, ces violences génèrent de blessures graves. 12% des femmes haïtiennes ont déjà subi des violences sexuelles, dont environ un quart sont des filles âgées de 15-17 ans ».
Comment est ce que la Fondation SEROvie intervient-elle dans la prise en charge des survivants.es de VBG ?
Cernée de regards, Micro en mains, d’une voix assez précise et concise, la licenciée en service social, a pris le soin de présenter à l’assistance la procédure adoptée par la SEROvie pour venir en aide aux survivants des VBG. Selon madame Jean Noël, cet accompagnement repose sur l’appui de travailleurs sociaux qui font l’histoire sociale de la survivante tout en déterminant ses besoins spécifiques. « En raison de l’engagement que la Fondation SEROvie porte à la santé et aux Droits Humains, la VBG a pu trouver sa place dans les services de soin que nous offrons. En effet, à travers nos différents sites qui sont étendus sur 8 départements, pour les cas de violence sexuelle et de violence physique, les services cliniques répondent par : l’examen clinique complet ; Le test de dépistage ; La PEP ; En cas de blessure et lésions externes, des soins physiques », a confié madame Jean Noël.
« Au niveau de notre réseau, La Fondation dispose de service psychologique dans chacun de nos sites qui apporte un soutien palliatif à la santé mentale des survivantes de VBG » a-t-elle poursuivi.
Qu’en est-il des besoins spécifiques ?
Depuis ces trois dernières années, cet organisme tente de répondre aux besoins spécifiques des patients. D’une part, certaines victimes ont pu bénéficier d’une assistance au logement. En effet, mise à part des cliniques, la Fondation compte 5 maisons de transit réparties dans 5 régions dans le pays. Celle de Port-au-Prince « KAY KOLIBRI » est en service depuis janvier 2024 à date. Avec la collaboration de l’Organisation internationale de Migration (OIM), 60% des survivants ont pu être relocaliser. Cette démarche vise à éviter à la personne d’être encore sous les intimidations et menaces de son agresseur.
D’autre part, une assistance légale : La Fondation SEROvie avec l’appui de la Police Nationale d’Haïti (PNH) comme institution étatique, supporte les survivantes sur le plan judiciaire. Cette démarche vise à encourager un service inclusif, desservant également les populations-clés.
« En dernier point, on se penche sur l’autonomisation des femmes victimes de VBG. L’inégalité existante entre les sexes et la dépendance financière peuvent être considérer comme des facteurs liés à la VBG. A travers un programme offert par OIM, les survivantes, qui professent au niveau du secteur informel, ont pu avoir un support financier pour démarrer ou renforcer une activité génératrice de revenu. Pour les autres besoins spécifiques, on utilise un système de référencement », a dicté la conseillère.
Dans l’objectif d’accompagner plus de victimes, la Fondation SEROvie souhaite agrandir sa capacité d’accueil dans les maisons de transit, renforcer la capacité des survivantes sur le plan éducatif, professionnel et économique. En ce sens, elle espère avoir de nouveau financement pour renflouer le budget alloué aux centres d’hébergement.
Esperancia JEAN NOEL
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